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Incendie de véhicules pour cause d’accident : une situation inquiétante qui devient récurrente

Il y a quelques années de cela, on rapportait bien quelques cas d’incendie de véhicules, à la suite d’accidents de la circulation. Mais le phénomène était rarissime. Il était circonscrit en région côtière, principalement en rase campagne, sur la R N 3, l’axe Dubréka-Boké.

Un moment, il s’est estompé dans toute la zone, au point de ne plus figurer dans aucun rapport d’accident. Une accalmie s’est installée, faisant le bonheur des camionneurs qui constituent la cible privilégiée des pyromanes.

Ces poids lourds fréquentent la zone en permanence. Les plus nombreux, en direction des carrières d’agrégats. Ils comblent les besoins des innombrables chantiers ouverts dans la capitale et ses environs, en matériaux de construction. Les autres assurent le transport des minerais, en zone industrielle (Boffa et Boké).

Nous avons parlé d’accalmie, certes, mais hélas, cela n’a pas duré autant qu’espéré. Le mal n’est guéri qu’en surface. Cela tient de la mauvaise prophylaxie adoptée pour le soigner définitivement. Celle-ci n’a reposé que sur la seule sensibilisation. Rappels à l’ordre, menaces et regrets ont bien été émis. Mais, jamais l’idée de rechercher et sanctionner des coupables d’incendie n’a été mise en avant. Nul coupable de destruction et d’incendie volontaire de véhicule n’a été identifié et puni jusque-là. La récidive est donc possible.

Pendant ce temps, les vieilles habitudes sont simplement en berne, attendant le bon moment pour renaître, si elles ne font pas des émules ailleurs avec les multiples moyens de communication à la portée des pyromanes. Rien de coercitif n’a été mis en œuvre pour les dissuader.

Nous pouvons donc dire que ce traitement insuffisant a produit des métastases qui ont atteint d’autres régions du pays. C’est ainsi que, depuis un certain temps, l’on enregistre une série d’incendies de véhicules suite à des accidents mortels. Nous n’allons pas revenir sur tout ce descriptif violent et macabre. Depuis quelques semaines, plusieurs cas sont survenus à Conakry, Kindia et Labé, pour ne citer que ceux-là. Tous ont la même connotation : une violence gratuite à l’état pur, un acharnement gratuit sur véhicule, un spectacle triste et atterrant ! Il n’y a pas d’autre qualificatif pour caractériser le phénomène.

Des jeunes qui, après un accident, au lieu de se muer en secouristes, même malhabiles, se transforment plutôt en fauves qui se jettent sur une proie pour la dévorer. Dès lors que l’accident se produit, les voilà qui bondissent littéralement sur le véhicule, au motif que son conducteur a tort ou qu’une victime est morte, pour le piller, puis l’incendier, sans sourciller.

En agissant ainsi, non seulement, ils ne résolvent nullement le problème, mais plutôt ils l’aggravent. Ils ne rendent pas justice, ils se compromettent eux-mêmes. Sans rentrer dans les questions de droit, que seul le spécialiste peut valablement aborder, nous ferons juste cas de l’incendie volontaire qui est prévu et puni par nos lois, de la substitution aux services compétents de la police ou de la gendarmerie qui sont les seuls habilités à déterminer les responsabilités dans un quelconque cas d’accident de la circulation.

Sans compter l’assurance qui a son mot à dire dans le dossier, en termes de prise en charge, de réparation ou de remboursement.

Nonobstant tous ces aspects, sommairement évoqués, il y a le côté destruction de biens. Sans avoir guéri les blessés, encore moins rendu la vie aux morts, ces pyromanes ont décidé d’incendier volontairement le véhicule d’autrui, un objet qui n’est en rien responsable de ce qui est arrivé.  Peut-être même qu’il n’avait pas ‘’tort‘’ dans l’accident survenu. Et même si c’est le cas, est-ce lui qu’on va impliquer et sanctionner ou son conducteur ? Est-ce que cela justifie qu’on l’incendie ?

Que l’on nous mette en demeure de le rembourser ne serait que de bon droit.  L’on comprend ainsi mieux, ce qu’il en coûte.

Vu, sur le plan social, une telle forfaiture contre autrui est un problème d’ordre moral. Quand on brûle un camion, le dommage est définitif. On a appauvri quelqu’un et par ricochet on a rompu une chaîne de solidarité. Cette victime ne peut plus nous venir en aide, ni aider un autre, en cas de besoin. Nous sommes africains et nous savons que dans cette vie, tout se tient. Chacun peut avoir besoin de l’autre un jour, nous rappelle-t-on souvent.

Sachons toujours nous mettre à la place d’autrui en n’importe quelles circonstances et retenons qu’en aucune façon, un véhicule ne peut être déclaré coupable d’accident. Il ne l’est pas, son propriétaire non plus.

Même le chauffeur qui le conduit au moment des faits, quels qu’ils soient, est déféré au tribunal sous l’intitulé « accident involontaire ou homicide involontaire, » selon le cas et jusqu’à preuve du contraire.

Une façon de dire, qu’en toutes circonstances, c’est le droit et la justice qui doivent triompher.

L’Etat a bien les moyens de nous faire éviter toutes ces interférences qui produisent de l’anarchie et des victimes innocentes. Des pyromanes sont parmi nous qui n’attendent que l’occasion pour s’ériger en faux justiciers. Aussi, pour tout incident qui survient sur la route, les voilà qui s’engagent dans le mal à outrance, sans discernement aucun. C’est à ceux-là qu’il faut barrer le chemin, fermement, absolument et définitivement.

Équiper les services de sécurité routière en moyens leur permettant une intervention rapide et efficace sur le terrain, en cas d’accident serait déjà un grand pas.  En plus de la détermination d’une sanction exemplaire à infliger aux pyromanes et pillards, pour dissuader toute velléité de destruction et de trouble, sur terrain d’accident.

Pour qu’en toutes circonstances, la loi triomphe toujours de l’anarchie et de la justice expéditive.

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