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Accident mortel de Kindia : le nombre de morts s’accroît pendant que les circonstances continuent d’interpeller

Au lieu des 12 (douze) morts annoncés le jour de l’accident, nous en sommes aujourd’hui à 13 (treize). Un des blessés admis à l’hôpital régional a rendu l’âme le lendemain de la tragédie. Les populations de la cité des agrumes n’en reviennent pas. Elles sont plongées dans le deuil, choquées qu’elles sont par l’extrême gravité de cet accident.  On le serait pour moins que ça !

Selon la gendarmerie routière, le nombre de victimes s’élève à présent à 13 morts parmi lesquelles 11 femmes. On cite le cas de deux enfants (un garçonnet de huit ans et sa cadette de six ans) qui sont décédés en même temps que leur mère et 14 blessés plus ou moins graves, tous admis à l’hôpital régional de Kindia. Le chauffeur serait dans ce lot de blessés. Son état est jugé grave.  Aussitôt connue, cette tragédie a interpellé tout le monde. Et des questions fusent de partout. Chacun voulant savoir comment cela s’explique ? Comment en est-on arrivé là ?

Le commandant de la compagnie sécurité routière de Kindia, le chef d’escadron Niamy Jimys revient sur le film de la catastrophe. Selon lui, c’est le mercredi 07 septembre que le sieur Mohamed Lamine Cissé, chauffeur de son état, a pris son camion ridelle de marque Renault, immatriculé RC 5215 R pour la carrière de sable. Il l’a chargé et a recouvert le sable d’une bâche. De là, il s’est rendu au grand marché de Yenguema pour y embarquer une trentaine de passagers, hommes, femmes et enfants à destination de Benna-Léfouré, une localité située à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Kindia où se tient chaque jeudi, un marché hebdomadaire très fréquenté.

A noter que c’est sur la bâche qui recouvre le chargement initial de sable que les passagers ont pris place avec leurs bagages

Notre chauffeur prend donc le départ dans ces conditions. Il roule tranquillement jusqu’au PK 10 à Séguéyah. Cette zone, en direction de Mamou, est caractérisée par un relief tourmenté avec de nombreux virages et une déclivité intermittente, le tout couvert par une végétation dense.

Pour aborder la descente en ces lieux, il entreprend de ralentir. C’est alors qu’il se rend compte qu’il n’a plus de freins. On est dans les alentours de 15 heures.  Il tente de contrôler la situation jusqu’au moment où son véhicule quitte la route, fait des tonneaux et se renverse du côté droit, dans le décor.

Dans la gestion de cet événement malheureux, la compagnie sécurité routière de Kindia n’a pas manqué de souligner l’appui que lui ont apporté les syndicats, le corps médical ainsi que les populations.

Pour le chef d’escadron Jimys Niamy, cet accident est dû au défaut de visite technique et au transport mixte, deux infractions prévues et punies par la loi que son unité relève et retient à l’encontre du chauffeur Mohamed Lamine Cissé.

Pour le cas du transport mixte, il rappelle que depuis 1990 cette pratique est interdite, en même temps que la surcharge, sur toute l’étendue du territoire national, suivant l’arrêté 4352/MT/CAB/90 du 10 octobre 1990, du département des transports.

Il a stigmatisé l’appât du gain du chauffeur qui a chargé son camion en deux temps : d’abord du sable et ensuite des passagers. Il a aussi déploré ce qu’il estime être une naïveté de la part des citoyens, lesquels prétextant l’habitude et le manque de moyens de déplacement, acceptent de s’embarquer à bord de véhicules inadaptés. Selon lui, ces deux facteurs combinés sont à l’origine des terribles conséquences de cet accident.

En effet, dira-t-il, quand une bâche est étalée sur du sable à bord d’un camion et que des personnes sont placées par-dessus, il est certain que lorsque ledit camion fait un tonneau et se renverse, la disposition initiale du contenu s’inverse aussitôt. Ce qui était en haut revient en bas et vice versa. Les personnes qui tombent au sol avec leurs bagages sont tout de suite recouvertes par la bâche étanche au-dessus de laquelle vient se déverser la masse de sable. Un cas de figure difficile à imaginer. Les passagers sont littéralement enterrés. Ils meurent moins des blessures enregistrées que de l’étouffement subi. L’on se représente péniblement pareil tableau.

Et pourtant, dira le chef d’escadron Jimys Niamy, ce cas est bien du domaine du possible, avec tous les comportements que se permettent certains chauffeurs dans la circulation. Pour lui, ce n’est pas la première fois qu’une telle catastrophe est enregistrée à Kindia. Dans les archives de son unité, il a trouvé mention d’un cas similaire survenu dans les années 1990, du temps où le lieutenant-colonel Amara IV Camara, aujourd’hui disparu, était chef du service constat.

Cet accident presque à l’identique de celui de Séguéah, s’est produit à Madinadjan, non loin de Tabily-Kindia, toujours sur la RN1.  Là également, c’est un camion transportant du sable avec des passagers qui s’est renversé sur le bas-côté de la route après s’être accroché avec un autre qui roulait en sens inverse. Plusieurs passagers projetés au sol, sont morts ensevelis sous le sable qui les a étouffés. Le chauffeur du camion venait de Wareya, un district de la sous-préfecture de Sangaréya (Télimélé). Il transportait de nombreux passagers dont la plupart ont débarqué à Kindia. N’ayant pas trouvé d’autres à leur substituer pour l’étape de Conakry, sa destination finale, le chauffeur a sollicité l’accord du groupe qui restait pour embarquer du sable. Il n’y a pas eu d’objection. Il a chargé le sable. Les passagers se sont assis dessus. Ils sont partis en pleine nuit. Hélas…loin de s’imaginer ce qui allait leur arriver !

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