Comme si l’histoire bégayait, le discours de Emmanuel Macron à la tribune des Nations Unies ce mardi 26 septembre rappelle celui de Sékou Touré devant le général De Gaulle le 25 août 1958. Par abstraction et par approximation, on mettrait Sékou dans la tranche d’âge de Macron et Trump est dans la tranche d’âge que De Gaulle. Si celui-ci n’avait pas pris connaissance du discours de Sékou, celui-là avait dû parcourir celui de Macron. La preuve, il n’était pas là, quand son jeune interlocuteur gesticulait et transpirait (un peu moins que l’autre). Son discours, il faut le reconnaître, était mûr et plein d’objurgations et de mises en garde contre l’unilatéralisme, les discours nationalistes qui ont encensé et mis le feu aux poudres pour la deuxième guerre mondiale, qui a présidé à la création de l’ONU, en 1945, pour que plus jamais ça ne se reproduise.
Pour étayer sa diatribe, Macron dit que son pays aussi a commis des erreurs, qu’il s’emploierait à ce que cela ne se reproduise plus, c’est pour cela qu’il s’engage devant eux, qu’il compte sur eux.
Une salve d’applaudissements suivi ce discours de rassemblement, de paix et de mises en garde. Seulement, ce discours ressemble à un prêche dans le désert, puisque ceux qui étaient présents ne peuvent rien changer à la marche actuelle du monde. Trump, Poutine, Xi Jinping étaient à « l’école buissonnière », peut-être pour ne pas tirer sur Trump et jeter davantage de l’huile sur le feu.
Qui des membres du Conseil de Sécurité pourrait parler de l’ONU sans condamner la politique unilatéraliste de Trump ? Dans ce combat des géants, les Africains n’aborderont certainement pas les sujets essentiels de cette Assemblée Générale de l’ONU, 73ans après sa création, un an de plus que l’Oncle Picsou.
Même si Sékou Touré n’avait dit regretter son discours enflammé à l’adresse De Gaulle, même si Emmanuel Macron ne semblait pas se rendre compte de la portée de son discours allumé adressé indirectement à Donald Trump, le premier a eu des remords, tandis que le second dit que son discours ne s’adressait pas particulièrement à un pays, à un homme. La fougue de la jeunesse peut faire dire des choses que l’on ne pense pas, c’est vrai. Il ne reste pas moins que Trump a dû bondir devant sa TV.
Parler du commerce et de l’OMC, parler du retrait unilatéral de tous les accords : climat, commerce, nucléaire, de l’UNESCO et des autres organisations de l’ONU, en un mot, fustiger l’unilatéralisme pour le multilatéralisme, c’est toucher La Palice?
En tout cas, certains trouvent que c’est un discours courageux et hautement responsable. Reste à savoir si le défilé militaire de Novembre pour commémorer la première guerre mondiale verra Trump en France, lui qui a rechigné sur les dépenses, plus de 900 millions, au lieu de plus de 300 millions de dollars, un autre sujet rebutant…