Le gouvernement guinéen envisage de construire des écoles de formation technique et d’équiper d’autres. Pour ce faire, il conclut le 4 octobre 2019, un accord de prêt de 230 millions d’euros avec une société britannique du nom de Palumbo Group Ltd basée à Hunstanton et son partenaire financier, Trinity Wealth Management Ag dont le siège se trouve à Zurich, en Suisse. Le délai de remboursement du prêt est de 31 ans avec un taux d’intérêt de 1,5%. Selon cet accord, 36,15% des 230 millions d’euros (83,145 millions d’euros) constituent un don à la Guinée.
Mais certains députés se posent de nombreuses questions sur cet accord de prêt. C’est d’abord Mamadou Bah Baadiko qui se demande comment quelqu’un qui n’a que 2 millions de livres comme chiffre d’affaires peut-il faire un don d’un tel montant ?
Baadiko Bah estime que cette société n’a été créée que pour le besoin de projet : « Nous avons découvert que la société Palumbo existe il y a juste deux ans à Londres. Selon la fiche signalétique des autorités britanniques, cette société a moins d’une livre sterling de capitaux propres et elle est inscrite comme une société dormante. Elle ne possède que deux employés. Nous soupçonnons que cette société ait été exclusivement créée juste pour les besoins de ce projet. »
Il soupçonne aussi de la fiabilité du partenaire financier de Palumbo : « elle est partenaire à une société du nom de Trinity Wealth Management Ag qui se dit gestionnaire de fortunes avec un capital de cinquante mille francs suisses. »
Pour davantage jeter du discrédit sur cet accord de prêt, le président de l’Union des forces démocratiques (UFD), trouve exorbitant le montant pour l’équipement des centres de formation : « 230 millions d’euros, c’est 2 mille 400 milliards francs guinéens. Alors, je pense qu’avec ça, on pourrait avoir des centres de formation avec des portails en or. »
Pour le Dr Ibrahima Sory Diallo, Palumbo est une société qui évolue dans les chantiers navals, donc pas compétente avérée en lien avec ce ledit projet : « la société PALUMBO Group LTD qui a la charge de mettre en œuvre le projet, évolue dans la construction navale depuis sa création. Elle n’a donc aucune expertise dans le bâtiment. »
Mais il semble que ce député a confondu les Palumbo. Car il existe une société du nom de Palumbo Group, une société italienne, qui évolue dans le domaine des chantiers navals. La société dont il est question dans cet accord évolue dans la construction de bâtiments.
Voici ce qu’écrit le site https://suite.endole.co.uk/ à propos de Palumbo Group Ltd: « Palumbo Group Ltd est une société dormante constituée le 5 mars 2018 et ayant son siège social à Hunstanton, Norfolk. Palumbo Group Ltd fonctionne depuis 2 ans. Il y a actuellement 1 administrateur actif et 1 secrétaire actif selon la dernière déclaration de confirmation soumise le 4 mars 2020. » Selon ce site, Palumbo Group Ltd est classifiée en construction de bâtiments commerciaux, des bâtiments domestiques.
Selon ce même site, Palumbo Group Ltd a 2 millions de livres sterlings de chiffre d’affaires à la date de déclaration de confirmation. Et au mois de mars 2019, elle n’avait que 1 livre sterling en espèces en banque tout comme le total de ses actifs.
Un autre site qui porte le même nom que celui de cette société, https://palumbogroupltd.com/, rappelle que Palumbo Group S.R.L, a une histoire de plusieurs décennies dans l’industrie générale de la construction, avec un accent particulier sur la construction, les infrastructures, l’énergie et les projets environnementaux pour les secteurs public et privé. Fondée en 1945 par Sante Palumbo, la société a été internationalisée par Egidio Palumbo en 1970.
La question qu’on se pose c’est de savoir pourquoi le site https://palumbogroupltd.com/ ne parle pas de la société avec laquelle le gouvernement a conclu l’accord de prêt alors qu’ils portent tous le même nom ?
L’autre problème que relève Ibrahima Sory Diallo, c’est concernant l’entreprise Trinity : « Palumbo sous-traite avec une autre société qu’on appelle Trinity Wealth Management et la dame qui représente cette société a signé en son propre nom et non au nom de la société. On a aussi constaté que cette dame ne signait plus au nom de la société depuis 2019. »
Avant de demander à ses collègues de voter l’accord de prêt, Dr Ibrahima Deen Touré, président du groupe parlementaire rassemblement républicain a indiqué qu’ils ont noté « par endroits l’insuffisance d’informations techniques chiffrées dans ladite convention ».
Dembo Sylla, président du groupe parlementaire Alliance patriotique a formulé les mêmes critiques contre cet accord de prêt : « le groupe parlementaire relève des inquiétudes et observations dont, entre autres, le manque d’études de faisabilité par le ministère de l’Enseignement technique qui nous permet de connaitre le coût estimatif du projet au niveau de chaque région, des informations insuffisances sur l’identité du prêteur aussi bien sur le plan financier qu’identitaire et ses références intérieures dans ce domaine. La violation du code des marchés publics en vigueur en République de Guinée par l’attitude laissée au prêteur d’utiliser les fonds prêtés ; l’origine des fonds objet du contrat à mettre à notre disposition ainsi que la procédure d’exécution. »
Les présidents des deux groupes parlementaires qui ont relevé des insuffisances dans cet accord de prêt, ont invité leurs collègues de réserver un vote favorable à audit projet d’accord de prêt. Ce qui est, pour certains, une contradiction.