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Braquages routiers : le phénomène refait surface

Les coupeurs de route ont repris du service. Il fut un temps où on a pensé qu’ils célébraient une année sabbatique, tellement ils s’étaient fait silencieux. Mais, en vérité, il n’en était rien. Que de l’illusion !

Voici que nos routes sont à nouveau confrontées à leurs assauts meurtriers qui n’ont rien à voir avec les accidents de la circulation dont nous nous préoccupons chaque jour. Il s’agit avec ces quidams, de braquages de véhicules. Ceux qui s’en rendent coupables sont toujours munis d’armes de guerre. Le comble c’est qu’ils n’hésitent pas à en faire usage dans la commission de leurs forfaitures. De nombreux usagers qui fréquentent l’intérieur du pays en font les frais. Ces bandits de grand chemin s’emparent sans sourciller de tous les objets de valeur que les passagers détiennent par devers eux (numéraires, téléphones, bijoux…) et gare à celui qui tente de leur opposer une quelconque résistance ou au chauffeur qui refuse de s’arrêter à leurs sommations. Ils n’hésitent pas à faire feu sur l’intéressé ou à tirer au jugé, sur le véhicule.

Plein de fois, il s’en est suivi des morts d’hommes et des blessés. Votre quotidien électronique s’en est toujours fait l’écho, de même que nos confrères de la presse nationale et l’opinion publique, à travers les réseaux sociaux. On comprend bien que ce phénomène soit considéré par tout le monde, comme une urgence et une priorité nationale à circonscrire et à enrayer à tout prix. C’est un vrai défi que posent ces coupeurs de route en tentant, par leurs agissements, de compromettre le droit inaliénable et imprescriptible reconnu aux citoyens, de circuler librement dans leur pays. Ils ne sont pas loin d’y parvenir, ayant déjà réussi à semer la psychose et la peur dans l’esprit de nombreux automobilistes et voyageurs.

C’est ainsi que rares sont ceux qui, à l’heure actuelle, se hasardent à voyager la nuit. Depuis un certain temps, les chauffeurs, à partir de la ville carrefour -Mamou-, sont invités à garer leurs véhicules à partir de 18 heures, vu que même les voyages groupés qu’ils organisent pour se prémunir du danger, n’ont pas suffi à les protéger des attaques. C’est ainsi qu’au départ de Mamou, ville considérée comme l’épicentre du phénomène, la méfiance est totale. Que ce soit sur la RN1, en direction de Kindia ou de Dabola, la RN2 vers Faranah ou la RN5 vers Dalaba, on n’est guère rassuré de prendre la route. Tous les véhicules sont susceptibles d’être attaqués, surtout ceux assurant le transport en commun de voyageurs (taxis et minibus).

La répétition de ces agressions a fini par éroder la patience et la tolérance des syndicats. La fédération  professionnelle des chauffeurs et de la mécanique générale a pris le relais pour poser le problème à leur inter centrale (la CNTG). Depuis  l’attaque perpétrée dans la nuit du jeudi au vendredi dernier à Tamagaly-boucherie (Mamou) contre un véhicule en provenance de Labé pour Conakry et qui a fait un mort et plusieurs blessés, ils sont vent debout ! ils demandent aux autorités compétentes de mettre fin à cette situation gravissime que les populations ( chauffeurs et voyageurs) vivent sur la route.

Une rencontre est d’ailleurs prévue à cet effet à la bourse du travail. Nous attendons une réponse efficace pour apporter une solution définitive à ce phénomène qui est devenu un véritable fléau pour notre pays.

L’on se rappelle que c’est au début des années 2000 que ce phénomène a germé chez nous. Depuis lors, certains adeptes de ces crimes sont tombés dans les filets de la sécurité. Ils ont eu les coudées franches pour fourbir leurs armes et affûter leur modus operandi. On peut dire qu’ils ont atteint un niveau élevé de nocivité et de malveillance. Leurs victimes nous le narrent aujourd’hui. Dommage qu’on ne soit pas encore parvenu à anéantir une fois pour toutes, ce réseau de criminels.

Nous osons croire qu’à la rencontre prévue pour débattre de ce sujet à la CNTG, on ne passera pas par des raccourcis pour juste colmater les brèches, baisser la tension et se donner du répit. Ce ne sera que perte de temps, puisque le problème reste en l’état et sinon, s’aggrave même entretemps. C’est le cas, par exemple, si on demande la réinstauration des barrages routiers, de triste mémoire. Il y en a bien qui y pensent ! On se rappelle d’ailleurs, qu’au-delà d’avoir toujours été fortement réprouvés par maints citoyens qui y ont subi moult retards et  tracasseries, cesdits barrages n’ont jamais dissuadé les coupeurs de route.

Des pistes de solutions existent pour en finir avec ce phénomène préoccupant. Entre autres, le renforcement des équipements des forces de sécurité, notamment la gendarmerie routière qui évolue en rase campagne, domaine de prédilection des coupeurs de route pour la commission de leurs forfaits. Certes, des efforts ont été faits depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir, mais il reste encore beaucoup à faire. Pour peu qu’on accroisse le nombre de motos, les agents vont pouvoir sillonner l’essentiel des artères sur lesquelles les attaques sont perpétrées. L’effet de ces patrouilles régulières peut être très dissuasif. Encore plus, quand elles ont lieu la nuit et que les agents, au-delà d’être armés, disposent de moyens de radiocommunication de grande portée, leur permettant de rester en contact permanent avec leur base qu’ils informent en temps réel de ce qu’il se passe sur le terrain.

Ajoutons à cela que l’amélioration de l’état des routes, l’immatriculation du parc automobile, ainsi que le développement du transport interurbain constituent également des solutions. Les braqueurs opèrent souvent à l’aide d’engins (auto ou moto) sans immatriculation et quand ils choisissent d’attendre leur proie, au lieu de la poursuivre, ils sont comme les fauves. Ils montent à l’affût, pour ne pas dire qu’ils tendent une embuscade. L’endroit recherché pour cela est toujours un lieu où la chaussée est fortement dégradée, convaincus à l’avance, que le véhicule qu’ils visent va ralentir ou s’arrêter un moment, pour franchir sans risque, un dos d’âne mal façonné ou une ornière. On a remarqué également que ces malfaiteurs ne déclenchent leurs opérations que dans les zones à faible densité de circulation, où ils sont rassurés de ne pas être dérangés.

S’agissant toujours des moyens de lutte, il en existe un qui constitue le meilleur remède contre ce mal. C’est l’appui des populations. Un recours déterminant pour enrayer à coup sûr le phénomène. Nous savons les efforts consentis par les autorités en charge de la sécurité. Beaucoup a été fait pour lutter contre ce fléau. De nombreuses dispositions et initiatives ont été prises, mais qui n’ont pas eu l’effet escompté. Essentiellement par manque d’accompagnement et de suivi.

Tout cela peut radicalement changer, dès lors qu’on met les populations à contribution. Elles sont concernées au plus haut point dans ce phénomène, d’autant que c’est bien elles qui voyagent et qui sont donc les victimes potentielles de ces malfaiteurs. Il suffit qu’on les organise, qu’on sollicite leur collaboration et la lutte sera victorieuse. Rien ne peut échapper à la vigilance d’un peuple engagé dans une lutte contre un mal qui le menace et lui porte préjudice. Quand la sécurité obtient ce soutien et qu’elle le pérennise, il n’y a pas à douter que l’objectif recherché soit atteint. Nous lui laissons le soin de déterminer elle-même, les stratégies d’approche à mettre en œuvre, pour établir les ponts de cette synergie gagnante.

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