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Les lendemains de manifestations : qui a gagné, qui…a perdu ?

Il est évident qu’à ce jour, l’inventaire exhaustif du nombre de manifestations que notre pays a connu, depuis les années 1990, est difficile à dresser. Pour la simple raison qu’en la matière, nous sommes, à tout considérer, parmi les mieux ‘’servis’’.

Notre pays a enregistré, de façon récurrente, des manifestations d’obédience politique, corporative (syndicale) ou sociale (hausse du prix du carburant) qui ont toujours eu un dénominateur commun à la fin : la destruction et la violence, hélas, souvent meurtrières. Même si, au demeurant, ces manifestations n’ont pas le même contenu, ni la même envergure, les suites de chacune d’elles, ont invariablement abouti à la même finalité que celles évoquées ci-avant.

On retiendra également, qu’aussitôt son déroulement, les protagonistes concernés par la manifestation (organisateurs et autorités) revendiquent, chacun de son côté, la victoire sur l’autre camp. C’est à qui clame plus haut et plus fort, qu’il a été le vainqueur absolu dans la ‘’confrontation’’ qui a eu lieu.

Eh, oui ! Nous parlons bien de confrontation, puisque chez nous, cette finalité est en passe de figurer dans nos traditions. Déjà, l’ancrage est fait, l’habitude est acquise. C’est presque enraciné dans notre culture, en tout cas dans nos usages, de transformer toute manifestation annoncée en élément de protestation qui finit, hélas, dans la folie meurtrière.

Pourtant, le mot manifestation a bien des synonymes qui sont plutôt apaisants que guerriers. C’est le cas de rassemblement, cortège, expression, etc.

Dans maints pays, surtout en occident, il arrive qu’une manifestation soit décidée, pour divers motifs. Mais, en général, on remarque que celle-ci se déroule toujours dans un ordre parfait. Elle part d’un point préalablement défini pour finir à un autre. Après quoi, tout le monde se sépare. Bien entendu, ce mouvement, animé et sonorisé, est parfaitement encadré par les responsables de la structure organisatrice. Et les forces de l’ordre sont toujours présentes, pour parer à toute éventualité. Elles accompagnent discrètement les manifestants, d’un point à l’autre de leur procession.

Chez nous, au sortir de chaque événement similaire, même quand il a été émaillé de mort d’homme, le discours que tient chaque camp est la parfaite antithèse de l’autre. D’un côté, on entend dire : « nous avons étouffé le mouvement. Voyez tous les dégâts causés. L’intention de troubler l’ordre public et de paralyser la ville a échoué. Ils ont été vite dispersés. Nous sommes déterminés à contrer toute récidive. »

De l’autre camp, c’est un autre son de cloche qui nous parvient : « nous les avons secoués. La panique s’est installée dans leurs rangs. Ils ont eu vraiment peur. Nous les avons poussé à la faute. Nous avons réussi à tout bloquer, tout paralyser : la circulation, les activités… »

A écouter ces deux points de vue, l’on se rend compte que chacun proclame sa vérité et sa victoire, avec les arguments qu’il juge probants. Chacun d’eux se réclame gagnant. Après tout, il se pourrait qu’ils n’aient pas tort. Malgré que cela ne soit pas de l’ordre du possible.

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Il y a donc bien un perdant. Lequel c’est ?

Il est évident que tout le monde ne peut pas gagner à la fois. Il faut bien qu’il y ait un perdant.  Et ce dernier est celui que nous avons tous en partage et que nous disons aimer bien fort : notre beau pays !

Quand on comptabilise les morts, les blessés, les dégâts matériels, ce sont toujours des guinéens qui sont concernés. Quand on évalue le budget alloué pour le rétablissement de l’ordre public menacé ; les pertes financières qu’entraîne l’arrêt ou le ralentissement des activités administratives, économiques et sociales ; quand on pense à l’effritement du tissu social ; à l’image écornée que nous présentons aux autres, etc. C’est, au final, encore et toujours la Guinée, notre beau pays qui perd !

Notez bien que, si cette tendance au déchirement, aux troubles et à la violence ne s’infléchit pas, d’autres conséquences peuvent, à court, moyen ou long terme, s’ajouter à celles, ci-avant citées. Nul doute que leur effet va impacter négativement, notre pays. Et cela, dans tous les sens du terme.

Gardons-nous donc d’en arriver là, pendant qu’il est encore temps !

Pour ce faire, les excès et la surenchère de mots ou de comportements sont à éviter. Les attitudes et propos belliqueux, arrogants, haineux ou incitatifs à la stigmatisation et au rejet de l’autre.

L’altérité est une réalité propre à toutes les sociétés humaines. Plutôt que d’être une source de divergence, d’inégalité et de désaccord entre les hommes, elle est un vecteur de complémentarité et d’enrichissement mutuel qui les unit. Ajoutons-y le paradoxe qui surprend plus d’un et qu’il faut toujours intégrer dans notre compréhension des phénomènes de société : les hommes ne sont jamais parfaitement unanimes, face aux questions qui se posent à eux.

Citons, parmi tant d’autres, deux adages qui illustrent la pertinence de la sagesse populaire de chez nous. Ils attestent que notre culture prend bien en compte, l’essence même de cette thématique : « il faut se rassasier de nourriture et non de paroles » ; « c’est à deux qu’on casse un bras : un qui le tord et l’autre qui résiste à la torsion. »

A nous de méditer ces réflexions pour déterminer la direction que doit suivre notre pays !

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