La Cour Pénale Internationale vient de rejeter l’appel de maintien en détention de Laurent Gbagbo et de son codétenu, Charles Blé Goudé, du procureur après l’acquittement prononcé hier par la majorité des juges. La joie comme on peut l’imaginer est immense pour ces deux personnalités ivoiriennes accusées de « crimes contre l’humanité » après les violences post-électorales de 2010 qui avaient fait plus de 3 000 morts imputés à la fois aux camps de Gbagbo et de Ouattara. Crédit photo : vidéo-live CPI.
Mardi 15 janvier, les juges de la Cour Pénale Internationale –CPI- avaient, par ‘’manque de preuves suffisantes’’, purement et simplement, acquitté les deux personnalités politiques ivoiriennes. Ce verdict a été célébré avec liesse populaire dans sa ville natale de Gagnoa et à Yopougon, quartier populeux de la capitale ivoirienne.
Si cette libération de l’ancien président ivoirien a suscité de la joie du côté de ses partisans, ce n’est pas le cas dans le camp des victimes qui expriment toute leur déception face à ce verdict de la CPI.
Par cette décision, la CPI vient, une nouvelle fois, renforcer les perceptions des Africains contre elle par rapport à la gestion des crises politiques post-électorales sur le continent. Car après le président Uhuru Kenyatta, acquitté lui en octobre 2014 pour « crimes contre l’humanité » suite aux violences post-électorales de 2007 et 2008 ayant causé la mort de plus de 1 200 personnes et le déplacement d’au moins 600 000 Kényans, c’est au tour de Laurent Gbagbo d’être aussi acquitté, faute de ‘’preuves suffisantes’’.
Ce n’est pas tout. En juin 2018, Jean-Pierre M’Bemba, l’ancien vice-président de la RDC, accusé de « crimes de guerre et de crimes contre l’humanité », a aussi bénéficié d’un acquittement.
Avec tous ces acquittements, la CPI n’est-elle pas en train de se discréditer toute seule devant les justiciables en donnant ainsi raison aux dirigeants africains qui, en fin 2016, réunis au siège de l’Union Africaine –UA- à Addis-Abeba, ont entériné le principe d’un retrait collectif du statut de Rome dont la ratification permet l’adhésion à ladite Cour.
D’ailleurs, bien avant, plusieurs pays avaient aussi annoncé leur intention de se retirer de cette juridiction accusée à tort ou à raison de ne juger seulement que des Africains. C’est le cas de l’Afrique du Sud, du Kenya, de l’Ouganda, du Zimbabwe ou encore du Burundi. Cette décision bien que non encore entérinée avait soulevé une levée de boucliers contre les promoteurs de ce retrait des pays africains de cette Cour pénale internationale.
Aujourd’hui, le verdict rendu par la CPI en faveur Gbagbo et de Blé Goudé est une grande victoire pour non seulement ces accusés mais aussi les dirigeants sceptiques africains. D’où la nécessité comme le disait le président kenyan, Uhuru Kenyatta, de procéder à une « réforme de la CPI en faveur d’un renforcement des juridictions nationales».