Situé à 108 kilomètres de Lola et à 55 kilomètres de Foumbadou, Tignègbèla est l’une des zones les plus isolées de la préfecture de Lola. Ce village n’a pas d’infrastructures. Il n’y a aucune école, ni service de santé, ni piste rurale, ni réseau téléphonique. Ce qui fait que les enfants ne se rendent que dans les champs pour surveiller les animaux.
Une situation que déplore le président du secteur de Tignègbèla, Amara Condé: «nous sommes à la frontière entre la préfecture de Lola et celle de Beyla. Le seul puits du village ne peut approvisionner toute la population. C’est grâce au président du district de Morigbèdou que nous avons eu ça. Il y a des femmes qui font deux heures là-bas avant d’avoir de l’eau. C’est lui qui a fait un puits amélioré.»
Parlant des difficultés Monsieur Amara Condé affirme : « depuis l’indépendance, chez nous ici, il n’y a pas d’école. C’est notre première difficulté. Nous avons beaucoup d’enfants ici qui sont à l’âge d’aller à l’école. Mais ils n’y vont pas, parce que nous n’avons pas d’infrastructure scolaire. Chez nous, pour trouver quelqu’un pour lire une correspondance, ce n’est pas facile. Il faut faire vingt-cinq kilomètres pour aller trouver quelqu’un pour vous la lire. Nous demandons au gouvernement guinéen de nous venir en aide. Partout où il n’y a pas d’école, il n’y a pas d’avancement ni de développement. Le village Tignègbèla souffre du manque d’école. Nous avons été chez nos autorités pour l’affaire d’école. Nous leur avons dit de nousl’eaider à avoir un établissement de trois salles de classe. Nous avons été chez l’ex-sous-préfet et l’ex maire de Foumbadou. Ils n’ont pas pu faire quelque chose. Nous sommes très enclavés, ce qui est regrettable. Nous ne bénéficions pas de l’aide de Lola ni de Beyla. Nous qui sommes à la frontière ici, nous ne bénéficions rien de l’État. Pour avoir la machine de labour, il faut se rendre à Beyla. Même s’il y a des machines à Lola, nous n’avons aucune information de Lola. Ce sont les informations données à la radio rurale de Beyla, que nous suivons. Nous ne recevons pas celles des radios rurales de Lola. L’année dernière, nous sommes partis louer une machine à Beyla pour récolter nos rizières. Les gens sont venus prendre en disant que chaque préfecture a été dotée d’une machine. Malgré qu’on avait payé les frais de déplacement. Nous sommes des cultivateurs, c’est le manque de matériel qui est notre problème majeur dans la localité», a-t-il déploré.
Selon lui, « pour se soigner, il faut venir à Morigbèdou qui a un poste de santé avec un médecin. »
« Chaque matin, les habitants de Tignègbèla viennent à Morigbèdou sur la moto pour se soigner. Dans les cas graves, l’évacuation est très difficile. Dans la localité, il n’y a pas de route ni de piste de bonne qualité. La route est tellement dégradée qu’on a du mal à se déplacer sur la moto. Chez nous, ici, il n’y a pas de voiture pour déplacer un malade ou une femme enceinte. Pour quitter Tignègbèla et rejoindre Foumbadou puis Lola, c’est une bataille sans merci. Il y en a eu deux cette année, ça a été une dépense faramineuse pour les parents. Nous sommes à 40 kilomètres de la commune urbaine de Beyla et à 50 kilomètres de la commune rurale de Foumbadou. C’est Dieu qui a voulu que nous soyons sur Lola. Pour envoyer nos productions dans les différents marchés, comme les chauffeurs de chez nous n’ont pas peur de la mauvaise route, ils viennent des fois. C’est la moto qui est notre moyen de transport. Mais c’est nous-même qui faisons le reprofilage de la route, à la main. On cherche des tronçonneuses pour faire des planches pour les ponts. Nous envoyons nos produits sur la moto, à Foumbadou et à Boola.
Ce n’est pas facile d’être ici. Il n’y a rien chez nous, depuis l’indépendance. Même pas une école, pour permettre à nos enfants d’étudier.
C’est pourquoi depuis des années, nous demandons que Morigbèdou soit érigé en sous-préfecture. Il faut rapprocher l’administration de la communauté. Sinon, nous vivons d’abord dans une ère que le monde a dépassé. Si le Président lit ce papier ou l’un de ses ministres, qu’ils pensent à nous vraiment. C’est la souffrance totale, s’il n’y a pas de route dans la localité. Il faut une nouvelle sous-préfecture. Foumbadou ne peut pas intervenir partout maintenant. Avant, c’étaient des petits villages, mais aujourd’hui, ce sont de gros villages. Si le Président entend notre voix, qu’il nous aide. Nous sommes à 55 kilomètres de Foumbadou et à108 kilomètres de Lola,» a-t-il conclu.