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Alerte accident ! oui, attendez, je filme d’abord… l’annonce suivra 

Au sujet de l’accident mortel survenu jeudi, peu après le pont KK à Coyah, le lieutenant-colonel Michel Koly Sovogui, commandant du groupement spécial gendarmerie routière de Conakry nous a dit avoir été surpris et même choqué par ce qu’il a vu, à son arrivée sur les lieux du drame. Une foule nombreuse était massée là, surtout des jeunes. Mais, il a vite constaté que la plupart d’entre eux étaient seulement occupés à fixer des images avec leurs portables. Pendant ce temps, le minibus était encore dans sa position accidentelle à une cinquantaine de mètres de la route, dans le ravin. Le porte-bagages était arraché, des colis et objets divers des passagers étaient éparpillés dans la broussaille. Les victimes (morts et blessés) restaient à remonter.

Pour le lieutenant-colonel, il était inconvenant que, dans cette situation confuse et désordonnée, des gens se mettent à filmer n’importe quoi et n’importe comment. Il les a aussitôt fait dégager des lieux.  Pour le respect des victimes. Pour la préservation de leur intimité et de leur dignité !

Du reste, dira-t-il, la foule sur un lieu d’accident n’est pas toujours à souhaiter. Elle envahit et encombre la zone de l’accident, perturbe les opérations de sécurisation des lieux et parfois même déplace ou fait disparaître sans le vouloir, des indices essentiels à l’enquête pour déterminer les causes de l’accident.

Lorsque survient un accident, le code de la route prescrit trois choses à faire que l’on désigne sous l’acronyme P A S. (P pour protéger ; A pour alerter et S pour secourir.)

C’est un module de formation, enseigné dans les auto-écoles. Il est utile, voire même essentiel, d’en tenir compte chaque fois que l’on est appelé à intervenir dans un cas d’accident.

En attendant d’y revenir plus amplement, le lieutenant-colonel Michel Koly Sovogui dira que, pour des raisons d’ordre moral, il est mieux que l’on s’abstienne de venir sur les lieux d’un accident si c’est seulement pour faire des photos, n’importe comment et pour n’importe quel usage. Selon lui, la presse et les services de sécurité peuvent bien suffire à couvrir ce besoin, pour l’information du public et la gestion du dossier.

Il n’est pas convenable de surfer sur le malheur des autres, conclura-t-il.

Hélas, c’est bien un tel comportement que l’on observe aujourd’hui, chez bon nombre de nos concitoyens, face à n’importe quel événement de la vie. Il leur faut avant tout, fixer le fait survenu, par la photo et tous les autres dérivés que la téléphonie mobile est capable de nous offrir. Rien n’est épargné par ces fouineurs qui lorgnent et épient tout ce qui bouge ou se produit autour d’eux. Que ce soit une situation heureuse ou malheureuse, un sujet qui a trait à l’intimité ou au domaine public. Tout y passe. Il n’y a rien, rien de rien qui échappe au flair aiguisé et à l’appétit vorace de ces paparazzi, nouveau format.

Les téléphones portables, toutes marques et qualités confondues, ont généré un nouveau mode de gestion de l’événementiel qui fait que rien, ou presque, n’est plus secret et tout est partagé.  Cela se vérifie partout, à travers le pays, jusque dans les plus petits villages et c’est même à la portée des citoyens illettrés ou pauvres.

Le métier de reporter photographe est aujourd’hui largement concurrencé, pour ne pas dire menacé, même si la touche experte du professionnel fera toujours la différence, il est vrai.

Aujourd’hui, chacun se travestit en reporter, porteur de scoop à expédier au plus vite, pour être le premier à divulguer une information, sans aucun filtre. Ce que les professionnels des médias se gardent bien de faire, eux, pour des raisons d’éthique et de déontologie que le métier leur apprend.

C’est connu, la liberté d’expression ne permet pas de tout faire, tout montrer et tout dire. En toute chose, des limites existent qu’il faut respecter.

Pour le cas des accidents de la circulation par exemple, que dire des gens qui viennent filmer les blessés dans leur détresse (état de choc, pleurs, cris, angoisse, panique), les morts dans leur état ou position.

Ressaisissons-nous, pendant qu’il est encore temps et n’oublions surtout pas que l’accident n’arrive pas qu’aux autres. A nous de dire si nous apprécierons que l’on nous fasse la même chose que ce que nous faisons subir aujourd’hui aux autres.

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