Ce jeudi 1er juin, les populations de Kassonyah, une localité de Coyah située dans la périphérie de Conakry, était en liesse. Pour la première fois, un pont digne de nom va faciliter l’accès à leur localité qui est presque coupée du reste de Coyah par un bras de mer. En plus d’isoler Kassonyah, la raie a souvent fait des morts et des portées disparues pendant ses périodes de crue. Dans 30 mois au plus tard, un pont d’une longueur de 7 489 mètres et 7 mètres de largeur devrait remplacer le pont métallique qui a jusqu’ici résisté tant bien que mal à la montée des eaux. L’infrastructure de franchissement est couplée à une route de 5 kilomètres reliant Kassonyah à Bentourayah.
« Aujourd’hui, les mots nous manquent pour apprécier la pose de première pierre de cet ouvrage. Nous sommes ragaillardis par l’acte », s’en est réjoui Alseny Bangoura, habitant de Kassonyah qui se souvient de tout le calvaire de ces concitoyens dont le paroxysme serait la collision entre deux pirogues qui avait fait 7 mort et une vingtaine de disparus en 2018. « La population de Kassonya a souffert durant plusieurs décennies… Nous avons vu nos grands-pères utiliser des moyens rudimentaires pour faire face au défi […] A l’époque, des caïmans s’attaquaient aux hommes », relate la soixantaine révolue. Le premier pont en béton a été construit en 1962. Mais il n’aura duré que deux ans avant d’être complètement détruit par l’imprudence d’une autorité militaire qui avait fait passer là-dessus une machine trop lourde devant se rendre à sa plantation qui s’y trouvait… Ce n’est qu’en 2018 qu’un pont métallique de fortune a été construit sur la ria.
« On dirait qu’on m’a donné des milliards aujourd’hui. Tellement que je suis content… C’est le processus de désenclavement total de Kassonya qui démarre ce jour. Nous ne pouvons que remercier et féliciter le président de la transition pour cet acte fort et plein de sens », a déclaré pour sa part le préfet de Coyah, le colonel Yaya Kalissa.
Un projet de cinq ouvrages
La cérémonie de lancement devait être présidée par le Premier ministre Bernard Goumou. Mais elle sera finalement faite par le ministre des Infrastructures et des Travaux publics, El Hadj Gando Barry qui avait à ses côtés le préfet de Coyah, les autorités communales de Kassonyah et Bentourayah, des leaders de l’entreprise néerlandaise Ballast Nedam – en charge des travaux – et une délégation de l’Ambassade des Pays-bas. « Le Président de la transition a pour vision d’améliorer la fluidité du trafic et de faciliter l’accès à tous les quartiers. C’est dans ce cadre que s’inscrit ce projet qui est extrêmement important pour le gouvernement de transition. Il permettra de désenclaver, connecter les quartiers et populations qui ne sont pas aujourd’hui à même de communiquer facilement », a déclaré le ministre. En effet, le pont de Kassonyah fait partie d’un projet de construction de cinq infrastructures de franchissement dont quatre à Conakry. Le tout, pour un coût total de 59 990 339 euros. Cependant, Kassonya, dont la réalisation va coûter 17 207 512 euros, est le plus important. « Je vous invite de continuer à soutenir cette entreprise à réaliser ce projet pour qu’avant les délais, les 5 ouvrages soient inaugurés par le président de la transition », a-t-il adressé aux populations de Kassonyah.