Face à la baisse des activités économiques ayant entraîné une baisse des revenus chez les populations rurales de Lola, préfecture de la Guinée forestière, l’essentiel de la main d’œuvre agricole composée de femmes, de jeunes et de personnes âgées à migrer dans les bas-fonds, pour s’adonner au travail de jardinage. Ils cultivent du maïs, des arachides, du gombo et de la patate douce, qui seront ensuite livrés sur les marchés de la localité et au Liberia voisin, a-t-on constaté sur place.
En cette saison sèche, ce sont des centaines d’hectares qui sont consacrés aux cultures maraîchères dans la préfecture de Lola.
Yaya Keita spécialisé dans l’achat du fer amorti à Lola fait partie des gens convertis au maraîchage et qui travaillent dans les bas-fonds.
« Moi je plante seulement la patate, parce que les gens quittent le Liberia et Siguiri pour venir chercher ces produits ici à Lola. Ce n’est pas facile surtout quand il s’agit de trouver le bas-fond pour cultiver. Il y a des amis qui ont eu de l’argent l’année dernière dans cette production. Certains ont eu 6 millions de fg et ça ce n’est pas petit pour un pauvre », explique Yaya Kéita.
Pour lui, la culture maraîchère rapporte plus que la culture de riz. Sény Haba, elle, pratique le métier de jardinage depuis plus de cinquante ans.
« Je fais le jardinage saisonnier pour avoir un peu d’argent. Mais contrairement aux périodes antérieures, aujourd’hui ce n’est plus ça en termes de revenus. Pendant trois ans, le gombo et la patate rapportaient beaucoup d’argent aux paysans. C’est pourquoi tout le monde s’est lancé dedans, pour avoir un jardin ».
Cette sexagénaire invoque aussi le manque de moyens matériels pour mener à bien cette profession de production de légumes.
Pour sa part Ousmane Camara dit aimer le jardinage saisonnier mais malheureusement il n’aurait pas de moyens pour s’y investir.
Comme disait quelqu’un « ceux qui ont les moyens n’ont pas d’ambitions mais ceux qui n’ont pas de moyens ont plus d’ambitions. C’est mon cas. Nous produisons beaucoup. Les gens viennent de Kankan, de Siguiri, de Conakry ainsi que du Libéria pour acheter nos produits locaux . Mais c’est insuffisant. Si j’avais des moyens adéquats, j’allais faire des groupements pour acheter une machine. J’ai voyagé en Côte d’Ivoire, j’ai vu la culture d’aubergines, de tomates, de salades, des feuilles de patate.
Mais ici il n’y a pas de mesures d’accompagnement pour encourager et faire des prêts bancaires. Moi je jure que si Lola bénéficiait d’accompagnements, on pouvait dépasser même le Foutah, parce qu’on n’a plus d’avantages qu’eux. Même sans engrais, nos plans donnent plus que les autres régions parce que notre climat est clément », jure notre interlocuteur.
« Nous demandons au gouvernement guinéen de nous venir en aide pour développer ce secteur de maraîchage. Ici nous n’avons pas de mine d’or pour que pendant la saison sèche, après la récolte, on puisse migrer là-bas, pour avoir le prix des herbicides pour la culture. Avant de terminer, je dirai que la mine ce n’est pas pour les paysans. Le gouvernement doit aider les agriculteurs pour qu’on développe la Guinée », a-t-il sollicité.