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Élevage au Fouta : le touppal, une tradition toujours en vigueur à Lélouma

Réputée pour la bonne qualité de ses bovins vendus sur son marché du bétail, Lélouma est une zone d’élevage par excellence. A vocation agropastorale,  de nombreuses familles de cette préfecture ont fait fortune dans le secteur. Cependant, la pratique de l’élevage est purement traditionnelle. Les bas-fonds demeurent les zones de prédilection par excellence des éleveurs. Et pour en savoir davantage sur cette activité, Guineenews© s’est intéressé sur les rouages de l’élevage dans la localité.

Ainsi, nous nous sommes rapprochés des éleveurs dans les pâturages afin qu’ils nous livrent les secrets de ce métier ancestral. La réussite dans ce secteur dépend soit de la chance ou de la connaissance approfondie des pratiques, indiquent des éleveurs interrogés par notre rédaction.

« Vous savez, pour faire une chose, il faut connaître cette chose. L’élevage est quelque chose d’inné dans ma famille. Je suis descendant d’éleveurs. Et dans la pratique de cette activité, il y a de ces choses qu’on transmette de génération en génération pour la réussite dans le secteur. Parmi ces astuces, il y a ce qu’on appelle en langue du terroir le « Touppal », une sorte fête à l’occasion de laquelle on offre aux animaux une terre salée avec beaucoup d’écorces d’arbres.

Ce sont des cérémonies organisées deux à trois fois  par an et de façon périodique. C’est en quelque sorte l’essence même de l’élevage chez nous ici dans le fouta », nous révèle Mamadou Benté Diallo, un éleveur vivant dans la localité de Daraaya.

Le Touppal, au-delà d’un simple rituel, est considéré, aux dires de Mamadou Benté, comme l’un des piliers de l’élevage des bovins dans les sociétés d’éleveurs. Mais c’est quoi réellement le  » Touppal » et quelle serait son importance ?

D’après nos informations, le « Touppal » désignerait non seulement l’événement lors duquel les bovins s’abreuvent d’une solution spécialement préparée à cet effet. Mais cette appellation désigne aussi l’abreuvoir dans lequel les animaux goûtent à cette solution qui leur sont destinés.

 » Le « Touppal » comme on l’appelle chez nous est une journée au cours de laquelle, nous préparons une solution buvable à l’aide d’une terre spéciale qu’on malaxe avec de l’eau sur laquelle on ajoute du sel et des décoctions des plantes que nous offrons à nos animaux », affirme Mamadou Benté Diallo.

Avant d’ajouter que le « Touppal » désigne aussi l’endroit où cette solution buvable est préparée. Il faut noter que le « Touppal » a la forme d’un cercle bien tracé et entouré des solides piquets soigneusement reliés entre eux, le tout tissé à l’aide des lianes pour contenir  cette liquide gluante.

« Pour faire le « Touppal », après avoir choisi le lieu de son implantation, un endroit très dégagé pour permettre le libre mouvement des animaux, on plante autour d’un cercle préalablement tracé des piquets à des intervalles réguliers. On relie ensuite à l’aide des lianes ces piquets. Puis avec de la terre pétrie avec de l’eau, on ferme tous les trous. C’est à l’intérieur de ce cercle que se prépare cette terre malaxée pour les bœufs », souligne notre interlocuteur.

Il justifie cette pratique par le fait qu’elle soit « l’essence même de l’élevage dans nos sociétés traditionnelle ». Et de confier ceci : « Laissez-moi vous dire que le Touppal a une importance capitale. C’est ce qui préserve l’animal non seulement des nombreuses maladies mais ça suscite de l’appétit aux bovins. Le Touppal facilite aussi la reproduction des animaux d’un côté et de l’autre, c’est ce qui leur procure la force pour affronter la saison sèche et faire face au manque d’eau ou de la nourriture. C’est une recette primordiale pour tout éleveur. C’est pourquoi on ne le néglige pas », explique Benté Diallo.
Toujours, selon lui, le Touppal ne se fait que seulement durant la saison des pluies compte tenu de l’abondance des pâtures car, en saison sèche ça risque de tuer les animaux.

Cet éleveur affirme à Guineenews que le Touppal peut se faire jusqu’à six fois dans la saison selon les moyens. Mais pour ça, il y a aussi des principes pour le choix du jour de l’événement car on ne peut pas le faire n’importe quel jour. Il se fait sur la base d’une certaine connaissance de la pratique, du respect des mœurs et coutumes.

A Daraaya, les  » Touppé » ne manquent pas en cette période hivernale. Une question se pose : jusqu’à quand cette pratique va-t-elle résister face à l’élevage moderne de plus en plus sollicité.

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