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Absence criarde de toilettes publiques à Conakry : une situation embarrassante pour une capitale.

Les toilettes publiques appelées aussi vespasiennes sont une invention de l’empereur roamin Vespasien, celui qui a également lancé les travaux du célèbre colisée de Rome. C’est dire que leur existence ne date pas d’hier. Même si dans une capitale comme la nôtre, ces toilettes publiques n’existent quasiment pas.

Avoir un mal de ventre, une indigestion ou une envie aiguë d’aller à la selle sur les lieux publics à Conakry n’est pas chose aisée. C’est un combat de titans qui vous arrache des gouttes de sueur, même assis à l’ombre. Et si par malheur vous êtes accompagnés d’un enfant, sans être prémunis des cartons de Pampers, bonjour la catastrophe ! Et pour cause. Les toilettes publiques sont inexistantes. Et si elles existent, elles sont mal entretenues, le manque d’hygiène auquel font face les utilisateurs les exposent aux maladies.

Les toilettes quasi inexistantes dans les espaces publics

Nous sommes à Kaloum, le plus grand centre d’administration publique et d’affaires du pays. Cette commune qui enregistre plus d’un million d’âmes par jour, ne possède aucune toilette publique sur ses artères principales. De la corniche sud conduisant au Port-Autonome à la corniche nord du Palais des Nations au palais du Peuple en passant par l’hôpital Ignace Deen et le Camp Almamy Samory Touré, aucune ombre d’urinoir ou de WC public. Les usagers de ces corniches se débrouillent comme ils peuvent. Idem pour la Route du Niger, de la Rue du Commerce et du Boulevard de la République conduisant au Palais Sekhoutoureya. Tous ceux qui empruntent ces artères à Kaloum ont de la peine à se soulager. « C’est vraiment embêtant. J’ai marché de l’hôpital Ignace Deen jusqu’ici (Mouna Internet Group) pour me mettre à l’aise. Même ici c’est avec des prières que les gardiens m’ont autorisé à uriner. C’est difficile », se plaint Laye Oumar K, enseignant venu prendre sa solde à Vista BanK, ex. BICIGUI.

Au quartier Almamya où sont regroupés la quasi-totalité des départements ministériels, c’est le même constat. Pas de toilettes publiques. Le comble. A l’intérieur des cités Santullo, cités qui abritent la plupart des grandes directions des entreprises publiques et privées, des banques et des restaurants, rien n’a été prévu pour les visiteurs. Il faut pénétrer des bureaux, supplier les gardiens des lieux pour avoir accès aux toilettes. « J’étais vendredi dernier à la cité chemin de fer non loin de la Prison Centrale de Coronthie à Kaloum. J’étais avec mon garçon de 10 ans. A quelques mètres de la société générale, le petit voulait se soulager. Quand j’ai demandé les toilettes dans les environs, on m’a indiqué un bureau pour  emmener le fiston se soulager. Le temps de voir les vigiles, le petit n’a pu tenir. C’est avec de la peine que j’ai nettoyé mon fils et les lieuxCe n’est pas hygiénique, mais que faire ? Ainsi va la Guinée», lâche Bountou A. Yansané très déçue.

Le règne des vieilles toilettes fétides et nauséabondes…   

A l’intérieur des marchés des communes et même au Boulevard Telly à Kaloum, il existe encore des  toilettes vieilles de plusieurs décennies. Ces toilettes d’un certain âge sont gérées par des riverains et de vieux gardiens qui supportent des odeurs fétides, nauséabondes et sont exposés aux maladies. Sales et mal entretenus, ces WC publics suffoquent et étouffent. Manque d’eau courante, on y utilise des fûts, des anciennes boîtes de conserve pour le nécessaire après être soulagé. Mais que de saleté ! « Si tu n’es pas serré, tu ne peux pas rentrer ici. C’est dégueulasse de s’asseoir pendant 2 minutes sur ces pots crasseux. On peut ramasser des maladies dans cet endroit, avoir des infections avec ces pots mal nettoyés », soutient Ansmane Camara au sortir des toilettes publiques du marché Niger.

Visiter ces toilettes donne envie d’être constipé. L’eau versée partout fait patauger des utilisateurs sur des carreaux cassés glissants. Des WC publics qui servent aussi des magasins où sont superposés des objets de fortunes qui tombent à chaque à moindre geste d’inattention. Pour éviter des maladies, selon les dires d’un gardien rencontré dans les toilettes au marché de Tayoua, le gérant offre des boites de lait aux travailleurs du coin. « Nous sommes exposés à toutes sortes de maladies. Le patron passe chaque samedi pour nous donner des boites de lait pour nettoyer nos poumons… Et il faut entretenir les lieux. Même le savon et autres javel coûtent chers… Les 500 ou 1000 francs qu’on fait payer aux clients ne suffisent pas. Il faut passer un coup de brosse à chaque passage de clients… Il faut retenir que les toilettes ne sont pas modernisées. Mais que faire? Les gens vont aller où ? Le gouvernorat et les mairies ne s’en préoccupent pas », dénonce le vieil homme.

La situation est encore plu catastrophique dans le Grand Conakry.

Pas l’ombre de la moindre toilette publique de Kountia, Sonfonia jusqu’à l’entrée de Kaloum. Ni sur l’axe de la Route du Prince, ni sur l’axe de Lambadji-Ratoma. Lorsque, l’envie devient pressante,en pleine circulation,  il ne reste plus que de se ruer vers les toilettes de la mosquée ou de la station d’essence la plus proche, en priant que le gardien des lieux sera compréhensif.

Que pense-t-on au gouvernorat de Conakry et au niveau des mairies ?

Au gouvernorat de Conakry, on nous apprend que le projet de toilettes publiques modernes est dans les tiroirs du ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. « Depuis le temps du gouverneur M’Bemba Bangoura, il avait été décidé de construire les toilettes publiques à travers la ville de Conakry. Plus particulièrement à Kaloum où siège tous les services centraux de l’administration publique. Le projet était là. Presque tous les gouverneurs l’ont examiné. Même le général Mathurin Bangoura avait même pensé installer des toilettes publiques mobiles. Mais hélas ! Ce projet est mort-né. On ne sait pas pourquoi. Sinon le gouvernorat  en a fait son projet phare. Je ne sais pas si c’est le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation qui a mis le pied sur le projet. Mais pour quelle raison ? On ne sait pas », s’interroge M. Soumah, conseiller  au gouvernorat.

Plus loin, à la commune de Ratoma, on nous fait croire que si les marchés sont dotés des WC publics, c’est grâce à la Mairie. « Vous pensez que la Mairie ne fait rien pour soulager ses citoyens dans les lieux publics ? Et les toilettes dans les marchés. Nous veillons sur tout ça ! En ce qui concerne les lieux publics comme les stades de football, les plages, les espaces verts et que sais-je encore ? Mais allez demander au gouvernorat ! Les mairies n’ont pas les moyens qu’il faut pour installer des toilettes publiques partout. C’est une volonté politique. Si le gouvernement décide aujourd’hui, demain vous verrez les toilettes partout », pense Elhadj Moumouni D, travailleur à la Mairie de Ratoma.

Que ça soit au gouvernorat, au niveau des mairies et même au ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, on se rejette la responsabilité. Que retenir de tout ça? Les toilettes publiques modernes n’existent pas. Celles qui sont dans les marchés et à Kaloum dans les quartiers, sont délabrées et sales.

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