Le 27e gardien du mythique Sosso Bala a été intronisé ce jeudi 14 juillet 2022, à Niagassola, une localité située à 135 kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Siguiri. C’était en présence d’une forte délégation gouvernementale conduite par le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, entouré de son homologue de l’Agriculture et de l’Élevage, Mamoudou Nagnalen Barry. On y notait également la présence de nombreux invités venus entre autres du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso.
Dans son discours de circonstance, le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat a réitéré la volonté du gouvernement de la transition quant à la promotion et la mise en valeur de ce patrimoine.
« Je peux vous rassurer, au nom de Monsieur le Président de la République, que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour appuyer la mise en valeur de ce balafon multiséculaire qui a appartenu à Soumaoro Kanté et à l’empereur Soundiata Keita, dont vous avez la lourde responsabilité de conservation« , a-t-il témoigné.
En outre, Alpha Soumah a déclaré mesurer toute l’importance de la mission de sauvegarde et transmission du riche patrimoine culturel du Manding aux jeunes générations, que la grande famille Dokala, exerce avec dextérité sur le plan national et international.
« La nation entière vous en est reconnaissante. J’adresse la profonde gratitude du gouvernement guinéen à l’endroit de l’importante délégation venue des Républiques sœurs du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso« , a exprimé le ministre.
En marge de cette cérémonie d’intronisation du Balatigui, la famille Dokala a profité pour rappeler l’histoire de ce trophée de guerre et les difficultés qu’elle rencontre dans le cadre de sa conservation.
A cet effet, il a été signifié à l’assistance que le Sosso Bala, balafon mythique du non-moins célèbre empereur de Sosso du Moyen âge africain, Soumaoro Kanté, et trophée de guerre sorti des décombres de la bataille de Kirina en 1235, a été octroyé officiellement à Balla Fasséké Kouyaté par l’empereur Soundiata Keita.
Ainsi, il est conservé par la famille Dokala, lignée du troisième fils de Balla Fasséké depuis plus de six siècles suivant l’ordre de la primogéniture attribuant la gestion du balafon au plus âgé de la branche la plus ancienne.
A date, 26 gardiens se sont succédé dans la conservation de cet instrument sacré. Et la famille Dokala de Niagassola en est la gardienne depuis 1930.
Siriman Kouyaté, magistrat de son état et président de la 4e Chambre civile, commerciale et sociale de la Cour suprême de Guinée, devient ainsi le 27e gardien de ce patrimoine et le tout premier intellectuel à assumer cette responsabilité.
A ce titre, il continuera à pérenniser cette tradition multiséculaire malgré son statut d’agent de l’Etat à travers le respect des vertus qu’incarne un Balatigui (conservateur du balafon), que ses prédécesseurs ont assumé sans faille.
Proclamé chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2001 par l’Unesco et inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel, le Sosso Bala est depuis cette date un patrimoine mondial dont la valorisation et la protection de l’espace culturel deviennent pour la Guinée, un défi majeur à inscrire dans les priorité du ministère de la Culture et à placer au centre des préoccupations du gouvernement qui se matérialisera par des actes concrets.
Au nombre de ceux-ci, figurent la finition, l’équipement et l’entretien régulier du musée abri dont quelques pans du mur commencent déjà à être lézardés, la prise de dispositions idoines pour le renforcement de la sécurité du balafon, la reconstruction, l’aménagement et la clôture de la concession abritant la grande famille Dokala à Niagassola, l’institutionnalisation d’un festival du balafon autour du Sosso Bala le père des balafons tous les deux ou trois ans, étant entendu que l’Unesco en a fait une recommandation forte pour perpétuer le balafon dans la culture africaine.
Il faut noter que le magistrat Siriman Kouyaté succède à Elhadj Filani Sékou Kouyaté, décédé le 26 février 2022 à Bamako des suites de maladie.