S’il y a un type de transport des plus dangereux qui soient, à pointer du doigt aujourd’hui, chez nous, c’est bien celui des gros camions remplis de blocs de granite que l’on rencontre jour et nuit, roulant entre Dubréka et Conakry.
Ces gros blocs, mal équarris, sont drainés vers ‘Petit bateau’ un périmètre du Port Autonome, où sont entrepris d’importants travaux d’aménagement. L’activité est fort louable en soi, puisqu’il s’agit de développement national à travers la construction d’infrastructures portuaires. Mais, tout ce processus ne se déroule pas avec la ‘sérénité’ souhaitée. Un maillon faible existe, qui est générateur de risques. Il s’agit de ce transport d’agrégats. Pour tout dire, de la manière de le faire.
Ces blocs de granite, dont certains d’une très grande épaisseur, pourraient peser plus d’une tonne, sont mis en vrac dans des camions qui ne sont pas tous adaptés pour ce genre de transport.
L’irrégularité des formes de ces blocs est telle, qu’il n’est guère évident de les ranger en bon ordre. A la carrière, ils sont entreposés pêle-mêle, à coups de pelle-chargeuse. Ce qui fait qu’à bord des camions, certains remontent d’une crête au-dessus du niveau de la carrosserie. Juste avant le départ, une bâche est étalée par-dessus pour couvrir le chargement.
Serait-ce pour cacher le danger et faire moins peur aux autres usagers ? La question reste posée. En tout cas, ce n’est sans doute pas pour la poussière, les blocs de granite en dégagent peu. Serait-ce pour les intempéries, comme la pluie ? Le granite n’en a cure. Et s’il se trouve que cela soit fait pour la sécurité, alors c’est complètement raté!
En effet, il faut être bien naïf pour espérer qu’une simple bâche retienne de tels cailloux sur le point de tomber. Il est grand, le danger que cela représente pour tous ceux qui circulent dans le voisinage immédiat de ces camions. Point besoin de pousser loin la description de ce qui pourrait advenir en cas d’incidents pendant le roulage.
Des situations de terrain rendent ce transport encore plus dangereux qu’il ne l’est, de prime abord. L’équilibre instable des blocs de granite est susceptible d’être rompu, toutes les fois que le camion transporteur roule sur une route à fort tangage ou roulis. Le même cas de figure peut se produire, en cas de choc contre un obstacle, de freinage d’urgence, de circulation sur une déclivité. Autant de situations qui mettent en évidence les lois immuables de la physique qu’on ne peut ni occulter, ni exclure.
Voilà donc des risques constants que prennent les usagers de la route, y compris ces conducteurs de camions qui font à répétition ce trajet d’une soixantaine de kilomètres, réputé pour son encombrement permanent et ses dangers multiples. Il y a lieu de prévenir les périls potentiels qui s’attachent à cette activité. La règlementation en la matière est fort explicite.
Elle porte sur les critères de sélection des véhicules destinés à ce type de transport. S’y ajoutent le contrôle de leur bon état technique, le respect du PTAC et du PTRA et un briefing quotidien à l’intention des conducteurs pour éviter l’excès de vitesse et toute forme d’imprudence à la conduite. La sécurité des usagers est à ce prix.
La chaîne de responsabilités dans la gestion de ce transport d’agrégats est large. Elle part des maitres d’œuvre et d’ouvrage aux conducteurs, en passant par les préposés au chargement dans les carrières et les agents de la sécurité routière (police et gendarmerie).
Chacun d’eux a un mot à dire, un geste à faire pour que ce transport, reconnu d’utilité publique, se déroule paisiblement, sans aucun danger pour les populations.
Gageons qu’il en sera ainsi, tout le temps que ce projet mettra à se réaliser.