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Affaire 28 septembre, Crief : l’appareil judiciaire a tourné en plein régime en 2022 (bilan)

En Guinée, 2022 a été certainement l’année de la prédominance de l’actualité judiciaire. Entre l’emprisonnement d’anciens dignitaires du régime déchu et d’autres personnalités, tous accusés de ‘’détournement et/ou de malversations financières’’ portant sur des montants d’au moins un milliard de francs guinéens, et la tenue enfin du procès tant attendu du 28 septembre, la machine judiciaire a tourné en plein régime. Faisant ainsi couler beaucoup d’encre et de salive.

Charles Wright, l’homme qui bouscule les habitudes…

La refondation de l’Etat voulue par le colonel Mamadi Doumbouya devrait passer surtout par la Justice. Si seulement celle-ci est efficace. En tout cas, c’est l’ambition affichée par le CNRD. Le Président de la transition a donc essayé deux ministres au poste de Garde des sceaux, avant de probablement tomber sur le ‘’bon’’… en la personne de l’ancien juge et ancien procureur Alphonse Charles Wright. Des poursuites tous azimuts, avec une célérité dans la conduite de certains dossiers, et une communication à tout-va sur les affaires judiciaires et sur les questions des droits de l’homme. Bref, certains diront une médiatisation à outrance…  Avec Charles Wright, la justice est vivante et volubile. Qu’on l’aime ou pas, Charles Wright aura surtout eu le mérite d’avoir organisé enfin le procès sur les évènements du 28 septembre 2009, 13 ans après les faits.

Par ailleurs, il semble avoir la confiance du président de la transition, qui l’a confirmé à son poste– comme d’autres ministres– à la faveur du mini-remaniement gouvernemental intervenu le 18 novembre dernier. Dans l’ossature gouvernementale, il vient même comme numéro 2, après le Premier ministre, Dr Bernard Goumou.

Jugement des évènements du 28 septembre, un procès obtenu au forceps par le colonel Doumbouya 

Entre ceux qui ont douté et ceux qui ont cru, ce sont les derniers qui ont eu raison. Le procès des évènements du 28 septembre s’est enfin ouvert le 28 septembre 2022. Soit 13 ans, jour pour jour, après la commission du massacre au stade 28 septembre. Depuis l’ouverture des débats, le jugement connaît un fort retentissement médiatique tant en Guinée qu’à l’international.

Dadis, Toumba, Pivi, Tiégboro et d’autres accusés moins célèbres défilent à la barre pour livrer leurs versions des faits. Sauf que jusqu’ici, le crime semble être sans auteur. En tout cas, chacun des accusés a plaidé non coupable. Et il serait surprenant que ceux qui sont devenus par la suite leurs codétenus, notamment le colonel Bienvenu Lama, fassent le contraire. Il reviendra au parquet de confondre les accusés avec des preuves à l’appui… Ce qui n’est pas encore le cas en cette fin d’année 2022.

Une CRIEF qui a de plus en plus mauvaise presse dans la cité

Une chose reste claire, l’enthousiasme qu’avait suscité sa création est en train de s’estomper, certes. Même si la juridiction reste redoutable. Davantage perçue comme une juridiction de ‘’règlement de compte’’, la CRIEF pêche surtout par sa lenteur à passer à la phase de jugement des différents dossiers portés à son niveau. Notamment dans les dossiers des dignitaires du régime Condé. Selon certaines indiscrétions, la plupart des dossiers seraient bâclés au niveau du parquet. Ce qui ne rendrait pas la suite des procédures aisée. Et quand il arrive que les juges d’instruction réparent « l’injustice », le procureur spécial Aly Touré fait usage de son véto pour empêcher la libération des prévenus.

Pour certains juristes, la juridiction souffrirait surtout de l’inexpérience voire de l’incompétence de ses magistrats qui ne seraient pas pour la plupart bien outillés d’expériences nécessaires pour être mordants sur les questions de blanchiment, de crimes économiques et financiers.

Quoiqu’il en soit, il revient à cette CRIEF de faire retourner dans les caisses de l’Etat une partie des 2 mille milliards de francs guinéens spoliés à l’Etat, selon l’Agent judiciaire de l’Etat – l’autre partie fait l’objet de poursuite ou devrait faire l’objet de poursuite devant les juridictions de première instance.

D’autres dossiers non moins scabreux…

En 2022, les affaires judiciaires n’ont pas porté que sur le procès du massacre du 28 septembre et les dossiers poursuivis par la CRIEF. Même si ce sont eux qui concentrent plus l’attention des médias. Le tribunal de Mafanco a ainsi entamé en novembre le jugement des médecins poursuivis pour des faits présumés de viol, avortement et meurtre sur la personne de feue M’Mah Sylla, la fille dont la mort avait plongé la Guinée dans un émoi total en novembre 2021.

L’actualité judiciaire a été aussi marquée par la condamnation d’autorités (et ex) préfectorales. A Kankan, le contrôleur général de police Kandia Mara, a été reconnu coupable et condamné à six mois de prison assortis de sursis pour avoir tenu des propos à caractère communautariste et régionaliste. A Siguiri, l’ex-préfet Colonel Fodé Soumah et l’ex-directeur préfectoral des Mines Saidou Condé ont également été condamnés à six mois d’emprisonnement assortis de sursis. Ce, pour destruction de l’environnement, complicité de malfaiteurs.

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