C’est d’une voix veule et atone que Edouardo Dos Santos, le combattant formé et soutenu par les communistes, a annoncé son départ définitif de toutes les instances du MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Angola). Chose curieuse, il fait mea culpa de ses erreurs et les assume au congrès du parti qu’il a créé et mené à la victoire contre le colon portugais.
Il est inédit et rare en Afrique qu’un leader des années de lutte pour la libération nationale emprunte le chemin qu’a choisi le président angolais, surtout qu’ayant associé sa famille à la gestion des affaires et biens du pays, de façon à faire crier et jaser les Angolais.
Le décrochage de la présidence une année avant de lâcher la tête du parti font faire des supputations, vu les bouleversements observés en Afrique du sud et au Zimbabwe.
Certains se demandent alors si Dos Santo a abdiqué en vue de protéger ses arrières dans une entente tacite avec la direction du parti, quitte à rendre une grande partie des biens amassés de façon peu orthodoxe par les siens, ou s’il a choisi en toute liberté de partir définitivement, contrairement à Mugabe et à Jacob Zuma, dont les proches sont mêlés à toutes les sales affaires, et qui ont résisté tant que faire se pouvait, cette question se pose. Une faute reconnue n’est-elle pas à moitié pardonnée ?
Tout compte fait et quoi qu’il en soit, même si Dos Santos et les siens ont décidé de rendre une partie, ou la totalité des biens frauduleusement amassés pendant toutes les années, où le pétrole était la première exportation du pays, ce qui ne parait pas trop évident, il ne reste pas moins le délit de la soustraction frauduleuse pour les inquiéter suffisamment. Mais au nom de la réconciliation nationale et des souvenirs impérissables de la lutte de libération, l’on pourrait tout balayer d’un revers de la main…
Ce qui va se passer en Angola sera une première, qui va instruire les dirigeants qui sont dans la même situation et qui cherchent à faire la fuite en avant. Dos Santos a-t-il raison de choisir cette voie ou va-t-il le regretter ? Si tout ne se passe pas comme prévu, si Dos Santos et sa famille sont inquiétés, le continent peut faire une croix sur les transitions politiques à la douce.
Yahya Jammeh est en train de ruminer ses regrets et ses remords, mais un bruit inaudible lui fait renaître les espoirs, puisqu’on dit que 420 millions de dollars tombés des nues se sont retrouvés dans un compte d’une dame de la Première importance en Gambie, et cela, à peine un an après l’élection de Adama Barrow.