« La Guinée vit une période ubuesque. Le projet de nouvelle Constitution proposée et publiée au Journal officiel de janvier 2020 est différent de la ‘Constitution’ promulguée dans le Journal du 14 avril. En d’autres termes, le référendum du 22 avril est devenu caduc car le projet a été falsifié ».
C’est en substance la réaction faite sur le réseau social Tweeter par l’ancien ministre de la Réconciliation nationale au sujet des retouches intervenues au niveau de la nouvelle Constitution.
Joint par Guinéenews pour en savoir davantage sur ce qui a prévalu à ce tweet, Bah Oury nous a répondu en ces termes :
« Je le dis par rapport au texte proposé au référendum et publié dans le Journal officiel de janvier 2020. A partir du moment où le texte proposé est publié dans le Journal officiel, il fait force de loi. Et nous avons lu également le texte promulgué du 14 avril 2020. Déjà, le nombre d’articles n’est pas le même. Les contenus sont différents. Or, vous savez que dans un texte de ce genre, même vous changez une phrase, il y a toute une procédure législative, voire référendaire, qu’il faut adapter pour que ça puisse être possible.Mais si du jour au lendemain on modifie totalement le texte proposé à l’attention de la population, pour voter pour cette proposition, cela veut dire qu’il y a forfaiture, qu’il y a haute trahison. Il y a – disons – une falsification de la Constitution. Et cela relève d’une attitude d’extrême gravité dans un pays normal », a évalué l’acteur politique.
De l’avis des tenants du pouvoir en place, les opposants au régime de Conakry n’ont aucun droit de critiquer la nouvelle Constitution du moment qu’ils déclarent ne pas la reconnaître. Toute chose qui fait dire à M. Bah que ces derniers sont désormais en manque d’arguments.
« C’est pour montrer que le peu de crédit, le mépris total de ceux qui ont fait cela ont à l’égard du peuple de Guinée en violant les principes d’intangibilité de la Constitution de 2010. Ils ont violé des principes intangibles de la Constitution de 2010, qui faisaient force de loi. Et c’est de la même manière, avec allégresse et désinvolture qu’ils se permettent de tricher par rapport à leur propre texte qu’ils ont imposé d’une manière ou d’une autre. Cela veut dire qu’ils sont totalement disqualifiés et politiquement et juridiquement pour parler au nom du peuple de Guinée », martèle notre interlocuteur au bout du fil, tout en mentionnant que « nous sommes devant un vide juridique qui pose des problèmes sérieux dans le fonctionnement de l’Etat et dans viabilité de nos institutions ».