Le procès en appel, opposant l’Agent judiciaire de l’Etat à Paul Moussa Diawara et Inza Bayo, s’est poursuivi ce 28 février devant la Chambre d’appel de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). L’ancien DG de l’Office guinéen de publicité et son DAF ne reconnaissent toujours pas les faits de « Détournement de deniers publics et de complicité » pour lesquels ils comparaissent.
En 2019, Paul Moussa Diawara et Inza Bayo ont été condamnés à 5 ans d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 50 millions de francs guinéens, chacun, pour « détournement de deniers publics et complicité», d’où cette procédure en appel.
A la précédente audience, les conseils de la défense avaient produit des documents censés prouver l’innocence de leurs clients. Notamment, des quittances de 2015, d’un courrier du prédécesseur de Paul Moussa Diawara, signalant que l’OGP n’était plus concerné par un passage devant la Direction nationale des impôts…
A cette audience, les débats ont essentiellement porté sur la désignation du commissaire aux comptes. A la barre, Paul Moussa Diawara a indiqué que c’est lui-même qui s’est choisi son commissaire mais, avec » la validation du Conseil d’administration, et selon l’acte uniforme de l’OHADA », qui selon ses dires, le lui concède. Une désignation qui, selon le président de la cour, ne respecte aucunement la procédure qui voudrait qu’elle revienne à l’assemblée générale.
Pour Noël Kolemou, les textes de l’OHADA auxquels l’accusé fait allusion ne permettent pas à un DG d’une société anonyme de désigner un commissaire aux comptes. Pire, il ressort de l’interrogatoire d’Inza Bayo, que Paul Moussa Diawara a nommé son commissaire aux comptes bien avant la mise en place du CA.
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Quand au rapport d’audit de 2018, dans lequel est mis en évidence un gap de plus de 39 milliards de francs guinéens, les prévenus ont catégoriquement rejetés les conclusions de l’IGE, » l’Inspection générale n’est pas le corps de contrôle habilité à fouiller la gestion de l’OGP. On ne s’oppose pas au contrôle, mais pourvu que cela respecte la loi », s’est défendu Paul Moussa Diawara.
Poursuivant, Paul Moussa Diawara accuse l’entourage de l’ex Président Alpha Condé de s’être caché derrière l’IGE pour l’éliminer de la scène politique et que ce procès est d’ailleurs politique. « C’était une inspection qui consistait à régler des comptes à un leader politique qu’on accusait de vouloir se porter candidat face à Alpha Condé. Ils ont réussi à convaincre le Président. La machine m’a finalement écrasé », s’est-il défendu.
Dans la même logique de négation, Inza Bayo, lui aussi, affirme qu’il est impliqué dans ce scandale à cause des soupçons que des responsables du RPG arc-en-ciel auraient eu sur lui de soutenir un candidat indépendant chez lui à Beyla.
Par ailleurs, dans certaines pièces versées aux dossiers de la procédure, il est mentionné que Paul Moussa Diawara a payé plusieurs milliards de francs guinéens à Adventus-Guinée, une société qu’il aurait recrutée pour apporter une certaine expertise à l’Office. Sauf que, selon le ministère public, le représentant de cette société M. Moussa Dioumessy aurait communiqué un document qui prouve que rien n’a été payé et sollicite par ailleurs sa comparution.
Le juge a renvoyé l’affaire au 7 mars pour la comparution du commissaire aux comptes, Mohamed Diaby, son suppléant, Ousmane Savané et le représentant de la société Adventus-Guinée, Moussa Dioumessy.