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Mamou : quand les violences conjugales transforment des enfants en menace pour la société

À Mamou, les violences conjugales sont devenues très récurrentes au sein des foyers de cette ville. Les cas de maltraitance semblent ne jamais prendre fin. De véritables bourreaux infligent l’enfer à leurs épouses : maltraitances, bastonnades, coups et blessures, tortures, autant d’atrocités commises contre celles qui sont censées tenir le foyer et éduquer les enfants. Les conséquences sont désastreuses, car les enfants victimes de ces violences conjugales se transforment en véritables menaces pour la société.

La brigade de l’OPROGEM (Office de Protection du Genre et des Mœurs) du commissariat central de police de Mamou reçoit de nombreuses plaintes. Le Colonel Alpha Bangoura, chef de la brigade, indique : « Nous gérons divers types de violences au sein de notre service : violence conjugale, agression sexuelle, enlèvement, grossesse non désirée, abandon de famille, violence psychologique (comme refuser de manger ce que la femme a préparé), coups et blessures volontaires qui peuvent parfois entraîner la mort. »

En juin dernier, dans la sous-préfecture de Ourekaba, un homme a administré des coups à sa femme jusqu’à lui arracher les mâchoires. La victime a dû rester hospitalisée pendant une longue période. La direction préfectorale de la promotion féminine, de l’enfant et des personnes vulnérables de Mamou, ainsi que l’OPROGEM, sont les premiers services contactés dans de tels cas. Mariama Penda Baldé, directrice préfectorale, explique : « Lorsque nous sommes informés, nous constatons les faits. Nous convoquons d’abord l’époux pour discuter de la situation. Ensuite, nous appelons les parents du couple et les deux conjoints pour un arrangement à l’amiable. Nous procédons à une sensibilisation sur les devoirs de chacun et les faisons signer un engagement pour qu’en cas de récidive, nous les renvoyions à un service plus compétent (la gendarmerie ou la police) pour une procédure normale. S’il y a trop de violences, cela peut mener au divorce. »

Le législateur guinéen a prévu des sanctions en matière de violence conjugale. Daman Kourouma, substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Mamou, rappelle certains articles qui répriment la violence : « Le code pénal guinéen, dans son article 248, dispose que les violences, coups et blessures volontaires entre époux sont punis suivant leur gravité, avec des peines prévues aux articles 239 à 243 du présent code. Les infractions de coups et blessures volontaires sont punies d’un emprisonnement de 16 jours à 2 ans et d’une amende de 500 000 à 1 million de francs guinéens, ou l’une de ces deux peines seulement. Lorsque l’incapacité de travail résultant des coups et blessures est de moins de 20 jours (l’évaluation étant faite par le médecin), la sanction est moins sévère. La sanction est plus sévère lorsque l’incapacité de travail dépasse 20 jours. »

Les enfants ne sont malheureusement pas épargnés lorsqu’il y a divorce. Madame Penda déclare : « Les conséquences néfastes retombent toujours sur les enfants. Ils en sont toujours les victimes. Lorsque les parents ne sont plus responsables, les enfants en souffrent. Après le divorce, l’éducation peut manquer, et ce sont les enfants qui en souffrent, devenant ainsi des délinquants dans la rue. »

« En cas de divorce, nous obligeons l’époux à payer une pension alimentaire pour les enfants, à veiller sur leur éducation et leur santé, ainsi qu’à les surveiller de manière totale. Nous le faisons signer un engagement à cet effet », ajoute le Colonel Alpha Bangoura.

Parmi les conséquences des violences conjugales sur les enfants, la radicalisation est une réalité. Ibrahima Sory Camara, psychologue, explique comment la violence au sein du foyer entraîne la radicalisation des enfants : « Je voudrais tout d’abord souligner que l’enfant est un excellent imitateur. Lorsque l’enfant grandit dans un environnement familial où les parents ne vivent pas en harmonie, il devient malheureusement témoin des conflits sans en être l’auteur. L’enfant observe son père insultant, battant et humiliant sa mère. Face à cette situation, l’enfant se radicalise, se sentant impuissant. En retour, il manifeste son hostilité envers son père, car il est lié émotionnellement à sa mère. Si cela n’est pas correctement traité, il peut se rebeller, n’ayant pas la force physique pour s’opposer directement. Il remet en question l’autorité de son père et les liens familiaux. À l’école, il peut devenir insolent, car il a entendu son père insulter à la maison, ou agressif, car il a vu son père recourir à la violence. »

De ce fait, l’enfant se retrouve souvent dans la rue et devient une menace pour la société. Le Colonel Alpha Bangoura souligne : « Lorsque la situation entre le père et la mère se dégrade, les enfants en sont les premières victimes. Ils délaissent les études car ils ne mangent plus correctement à la maison. Le père ne les soutient pas et la mère est absente. Ils peuvent abandonner l’école coranique et s’adonner à la délinquance avec leurs amis. On les trouve souvent dans les décharges publiques, ramassant des objets métalliques ou en aluminium. Ils s’intéressent petit à petit à l’argent, et la plupart des enfants impliqués dans des actes criminels à Mamou proviennent de foyers où il y a eu divorce ou violences conjugales. »

Ibrahima Sory Camara justifie la radicalisation de l’enfant : « Généralement, après un divorce, le père se remarie. C’est cette autre femme qui va s’occuper de l’enfant. L’enfant ne ressentira pas le même amour que lui apportait sa mère biologique. Lorsqu’il est réprimandé, c’est cet enfant qui en fait les frais. Lorsqu’il est battu, c’est cet enfant qui subit les coups. Lorsqu’il ne reçoit plus l’affection maternelle qu’il avait l’habitude de recevoir, il prendra ses distances et quittera le foyer de son père. Il se retrouvera alors dans des environnements dangereux où des individus plus âgés se posent en modèles pour lui enseigner l’art de mal faire. On lui apprendra à fumer de la cigarette pour soulager ses soucis. On lui apprendra à consommer de l’alcool. On le poussera à voler dans le quartier. Il croira que tout ce qu’il fait est juste, et il finira par maîtriser les techniques de manipulation et même des armes. »

En ce qui concerne les enfants en conflit avec la loi, des mesures sont mises en œuvre pour les encadrer à la maison centrale. L’officier de l’OPROGEM indique : « Lorsqu’il s’agit d’enfants en conflit avec la loi ou en contact avec elle, ils peuvent être là pour vol de téléphones ou de sacs à main, par exemple. Dans ces cas-là, nous faisons appel aux services de la promotion féminine et de l’enfance. Si le vol est avéré, nous interpellons le receleur, qui sera confronté aux dégâts. L’équipe mobile de l’action sociale et les ONG collaborent avec la justice pour mettre provisoirement l’enfant sous la garde de ses parents ou d’un tuteur. »

Madame Mariama Penda Baldé ajoute : « Concernant les enfants en conflit avec la loi, nous avons accès à la prison civile par le biais de la justice. Nous plaidons en leur faveur et les récupérons pour les réinsérer. En prison, ils ont l’occasion d’apprendre des activités sociales et professionnelles. »

En conclusion, il est évident que la violence conjugale n’apporte aucun avantage au couple. Des appels incessants à la cohésion et à l’entente sont lancés, car il est essentiel de protéger les enfants des discordes et des incompréhensions qui peuvent découler de ces violences conjugales.

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