Si le CNRD n’est pour rien dans les crises qui secouent plusieurs fédérations sportives du pays, son arrivée à la tête du pays n’a cependant pas permis de les désamorcer pour le moment. Au contraire, ces crises s’enlisent en s’empirant. Football, basketball, handball, boxe… Les sports populaires du pays souffrent de guerres intestines. Entre la peur d’être accusé d’immixtion dans les affaires sportives et le manque de bonnes stratégies ou d’initiatives, le ministère des Sports semble incapable de répondre aux attentes en trouvant des solutions à idoines à ces différends. D’ailleurs, en matière sportive, la préoccupation de la junte semble être ailleurs : relever l’insurmontable défi d’organiser la CAN en 2025.
En foot, la normalisation pourrait prendre plus de temps que prévu
Mis en place en novembre 2021 pour un mandat qui aurait dû prendre fin en juin 2022, le Comité de normalisation (CONOR) du football guinéen a vu son mandat prorogé jusqu’en avril 2023. La décision de la FIFA est mal passée chez certains membres statutaires, mais ils ont fini par avaler la pilule. Mais, c’est la décision du CONOR en août 2022 de révoquer le bureau exécutif de la Ligue Guinéenne de Football Professionnel, qui tend à installer une nouvelle crise dont on est loin d’imaginer l’issue. Alors que la majorité des clubs reste encore fidèle à l’ancien bureau dirigé par Mathurin Bangoura, le nouveau président de la commission provisoire Lucien Guilao dit être prêt à organiser le championnat même avec cinq clubs…
-Sur la fédération, le ministère des Sports n’est pas encore intervenu. Sa préoccupation est sans doute portée sur l’organisation de l’édition 2025 de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Un projet fou pour un pays qui n’a presque rien comme infrastructures de base. Déterminé à relever ce défi, le Président Mamadi Doumbouya a fait récemment de l’organisation de la CAN une priorité nationale. Il reste à savoir si la CAF est convaincue par l’engagement des autorités de la transition d’autant plus qu’on est à environ trois ans de la compétition.
En attendant la réponse de la CAF, le gouvernement de la transition, à travers son ministre des Sports, avait reconnu que le football est très budgétivore en Guinée. Alors qu’il ne produit pas de résultat à l’image de la prestation catastrophique du Syli à la dernière Coupe d’Afrique des Nations (CAN). L’équipe nationale de football avait été éliminée par la Gambie aux huitièmes de finale. Toute une désillusion…
En basket, le vrai faux bicéphalisme
En un an, le ministre des Sports n’est pas parvenu à trancher sur une des crises les plus incompréhensibles du sport guinéen. Incapable de régler le conflit, le ministre a préféré renvoyer les deux camps à trouver, eux-mêmes, une solution. Pendant ce temps, c’est le bureau exécutif dirigé par Sakoba Kéita, reconnu par la FIBA, qui participe aux compétitions internationales. Le ministre Lansana Béa Diallo, lui-même, se rend à des évènements organisés par l’équipe de Sakoba Keita. Comme en témoigne sa présence au camp de basketball de la FIBA, organisé en février dernier par la FIBA à Conakry.
Comme le basketball, d’autres fédérations comme celle de la boxe sont en crise. Le 17 mars, lors d’une rencontre avec les 36 fédérations sportives, le ministre Béa Diallo a appelé celles en crise à lui faire des propositions de solution.
En handball, la crise se transporte au tribunal
Avec celle du basketball, la Fédération Guinéenne de Handball est l’une des Fédérations les plus dynamiques en Guinée. Jusqu’ici, les résultats étaient considérés comme le fruit d’un bon management couplé à l’union ‘’sacrée’’ des acteurs. Mais ces derniers mois ont révélé que la FGHB n’est pas exempt de ces crises de leadership. En tout cas, tout allait bien jusqu’à ce que Karamoko Kaba, président du collectif des handballeurs, charge le président de la Fédération Mamadouba Paye Camara d’avoir perçu 79 milliards de francs guinéens de l’Etat guinéen. Accusé, Paye a mis ses détracteurs au défi de prouver leur accusation. Il compte désormais sur la justice pour que son honneur écorché soit rétabli.
Quatre nouvelles fédérations sportives
Sous le CNRD, quatre nouvelles fédérations sportives ont été créées. A la faveur de la rencontre avec les fédérations sportives, le 17 mars dernier, celles-ci ont reçu leurs arrêtés de création. Il s’agit de la Fédération guinéenne de pelote basque ; la Fédération guinéenne de Muay-thaï ; la Fédération guinéenne de randonnée pédestre et du bien-être pour tous et la Fédération guinéenne de Sambo.
Le ministère des Sports et de la Jeunesse, un département endetté
En mars dernier, le ministre révélait que l’un des principaux problèmes auxquels sont département était confronté, est bel et bien son endettement. Pour sortir de cette situation, le ministre estime qu’il faille revoir le mode de fonctionnement non seulement du ministère, mais aussi des fédérations sportives.
« Tout est urgence. Toutes les demandes qui arrivent à mon ministère sont des urgences. Et qui dit urgence, dit d’aller très vite, de trouver les moyens tout de suite. Or, le mode de décaissement au niveau du gouvernement est beaucoup plus compliqué – son ministère est sous tutelle du Premier ministre. Cela fait qu’on accumule de dettes [qui ne sont pas remboursées] auxquelles viennent s’ajouter [les besoins de financement] d’autres compétitions. On est obligé d’emprunter, d’emprunter… A la fin, je suis obligé de refuser (les demandes de) certaines fédérations », se plaignait le ministre qui avait insisté sur la préparation en avance des compétitions. « Vous connaissez 80% ou 90% de vos programmes… Cela veut dire que si mon département est au courant des programmes deux mois avant, il pourra anticiper les choses et cela lui permettra de préparer son budget de fonctionnement », avait-il recommandé…