Renvoyé pour les fins de la poursuite le 31 juillet 2023, l’ancien ministre de la Santé du régime déchu, Rémy Lamah, a comparu devant la chambre d’appel de la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières (CRIEF) ce jeudi 14 mars 2024, suite à l’appel relevé par le parquet spécial, la partie civile et l’Agent Judiciaire de l’Etat. Au cours de cette audience, le procureur spécial a sollicité de la cour d’ordonner une expertise du contrat passé entre Rémy Lamah et la société chinoise ZMC représentée par le Dr Mamadou Pathé Sow.
Dans sa décision, le président Daye Mara a précisé que cette expertise doit être réalisée dans un délai de trois (3) semaines. Il est à noter que dans cette affaire, Rémy Lamah est accusé par la société chinoise ZMC, représentée par le Dr Mamadou Pathé Sow, alors chargée de la fourniture à la Guinée des produits pharmaceutiques, obstétricaux et néonataux de soins d’urgence pour les femmes et les bébés, d’avoir résilié son contrat au profit de la société Soguimap.
Ce contrat portait sur un montant de 102 milliards de francs guinéens. Rémy Lamah et la société Soguimap Sarl avaient alors été jugés et renvoyés pour les fins de la poursuite devant la chambre de jugement, alors présidée par le juge Francis Kova Zoumanigui. Ainsi, la chambre d’appel a été saisie par le procureur spécial, la partie civile et l’Agent Judiciaire de l’Etat dans le but d’obtenir purement et simplement l’annulation de cette décision du 31 juillet.
Appelé à comparaître à la barre lors de l’audience de ce jeudi 14 mars, Rémy Lamah a laissé entendre que « ce dossier a été largement débattu depuis plus d’un an. Les témoins ont défilé devant cette barre, tout se trouve dans le primitif. Donc, je n’ai plus rien à dire. Il revient à ceux qui ont fait appel de venir s’expliquer ».
À son tour, le procureur spécial, Aly Touré, a regretté de n’avoir pas été suivi en première instance. C’est pourquoi, dit-il, « pour la compréhension dans cette affaire, il faut que la cour se fasse aider par un spécialiste. Monsieur le président, ordonner une expertise dans cette affaire, c’est ce qui pourrait aider tout le monde ».
Par ailleurs, même le parquet spécial a été appuyé dans sa demande par l’Agent judiciaire de l’Etat et la partie civile. La défense, quant à elle, a estimé que cette demande s’inscrit dans le dilatoire. Car, dit-elle, « elle avait requis en instance le renvoi des fins de la poursuite de leurs clients, tout en demandant à la cour de rejeter la demande du parquet spécial ».
Contre toute attente, la cour a accédé à la demande du procureur et a ordonné une expertise du contrat passé entre l’ex-ministre de la Santé et la société ZMC, avant de renvoyer l’affaire au 11 avril pour la suite des débats.