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La septième génération de la descendance du Prince Abdou-Rahman de Timbo annoncée en Guinée 

Du 19 au 28 décembre courant, est annoncée en Guinée l’arrivée d’une importante délégation de la septième génération du Prince du Fouta, Abd al-Rahman Barry. L’annonce est faite par le Haut Conseil des Anciens de Timbo.

A cet effet, plusieurs activités seront réalisées tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Notamment à Mamou, Labé, Boffa et Boké.

Cette visite de la septième génération de la descendance du Prince d’Abdou-Rahman est comme une sorte de pèlerinage. Il est prévu la visite du Mausolée de l’Almamy Ibrahima Sori Mawdho à Labé, père du Prince d’Abdou-Rahman.

A cela, s’ajoute la visite des sites négriers de Boffa et de Boké. A l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry le lundi 21 décembre, aura lieu un symposium marqué par des débats sur d’alléchants thèmes tels que : « Le Fouta théocratique », « La vie d’Abdou-Rahman Ibn Sori et le commerce triangulaire transatlantique » et « La descendance du Prince d’Abdou-Rahman Ibn Sori ».

Qui est le Prince Abd al-Rahman ?

Selon un document que Guinéenews a parcouru, Abd al-Rahman Barry, fils de l’Almamy Ibrahima Sori Mawdho, est né à Timbo, en 1762. A sept ans, il débute ses études coraniques. A douze ans, son père l’envoie étudier successivement à Djenné (Macina) et à Tombouctou, dans l’actuelle République du Mali.

A dix-sept ans, il revient au Fouta et intègre l’armée de son père, en servant dans la cavalerie. En 1781, lors d’une expédition contre les Bambara, sous la conduite de son oncle Souleymane, il prouve ses qualités de guerrier. Son oncle étant tué, il prend ma direction de la cavalerie et tue le chef Bambara dont l’armée est incendiée dans un piège.

La même année, un irlandais nommé Dr John Coates Cox, médecin d’un bateau ancré sur la côte, vient à la chasse et se perd, en s’enfonçant de plus en plus à l’intérieur du pays.

On signale à l’Almamy la présence de cet homme blanc et il ordonne de l’amener à Timbo où il arrive très malade. L’Almamy lui offre l’hospitalité, le fait soigner et le marie.

L’irlandais devient un ami intime d’Almamy Abd al-Rahman mais demande, après six mois de séjour, l’autorisation de repartir. Il donne au revoir à sa femme en état de famille et à Abd al-Rahman, remercie l’Almamy qui met à sa disposition une escorte pour sa protection jusqu’à la côte. Il a le bonheur de retrouver le même vaisseau venu d’Amérique.

Quelques années après, l’Almamy Abd al- Rahman se marie et en 1786, gagne un enfant baptisé Al-Housseini. En 1788, il reçoit l’ordre de son père d’aller au Rio Pongo combattre les Heboh (ou Houbbou) qui s’attaquaient aux navires et caravanes faisant du commerce avec le Fouta.

Il détruit plusieurs localités. Ne sentant pas de résistance de la part de l’ennemi, il renvoie l’infanterie à Timbo et reste avec une cavalerie de trois cents soldats. Et c’est alors qu’il se fait prendre dans un piège. Blessé par un coup de feu, il tombe, inconscient.

Lorsqu’il reprend conscience, il comprend qu’il est prisonnier de guerre avec ses compagnons. Malgré son insistance à payer une rançon pour recouvrer sa liberté, il est vendu comme esclave à des traitants mandibules.

Son père, mis au courant de la malheureuse situation, envoie une expédition punitive brûler les villages de la région. Mais l’Almamy Abd al-Rahman et ses compagnons étaient déjà loin, en route pour le Ngabou, puis la Casamance et le village de Niani-Marou, au bord du fleuve Gambie.

De cette localité, les esclaves sont embarqués dans le navire Africa en direction de l’Amérique.

En 1788, à l’âge de 26 ans, Abd al-Rahman est acheté par le fermier Thomas Foster vivant à Natchez, dans le Mississipi. Il explique à son maître qu’il est fils de Roi et exprime le souhait d’obtenir sa liberté contre une rançon.

