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Fistule obstétricale: : Dr Nafadima Diawara dresse un état des lieux de cette maladie répandue en Guinée forestière

La fistule obstétricale est une grave pathologie qui survient lors d’un travail prolongé en l’absence des soins obstétricaux. Devenue très fréquente dans la préfecture de N’Zérékoré, cette pathologie affecte une trentaine de femmes qui sont prises en charge chaque six mois par des ONG, œuvrant dans la lutte contre la maladie. Elle se manifeste par l’écoulement des urines et la défécation involontaire.

Interrogée sur la question ce vendredi 05 août 2022, Dr Nafadima Diawara, médecin cheffe de la maternité de l’hôpital de N’Zérékoré, a expliqué les causes, les conséquences, la prévention et les modes de traitement de cette maladie honteuse devenue un problème de santé publique en Guinée.

« La fistule obstétricale est la communication des organes génitaux internes. Les organes urinaires, la vessie avec le vagin. La plupart des causes est l’accouchement non assisté ; qui n’est pas fait par un personnel qualifié. L’accouchement a des étapes qu’il faut suivre pour éviter la première complication des fistules. Parce qu’au cours du travail, la vessie peut être comprimée par l’utérus qui augmente de volume au cours de l’accouchement. Donc si la vessie est pleine et qu’elle n’est pas vidée, la tête de l’enfant ou la tête peut comprimer et laisser des équimoses à travers la vessie. Après l’accouchement, dans une ou deux semaines, la partie nécrosée peut tomber. Parce qu’elle est déjà morte. Ça va créer le trou entre l’utérus et le vagin, l’urine va couler à travers cette fistule survenue au cours du travail. Le rein produit permanemment parce qu’on boit de l’eau donc ça doit sortir. Mais il y a aussi le rectum qui est en bas de l’utérus qui est situé au milieu du clitoris et l’anus où les sels se posent avant d’être évacués par l’anus. »

Dr Nafadima Diawara a ensuite ajouté : « que tous ces organes sont en mouvement au cours du travail. Quand la tête frotte beaucoup le rectum on assiste ainsi à la fistule recto vaginale. Dans ce cas les sels sortent vers la partie qui a créé la communication. Si c’est une fistule obstétricale, ces sont les selles qui viennent dans le vagin, et si c’est une fistule vésicale, ce sont les urines qui viendront dans le vagin », a expliqué la gynécologue en service à l’hôpital régional de N’Zérékoré.

Tout en relevant que les conséquences de la fistule obstétricale sont énormes. Elles sont sociales, économiques et surtout psychologiques.

«La femme sera marginalisée par certains maris, par tout le monde, la famille voire la communauté. Donc elle sera rejetée. Elle est chaque fois isolée, elle n’a pas le temps d’aller vers ses amis. Soit ce sont les urines qui sentent ou les selles, c’est désagréable. Ce sont des femmes qui sont souvent rejetées par les maris, la communauté. Et si elle est commerçante d’aliment par exemple, elle est tentée d’abandonner le commerce, parce que personne  ne voudra acheter ce qu’elle vend. Chaque fois mouillée, moralement avec ça, la fistuleuse ne peut pas être à l’aise. Personnellement, elle ne va pas se sentir bien », a indiqué notre interlocutrice.

Cependant la fistule obstétricale n’est pas une fatalité, selon elle. Car pouvant être évitée et soignée.

« Pour l’éviter, c’est de faire les accouchements assistés par un personnel qualifié. Malheureusement, c’est tout le monde qui fait l’accouchement. Des agents qui n’ont même pas fait l’école de santé qui sont dans les cliniques des quartiers à N’Zérékoré ici. Aussi des agents qui ont fait les écoles de santé  et  qui ne sont pratiquement pas formés. Dès qu’elles ont des diplômes elles s’y lancent, chacune a son cabinet et clinique. Elles font l’accouchement sans connaître les dangers et ce qu’il faut faire. Ce sont ces complications qui viennent malheureusement tard dans les centres de santé et à l’hôpital. Le mieux c’est d’aller accoucher dans les centres de santé ou à l’hôpital pour éviter cette complication », a conseillé Dr Nafadima Diawara.

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Le mode de traitement est toujours chirurgical mais avec un coup énorme. Ce sont les ONG, notamment l’UNFPE qui vole au secours des patientes

«Le traitement est chirurgical.Et le coup est malheureusement très élevé. C’est le lieu de remercier l’UNFPE, qui vraiment, aide beaucoup de femmes dans la prise en charge de ces fistules vésico vaginales. Il y a de cela une semaine que nous avons libéré plus de 10 femmes et la réussite a été 100%, s’il faut le dire ainsi. Donc le traitement est chirurgical, parce qu’il faut fermer le trou qui s’est créé. Après la fermeture, on utilise les antibiotiques et les antalgiques. Mais c’est à 90% chirurgical », a-elle-réitéré.

Une trentaine de patientes sont prises en charge à chaque six mois. Et par honte, les acteurs de santé sont obligés d’aller vers elles dans leur communauté respective.

« Ce sont les maris ou parents qui doivent accompagner les fistuleuses à l’hôpital. Mais quand elles sont rejetées, elles se disent que tout est fini. Leur vie est terminée. Rarement elles viennent consulter. Sauf quelques unes qui sont accompagnées par leurs maris. Parce qu’il y a des maris et des parents qui sont très gentils. Sinon c’est généralement pendant les campagnes où nous sommes obligés d’aller dans les communautés pour venir les aider dans la ville et les logés, la nourriture, le transport, la prise en charge sanitaire …  Certaines ont honte de dévoiler la maladie et c’est pourquoi c’est nous les femmes qui partons vers elles. On a compris qu’elles n’ont pas d’interlocuteur, elles ne savent pas où aller. Il y en a beaucoup. Chaque six mois. C’est lors de la dernière campagne qu’on en a pris dix, sinon c’est souvent une trentaine ce, depuis 2014 », a-t-elle précisé.

Les jeunes femmes dont l’âge varie entre 17 et 30 ans. « Récemment, parmi les 10 femmes que nous avons suivies, une seule ville de 75 ans et une femme de 35 ans ont été enregistrées. L’âge des huit (8) autres variait entre 17 et 25 ans. Donc ce sont des jeunes dames qui sont souvent nombreuses », a précisé Dr Nanfadima Diawara, gynécologue, médecin cheffe à la maternité de N’Zérékoré.

Elle soutient que la fistule obstétricale constitue un problème de santé publique avant d’inviter les femmes à se faire consulter par un personnel qualifié lorsqu’elles sont en situation de travail afin d’éviter la pathologie.

« C’est un problème de santé publique aujourd’hui, parce qu’il y en a beaucoup. Et le grand conseil c’est de faire un accouchement par un personnel qualifié. Il faut ça pour vraiment éviter cette maladie. Alors c’est le lieu de dire à toutes les femmes dans les communautés, en ville ici c’est faire l’accouchement par un personnel qualifié pour éviter cette maladie », a-t-elle lancé.

« Il faut préciser que les femmes guéries de la fistule obstétricale ne peuvent plus accoucher par voie basse. Il faut la césarienne prophylactique pour ne pas qu’il y est la rechute de la maladie. Après le traitement de la maladie, nous conseillons deux ans de repos pour ces femmes, avant qu’elles n’enfantent. Sinon, il y en a certaines qui doivent faire trois, quatre ans ou plus ».

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