Les Guinéens qui observent déjà avec beaucoup de déception et d’amertume la manière dont leur pays est gouverné, depuis l’avènement d’Alpha Condé au pouvoir, n’ont certainement pas été surpris par cette information relative au détournement de 51 millions de dollars américains par deux cadres des télécommunications au préjudice de l’Agence de régulation des postes et télécommunications (Arpt).
Une fois n’est pas coutume, c’est M. Alpha Sény Camara, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum, qui a porté cette affaire à la place publique.
C’était au cours d’un point de presse organisé à cet effet lundi, à Conakry. Sortie dont a profité le magistrat pour révéler que deux cadres du ministère des Télécommunications avaient été épinglés et inculpés pour « faux et usage de faux » et « détournement de deniers publics », pour le détournement de plus de 51 millions de dollars américains au préjudice de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (Arpt).
Sauf que M. le procureur s’est gardé de donner l’identité des présumés inculpés. Tout en prenant le soin de promettre que l’instruction dudit dossier devrait se poursuivre durant cette période de vacances judiciaires.
Cette carambouille se serait opérée suite à la signature d’un contrat entre le ministère des Postes et télécommunications, représentant l’Etat guinéen et une société dénommée Global Voice Group, dont la mission consistait à gérer le flux d’appels vers la Guinée.
Les deux inculpés qui ne seraient autres que N’Fa Ousmane Camara dit O.C et Morlaye Youla, comme l’a révélé guineenews dans une dépêche précédente, se seraient donc permis de pomper à leur profit, le fric généré par ces appels entrants.
Tous les deux ayant présidé aux destinées de l’Arpt à un moment donné. Cette vache laitière qui engraisse nos cadres hors-sol. Le plus grave dans ce dossier, c’est ce qu’on pourrait qualifier de « prise illégale d’intérêt » dont ces présumés hauts commis de l’Etat se seraient rendus coupables.
Il est vrai qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, au pays d’Alpha Condé. Où les gouvernants dans leur majorité sont accusés de privatiser l’Etat. Des casseroles beaucoup en traineraient, en toute impunité. Cette histoire de 51 millions de dollars n’est donc que l’arbre qui cache la vaste forêt de la corruption, dont on entend parler à longueur de journée en Guinée. Comme cette autre affaire de moustiquaires imprégnées, détournées et vendues au Mali voisin, qui n’a pas encore connu son dénouement judiciaire. Les personnes citées dans le dossier n’étant aucunement inquiétées côté guinéen, alors qu’au Mali, trois des mis en cause seraient déjà inculpés.
Le Premier ministre Kassory Fofana avait fait de grandes annonces à la faveur de sa nomination, dans la lutte contre la corruption, talon d’Achille de cette gouvernance. Mais ce ne fut qu’un feu de paille. Il a fini par se complaire dans le même registre. Surtout qu’il s’agit de pratiques qui étaient bien en vogue sous Lansana Conté, dont Kassory fut un des nobles serviteurs.
La lutte contre la corruption que le PM a fait miroiter le PM aux Guinéens, ne fut qu’un serpent de mer démagogique en somme. A l’allure où vont les choses, il y a de quoi avoir le tournis, car ces pratiques pourraient encore se perpétuer au grand dam du peuple, si jamais le président venait à rafler son fameux troisième mandat.
Dans un tel environnement où l’impunité s’érige en règle de gouvernance, l’opposition ne peut que surfer sur la vague de cette indignation des populations sur l’impunité qui protège ceux qui pillent le pays.