«…Si vous savez ce qui se passe à l’intérieur (ce que font les juges à l’intérieur du pays, Ndlr), vous n’allez pas parler de la justice… Pas plus tard qu’hier, un juge a demandé cinq millions à un citoyen, à défaut il risquait deux ans de prison… Je dénonce ce comportement des juges à l’intérieur du pays…» C’est ainsi que Amadou Damaro Camara, député à l’Assemblée Nationale, président du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle, s’en est pris à la justice ce 3 avril sur les antennes de la Radio Espace Fm. Damaro n’a pas été tendre avec le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Me Cheick Sako.
Accusé de s’être immiscé dans une affaire judiciaire à Banakoro, le député Damaro est sorti de sa réserve pour dire sa part de vérité. Interrogé sur la libération forcée de « Sotikemo » de Banakoro, Amadou Damaro Camara nie en bloc cette accusation. Toutefois il soutient s’être opposé à la procédure judiciaire ayant conduit le patriarche de Banakoro en prison. «Je suis contre la procédure. Tantôt on parle d’une affaire de 3 carats, tantôt d’acte de vandalisme. Quand j’ai été à Banakoro, les plaignants sont venus me voir pour me dire qu’ils se sont désistés et qu’ils retirer leur plainte. Je leur ai demandé d’aller voir le procureur. Une fois de retour à Conakry, j’ai été surpris d’apprendre qu’il a été arrêté pour avoir participé à la destruction des installations de la société Guiter-Mining. J’ai dit dans ce cas il n’est pas seul ! Pourquoi l’arrêter? Où sont les autres? C’est ainsi que j’ai exigé de revoir la procédure. Et puis dans cette affaire, il y avait de la vengeance et du règlement de compte. Le juge d’instruction qui pense qu’il aurait été insulté… Du vol de 3carats, on tombe sur l’acte de vandalisme…»
Est-il normal qu’un élu du peuple intervienne dans un dossier judiciaire ?
« Quand un citoyen se sent blâmer, il s’adresse à son député que je suis, je ne vois pas pourquoi je vais me dérober de cette sollicitation. Il faut avoir une oreille attentive pour tous les citoyens en détresse ! Je ne me suis imposé en rien. C’est la procédure qui pose problème. Le patriarche (Ndlr) a quitté Banakoro pour venir me voir ici… »
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En agissant ainsi, Damaro n’a-t-il pas fait entrave à la justice?
«…Si vous voyez ce qui se passe à l’intérieur, vous n’allez pas parler de justice… Hier, un juge a demandé 5 millions à un citoyen pour éviter deux ans de prison… C’est déplorable ! Et j’ai toujours dénoncé cela à l’hémicycle ! Ce n’est pas bien, ce qui se passe à Banankoro…Tout est bouclé. Quand on arrête un véhicule, on vous demande. Si vous répondez que vous êtes de Banankoro, on vous arrête…»
Désormais à Banankoro, la justice c’est donc Damaro ?
A cette question, le parlementaire est devenu furieux contre les confrères et s’en est pris au chef de département de la Justice et des Gardes des Sceaux. « Parlez comme vous voulez dans vos studios. Ce n’est pas moi qui ai libéré le patriarche. J’ai appris que le vieux a été arrêté à son domicile. J’ai Informé le ministre de la Justice. Après le vieux a été libéré. Ce n’est pas moi ! Et puis le ministre lui-même, lors de sa tournée à l’intérieur, il a orienté les magistrats en leur demandant d’arrêter tous ceux qui sont impliqués… »
Rappelons que courant 2018, la société Guiter-Mining a été saccagée à Banankoro par une foule en colère. Les engins, les bureaux, tous ont été calcinés. Ce fut la razzia. Après enquête, 40 personnes ont été interpelées. Parmi celles-ci, le Sotikèmo de Banankoro. Considéré comme le planificateur et l’auteur principal de cet acte de vandalisme, le patriarche fut frappé par un mandat d’arrêt avant d’être pris à Conakry. Il aurait été libéré suite à l’intervention du président du groupe parlementaire de la mouvance présidentiel, le député Amadou Damaro qui rejette cependant cette accusation.