Refusant de travailler aux champs, l’Almamy Abd al-Rahman est attaché et battu. Il parvient à s’enfuir et à se cacher. Mais ne connaissant ni le pays, ni la langue et refusant de se suicider par respect pour sa religion qu’est l’Islam, il se résigne à revenir chez son maître et à se soumettre à sa condition d’esclave avec dignité. D’où son nom « Prince ».

En 1807, désormais âgé de 45 ans, Abd al-Rahman, en vendant des pommes de terre, rencontre au hasard le Dr Cox qu’il reconnaît aussitôt. Il aborde l’irlandais qui le reconnaîtra à son tour.

En signe de reconnaissance, Dr Cox fait tout son possible jusqu’à sa mort en 1816, pour obtenir le rachat d’Abd al-Rahman, afin de le faire ramener libre à Timbo. Mais il se voit toujours opposer le refus de son maître Foster.

Andrew Marschalk, un anti esclavagiste suggère alors à Abd al-Rahman d’écrire une lettre en Arabe au Roi du Maroc.

Ce dernier, comprenant qu’il était musulman quoique non marocain, adresse une lettre au Président américain, plaidant pour la liberté d’Abd al-Rahman ; lettre qui parvient au Secrétaire d’État Henry Clay.

Pour le gouvernement des États-Unis, c’est une belle occasion d’établir de bonnes relations avec le Maroc et l’État du Fouta Djallon.

Henry Clay écrit à Foster pour le rachat d’Abd al-Rahman. Après plusieurs lettres et pressions de la part du Département d’État, Foster accepte en fin de lui rendre sa liberté, à condition qu’on le ramène en Afrique.

La cause d’Abd al-Rahman est également défendue par la Société américaine de colonisation ayant facilité l’installation de colons au Libéria, ainsi que par des groupes d’abolitionnistes de l’esclavage et par des Africains libres du nord des États-Unis.

1828 étant une année pour la campagne en vue des élections présidentielles, Abd al-Rahman, dès la signature de son acte de libération par Foster, se rend au nord des États-Unis où les abolitionnistes favorables au président en exercice John Quincy Adams l’utilisent à fond dans leur lutte contre les esclavagistes partisans du candidat sudiste, organisant dans les principales villes des meetings, banquets et interviews à l’occasion desquels on collecte des fonds pour obtenir la libération de sa femme, de ses enfants et petits-enfants.

Il a l’honneur d’être reçu à la Maison blanche par le président John Quincy Adams auquel il demande la faveur d’être embarqué plutôt pour le Libéria que le Maroc. Ce qui lui permettrait de regagner plus facilement le Fouta.

Le 7 février 1829, Abd al-Rahman et sa femme Isabella, née esclave en 1769 aux États-Unis et devenue son épouse en 1794, prennent le départ pour le Libéria à bord du bateau Harriet. Et le 18 mars 1829, le vaisseau atteignit Monrovia.

A son arrivée, il apprend que l’Almamy Yaya régnant à Timbo était son frère de la branche Sorya. Il écrit à ses amis d’Amérique qu’il attend la fin de la saison des pluies ayant débuté à la mi-mai pour revenir chez lui à Timbo et aider à établir des relations amicales et commerciales.

Le sort en décide autrement. En fin juin, il est atteint d’une diarrhée dont il meurt le 6 juillet 1829, à l’âge de 67 ans, après 41 ans de servitude.

Le 1er septembre de la même année, son maître Foster meurt aux États-Unis. Les enfants et petits-enfants d’Abd al-Rahman sont alors partagés entre les héritiers, son fils Simon (avec sa femme Hannah et leurs enfants Simon, Susan, Cresy, Nancy et Hester) et son fils Lee, dont on a obtenu la libération contre 3100 dollars, émigrent au Libéria en 1830 où ils retrouvent Isabella, la veuve d’Abd al-Rahman, tandis que ses autres enfants et petits-enfants demeurent en esclaves au Mississipi pour refus de leurs maîtres de les vendre.

Aujourd’hui, la descendance du Prince d’Abdou-Rahman est établie au Libéria et aux États-Unis.

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