Pour le match Guinée-Côte d’Ivoire comptant pour la cinquième journée très déterminante et très enlevée, il était préférable de faire le regroupement à Conakry pour diverses raisons:
La plupart des joueurs évoluant en Europe, il était important de les regrouper à Conakry pour leur permettre de s’adapter au climat et au terrain. Si les Guinéens, avec leurs 10 points déjà, peuvent se permettre un nul pour être qualifiés, même en cas de défaite en Centrafrique, les Ivoiriens, eux, avec leurs 7 points, sont au pied du mur, d’autant qu’ils peuvent deviner une victoire des Centrafricains avec leurs 4 points sur les Rwandais. En cas de match nul à Conakry, ils n’auront que 8 points et les Centrafricains 7. Pour ne pas être pris au dépourvu par le Rwanda lors de la dernière journée, il leur faudrait cravacher à Conakry, ils ne viendront donc pas en touristes. Ça, c’est un paramètre à prendre en haute considération.
La bataille, le combat pour la suprématie des pachydermes sera rude, c’est là que la température risque d’incommoder fortement. Les Guinéens sont-ils mieux préparés à cet effet que les Ivoiriens ? La question est posée. Ce qui revient à dire que le regroupement sous un climat marocain voisin à celui de l’Europe, en ce mois de novembre peut avoir ses inconvénients, à moins que leurs adversaires aient aussi choisi de se regrouper dans l’hémisphère nord…
Ensuite, à chaque fois, la pelouse du 28 Septembre, avec ses trous et bosses, leur semble un terrain inconnu, d’où les pertes fréquentes de balle. Avec les Ivoiriens, les Guinéens ne doivent pas se le permettre, au risque de le payer cash. Lors du match contre le Rwanda, à Kigali on a vu les Guinéens courir après les balles perdues sur la pelouse synthétique. Les pelouses impeccables du Maroc ne préparent pas les joueurs guinéens à des éventualités et aléas du terrain de Conakry. Avec les Ivoiriens blessés, la conservation du ballon est primordiale. On insiste sur ce facteur.
Toujours la même routine pour sortir l’argent des caisses
Certains pensent qu’une semaine d’entrainement sur la pelouse du 28 septembre seraient plus bénéfique que de se regrouper au Maroc pour rendre la facture un peu plus corsée. Dans le passé, les Guinéens, pour préparer une CAN qui se joue au mois de Janvier, sous les tropiques, où la température peut monter jusqu’à 35 degrés, allaient se regrouper, en décembre, en hiver, à Malaga, en Espagne, sous une température de 10 ou 15 degrés. Avec un décalage de plus de 20 ou 25 degrés, quel que soit le niveau de préparation technique des joueurs, les performances iront décrescendo au fil des rencontres. Voilà pourquoi, entre 2004 et 2006, au moment où le Syli National était en plein nuage, il n’a pas pu passer les quarts de finale. On a eu à dénoncer cette magouille. Tout le monde ne sait pas que Malaga est une station balnéaire. En Hiver, les hôtels des stations balnéaires sont en principe fermés. Des malins ont eu l’idée d’aller réserver des hôtels à tarifs réduits de plus de 75% avec services minimum pour les facturer au tarif d’été. Il y avait des ‘’nèm-nèm’’ fabuleux dans cette affaire sur le dos des contribuables guinéens.
Puisque ce match décisif se joue à Conakry et que les nombreux hôtels de la place sont presque en chômage, il était plus intelligent de dépenser nos petits sous à la maison qu’ailleurs…
Sur la sélection de tel ou tel joueur sans club ou manque de temps de jeu dans leur club, le coach ne doit pas aussi verser dans cette autre routine propre à ses prédécesseurs. Il y a des joueurs sans club ou il y a ceux qui n’ont pas assez de temps de jeu et qui peuvent apporter plus de rendements que certains titulaires dans leur club et qui ne rendent pas le jour ‘J’’ avec la sélection…
Anecdote : au moment où la concurrence entre Mory Koné et NjoLea était au paroxysme, dans les années 74-75, pendant les entrainements, on a vu que Mory était plus en verve que NjoLea pendant la dernière semaine. Le jour du match, le staff technique lui avait préféré NjoLea comme titulaire. Et par chance pour NjoLea, il marqua en première mi-temps et il était resté absent pour tout le reste de la rencontre. Mory avait ramassé son sac et était rentré chez lui par frustration, il ne prendra sa revanche que le jour du triplé et surtout lors du tournois d’Abidjan, où il avait fait montre d’une qualité technique qui avait ébloui les Verts de Saint-Etienne.
Si le Syli se regroupe à Conakry, Paul Put allait avoir tous les Guinéens sous la main pour savoir quel titulaire et quel autre est plus en forme. Mais, se baser sur certaine fiche technique envoyées par les clubs n’est pas d’une fiabilité à toute épreuve. Il faut voir et juger chaque joueur à l’œuvre parmi ces coéquipiers, cela ferait éviter des critiques…