Nous avions promis dans notre dernière livraison, de revenir sur le bilan enregistré au cours de l’année écoulée, par la gendarmerie routière qui évolue en rase campagne. On se rappellera que notre interlocuteur, le lieutenant colonel Michel Koly Sovogui, commandant de ce corps de sécurité avait conclu à une hausse des accidents dans son secteur, malgré les efforts appréciables fournis par l’ensemble des unités placées sous son commandement.
Pour étayer cette affirmation, nous vous proposons aujourd’hui les chiffres enregistrés au cours des deux années 2019 et 2018. Avec l’espoir qu’ils ne seront pas assommants à consulter, ni indigestes à consommer.
Pour ce faire nous essayerons de nous limiter aux grandes lignes pour ne pas être fastidieux avec un plein de détails. En effet, il est de règle dans la presse d’éviter autant que possible, l’usage abusif des chiffres dans un texte, surtout lorsqu’ils sont longs ou à plusieurs décimales. Le même principe est de mise quand il s’agit d’abréviations ou d’acronymes.
Tout cela pour éviter la lourdeur fastidieuse qui rebute le lecteur ou l’auditeur. Bonne lecture !
Nombre d’accidents en 2019 et 2018: 753 contre 552
Véhicules impliqués : 1 249 contre 964
Privés : 916 contre 750
Etat : 29 contre 14
Étrangers : 16 contre 15
Motos : 286 contre 177
Vélos : 02 contre 08
Nombre de victimes: 854 contre 1312
Tués : 361 contre 252
Blessés Graves : 806 contre 589
Blessés légers : 687 contre 471
Dégâts matériels importants: 805 contre 658
Dégâts matériels légers:127 contre 317
Véhicules indemnes: 232 contre 74
Ainsi qu’on en juge, hormis les cas soulignés des vélos et des dégâts matériels, la hausse est évidente dans tous les compartiments pris en compte dans ce relevé statistique.
Même les infractions à l’origine de ces accidents ne sont pas en reste de cette hausse entre les deux périodes 2019 et 2018. Pour l’attester, nous allons les citer, par ordre décroissant, telles que préparées par la gendarmerie routière. Nous noterons (voir les lignes soulignées) que le défaut d’entretien est resté stable pour les deux années consécutives, alors que le stationnement gênant a, quant à lui, régressé.
Excès de vitesse : 232 contre 195
Circulation à gauche : 217 contre 142
Défaut d’entretien technique: 69 contre 69
Dépassement défectueux : 43 contre 42
Changement de direction sans précaution : 50 contre 32
Non-respect de la distance de sécurité: 29 contre 22
Stationnement gênant la circulation : 10 contre 15
Fausse Manœuvre : 58 contre 13
Sommeil au volant : 22 contre 12
Poids excessif : 10 contre 06
Obstruction de la chaussée : 06 contre 01
Divagation des animaux : 05 contre 03
Alcool au volant : 02 contre 00
Leçons à tirer:
Il faut tout d’abord noter que, les trois infractions: excès de vitesse, circulation à gauche et défaut d’entretien technique ont régulièrement occupé le premier rang. Un ordre chronologique, sans aucun changement, depuis plusieurs années déjà.
Dès lors, on se rend à l’évidence que ces accidents sont le fait de l’homme. En effet, nul autre que le conducteur ne peut commettre un excès de vitesse, circuler à gauche, ou manquer d’entretenir, réparer ou soumettre son véhicule au contrôle technique. C’est toujours lui qui entreprend de conduire son véhicule sur la route, d’appuyer sur l’accélérateur, de rouler à gauche plutôt qu’à droite, d’entretenir, de réparer, de passer la visite technique ou pas. Il n’y a pas à chercher ailleurs. Le choix lui revient toujours. L’état de la route, la qualité des véhicules, le hasard, le destin ou la fatalité, tout cela ne compte pas beaucoup, comparé à la part de l’homme, en termes de responsabilités dans la survenue des accidents.
Ce qu’il faut noter, qui explique en partie cette hausse constatée en rase campagne, c’est le relâchement du sens civique relevé par la gendarmerie routière, chez la grande majorité des usagers. Beaucoup font fi du code de la route et se moquent des règles, même les plus élémentaires. On assiste à une multiplication des infractions génératrices d’accident.
La gendarmerie routière parle d’une indiscipline caractérisée dont font preuve bon nombre d’usagers. Nous pouvons même dire qu’il y a plus que de l’indiscipline. Des comportements inqualifiables sont enregistrés qui sont difficiles à admettre.
Ainsi, des apprentis se permettent-ils, au passage de leur véhicule roulant à vive allure, de jeter des zestes d’orange ou des peaux de banane en direction des agents. Quelquefois, ce sont des injures ou des sarcasmes qu’on leur adresse, comme pour les narguer.
Pour les chauffeurs, c’est le refus d’obtempérer garanti qu’ils réservent aux sommations des agents, surtout la nuit ou quand il leur apparaît clairement que ceux-ci sont sans moyens d’intervention pour les interpeller. C’est le cas des taxis et autres véhicules de transport en commun.
Certains s’arrêtent quelquefois, juste pour dire d’un air péremptoire: « pourquoi vous me sifflez? Qu’est ce que j’ai fait? D’ailleurs, vous n’avez pas le droit. Seul le syndicat est habilité à me contrôler…» Et bien d’autres attitudes et propos que les agents vous relatent avec philosophie. Ils en ont vu et entendu de pire et ne sont pas perturbés ou démobilisés pour autant, disent-ils, l’air stoïque.
En dehors de ces comportements dont nous venons d’esquisser quelques bribes, il existe d’autres aspects qui expliquent cette remontée du nombre d’accidents en rase campagne. C’est, entre autres, le manque de moyens à la disposition des agents.
Un sujet que nous aborderons dans nos prochaines livraisons.