22 janvier 2007-22 janvier 2019, cela fait exactement 12 ans que les éléments de l’armée guinéenne ont ouvert le feu sur une foule de manifestants au pont 8 novembre à la rentrée de la commune de Kaloum. A la veille de ce triste anniversaire, Guinéenews© est allé à la rencontre de la présidente du CES (Conseil Economique et Social), Hadja Rabiatou Serah Diallo, Secrétaire générale de la CNTG (Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée) qui a bien voulu accepter de nous faire revivre ses souvenirs de l’histoire récente de la Guinée.
A la faveur de cet entretien, cette syndicaliste dans l’âme a, non seulement, rappelé que la lutte a été menée par tout le peuple de Guinée et elle n’était orientée contre personne. Pour elle, leur force résidait dans leur union.
« La lutte syndicale de 2007 a été menée par tout le peuple de Guinée et surtout par les jeunes qui se sont fortement mobilisés. Le matin du 22 janvier 2007, une marche a débuté vers Cosa pendant que nous étions réunis à la Bourse du Travail. Nous n’étions même pas au courant de cette marche. Je vois encore des personnes avec des sceaux d’eau qui donnaient à boire aux marcheurs aux abords de la route. Je pense qu’on ne doit pas oublié le jour du 22 janvier 2007. La lutte n’a été orientée contre personne (…).
Nous étions bien structurés et c’est pour cela que nous avons demandé que la date du 22 janvier 2007 soit inscrite en lettre d’or dans les annales du pays. Mais très malheureusement, tout le monde n’a pas soutenu cette idée. C’est pourquoi la jeune génération ne se rappelle pas. Le 22 janvier 2007, au niveau du pont de 8 Novembre, les images existent encore, les jeunes étaient très mobilisés avec le corps en main et ils chantaient l’hymne national.
C’est en ce moment qu’ils ont été tirés à bout portant. Certains parmi eux sont rentrés dans le cimetière de Cameroun et d’autres se sont dirigés vers l’hôpital Donka. Il y a eu des blessés et beaucoup de morts. Des jeunes majoritairement.
Le 22 janvier 2007 est une suite logique, la conséquence d’une accumulation de colère du peuple. C’est la CNTG qui a été le moteur de tout cela. La centrale syndicale a fait des investigations auprès de tous ses travailleurs pour une revendication purement syndicale pour une amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs. Nous avons compris avec la grève d’avertissement qu’il avait eu lieu en novembre 2005 que nous ne pouvons plus aller seuls. La CNTG seule ne pouvait pas aller d’où nous avons tendu la main aux autres. Parmi eux, seule l’USTG a accepté répondre à notre invitation en 2006.
Mais comme ils étaient beaucoup plus installés dans le secteur privé. Nous avons accepté de lancer ensemble une grève générale illimitée après avoir signé un pacte avec l’USTG en 2006. Ce n’est qu’en janvier 2007 quand nous avons déposé l’avis de grève que les autres centrales syndicales sont venues se joindre à nous.
Nous avons fait des sensibilisations de porte en porte chez leaders politiques à l’époque, notamment Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Alpha Condé du RPG, Jean-Marie Doré de l’UPG et même Lounsény Fall, l’ancien Premier ministre.
Quand le groupe international de contact venait en Guinée, il rencontrait séparément les uns après les autres. Que ce soit les leaders des partis politiques, le syndicat, les organisations patronales…, la consigne était donnée pour que nous parlions d’une même voix. Parce que si nous avons le même objectif, chacun pourra défendre ses problèmes.
Avant le 22 janvier 2007, le 17 janvier 2007 déjà, nous avons écouté sur les ondes que les négociations sont terminées alors que nous n’étions même pas autour de la table. C’est ainsi nous avons décidé de descendre dans la rue et remettre une lettre ouverte au président de l’Assemblée nationale pour qu’il demande la vacance du pouvoir au président de a République (…).
A suivre…