Le ministre de l’Agriculture est intervenu ce matin sur les antennes de Fim Fm pour dire sa part de vérité sur la crise qui secoue actuellement la Société Guinéenne de Palmiers à huile et de l’Hévéa : des réformes, du mécontentement des travailleurs et des planteurs, de la fermeture des bureaux de l’antenne de Conakry, du non renouvellement des contrats à terme (CDD), du départ des travailleurs basés à Conakry à Diécké. Le ministre Mamoudou Barry a tenté d’édifier les auditeurs.
En faisant l’état des lieux, le ministre de l’Agriculture a dit en haute et intelligible voix que ça ne va pas à la SOGUIPAH. « ….Une société qui fait six mois sans payer des planteurs, pendant qu’ils passent tous leurs temps dans les plantations en train d’affronter les intempéries de la nature, un nombre pléthorique de travailleurs qu’il faut payer coûte que coûte alors que la société ne gagne pas autant d’argent…Il y a des pays qui ont les mêmes dimensions de plantations que la SOGUIPAH, mais qui ont la moitié des travailleurs de ceux que nous avons. La société prend l’argent qu’on doit donner aux planteurs pour payer les travailleurs. Des travailleurs dont elle n’a pas besoin.
Je vous apprends d’ailleurs qu’une bonne partie de ces gens se trouve à Conakry alors que la société est à Diécké. Vous avez remarqué que le Projet Coton est à Kankan avec sa direction et ses travailleurs. La SAG est à Siguiri et son siège, et son DG s’y trouvent !…Au conseil des ministres nous avons estimé qu’il n’y a pas de logique à ce que la Direction générale de SOGUIPAH reste à Conakry alors que la société est implantée à Diécké. C’est ainsi qu’il a été décidé que la direction générale et son effectif soient désormais sur le site à Diéké à part une dizaine de personnes.
Ce qui a été exécuté, il y a quelques jours…Et les travailleurs qui refusent de partir s’exposent à des sanctions. Parce qu’il est dit clairement que celui qui refuse de se rendre là où se trouve la société, ne veut pas travailler. Nous sommes qu’il faut des réformes courageuses pour résoudre tous ces problèmes qui minent aujourd’hui la société. »
Comment comprend-on les remous provoqués par la décision de transférer le siège à Diécké et celle du non renouvellement des contrats des travailleurs ?
A cette question, le ministre de l’Agriculture dira : « …C’est bien moi qui ai instruit le Directeur général de ne pas renouveler les contrats à durée déterminé. Sur décision du conseil des ministre j’ai aussi dit au directeur général de faire transférer, à part dix personnes, tout le personnel de Conakry à Diécké. Il faut aussi dire aux travailleurs de SOGUIPAH, que l’Etat veut rendre la SOGUIPAH normale. De faire de telle sorte que cette société puisse payer ses travailleurs à temps sans attendre l’Etat. Ce ne sont pas les bruits de quelques personnes qui vont nous empêcher de le faire. Nous allons faire avec la méthode. Les gens qui ont les contrats de travail, nous n’allons pas les licenciés pendant que leurs contrats sont à jour…Mais l’Etat a droit de ne renouveler un contrat CDD qui est à expiration. Les détenteurs du CDI ne sont pas concernés. Parce que les licencier nous coûtera cher. La SOGUIPAH n’a pas les moyens de le faire ».
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Le nombre exact des travailleurs de SOGUIPAH
« Quand je suis venu et que j’ai regardé sur le papier, j’ai constaté que la SOGUIPAH a 4500 employés. J’ai pris ma tête. C’était incroyable ! Rapidement nous avons dépêché une mission d’inspection sur le terrain qui à son tour est venue confirmer ce chiffre…La société n’a pas besoin de tout ce nombre ! 1700 employés auraient été embauchés en 2021pendant que la société était en pleine crise. Aujourd’hui l’effectif de la SOGUIPAH est supérieur à celui du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage qui est représenté dans toutes les préfectures et sous-préfectures du pays. En comparant cet effectif à celui des autres sociétés qui ont la même taille, vous ne vous en revenez pas. Ces sociétés sont à 2000 employés…J’ai été à la SOGUIPAH et je me suis entretenu avec les responsables. A l’usine, on a besoin de 100, 200 pour la faire tourner. Et si on a besoin de réserves, il faut 250 travailleurs. Dans les plantations, on a besoin 1500 travailleurs. Donc en tout, pour être très généreux, on a besoin de 2500 travailleurs. Au meilleur des cas, on a besoin de 300 travailleurs. Aujourd’hui, nous payons 13 milliards de francs guinéens comme salaire. Chaque mois, on doit payer ce montant comme salaires pour les travailleurs. Alors que les planteurs passent 6 mois sans être payés. Les planteurs peuvent attendre 6 mois sans avoir le prix de leurs efforts. A Kankan, les coton-agriculteurs peuvent passer 2ans sans être payés. Le coton est stocké. On n’arrive pas à acheter leur coton. Ça prend feu avec leurs cases dans les villages. Alors qu’on prend 13 milliards pour payer les travailleurs assis dans les bureaux climatisés à Kankan, à Diécké et à Conakry…Le CNRD veut la justice. Il veut protéger les vrais travailleurs et non protéger les intérêts des gens qui ne foutent rien et qui se sont fait embauchés dans les sociétés. Nous n’avons rien contre personne. Nous allons respecter les lois, nous allons faire avec méthode afin que SOGUIPAH devienne une société normale »
Est-ce donc une mauvaise gestion des dirigeants actuels ?
« …La SOGUIPAH n’est pas bien gérée ces dix dernières années. La mauvaise gestion a commencé il y a longtemps. Peut-être elle s’est accentuée ces derniers temps. Je ne peut pas dire exactement c’est qui est, mais ce que je sais cette société a des problèmes. Une entreprise qui ne peut pas payer ses principaux fournisseurs, qui ne tient pas des conseils d’administration, où il n’y aucun audit, n’est pas une entreprise bien gérée…Je ne peux pas dire grand-‘chose, mais SOGUIPAH changera. Que ce soit avec la direction actuelle ou pas, elle sera bien gérée…Les planteurs vont produire, la société achètera les produits et les transformera», conclut-il.
Michel Bemy crie au complot
Joint au téléphone après le passage du ministre sur les antennes de FIM Fm, le Directeur général de la SOGUIPAH pense que les remous et autres agitations qui ont lieu en ce moment au niveau de la société, c’est une campagne de dénigrement préparée et orchestrée contre sa personne. « Cette campagne de dénigrement est préparée et soutenue par l’ex directrice générale et l’ex ministre de l’Agriculture. A son départ de la SOGUIPAH, elle a commencé à me combattre par ce même groupe de travailleurs à cause d’un contrat que j’avais résilié. Ce contrat porte sur le transport de conteneurs de caoutchouc qu’elle facturait à 3 000 USD par conteneur. La société qui avait ce contrat s’appelle Tours Transport appartenant à Mme Camara et tant d’autres chefs de département à SOGUIPAH. J’ai trouvé une autre société qui fait les mêmes prestations à 1.400 USD par conteneur. La rupture de ce contrat n’a jamais été digérée par cette dame et son clan qui se trouve à l’intérieur de SOGUIPAH. En plus, un dossier de détournement de 20 millions USD est pendant devant les tribunaux contre Mme Camara. Elle m’accuse d’avoir coopéré avec la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières) en communicant les données comptables. Pour me combattre, elle utilise la presse », soutient-il.
Absente du pays, l’ancienne directrice de la SOGUIPAH, Mariame Camara est injoignable.