
Le secteur éducatif guinéen fonce tout droit vers un nouveau bras de fers entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation. Après la suspension de la grève générale et illimitée des enseignants, le gouvernement et l’intersyndicale de l’éducation se sont retrouvés autour de la table des négociations ce mardi 16 décembre 2025, au ministère du Travail et de la Fonction publique. Une rencontre très attendue, mais qui s’est soldée par un constat d’échec.
Au menu des discussions figuraient plusieurs revendications majeures portées par les syndicats : la revalorisation des primes et indemnités (logement et transport), la mise en place ou la revalorisation des primes de fonction pour les hauts cadres et responsables des services déconcentrés du secteur éducatif, ainsi que l’intégration à la fonction publique des enseignants contractuels communaux, y compris ceux de la zone spéciale de Conakry.
Au terme des échanges, aucun accord concret n’a été trouvé. Les négociations ont été renvoyées au mois de janvier 2026, sans qu’une date précise ne soit fixée, provoquant une profonde déception du côté syndical.
S’exprimant à la sortie de la rencontre, Michel Pépé Balamou, secrétaire général du Syndicat national de l’éducation (SNE), n’a pas caché la frustration de l’intersyndicale. Il rappelle que la réunion devait permettre d’avancer sur trois points essentiels : les primes et indemnités, les primes de fonction des cadres de l’éducation et l’engagement à la fonction publique des enseignants contractuels communaux.
Selon lui, malgré la suspension du mot d’ordre de grève, obtenue à la suite de médiations conduites par le mouvement syndical guinéen (les 13 centrales syndicales), la société civile à travers le CONOSC et l’ouverture affichée par le gouvernement, aucune avancée concrète n’a été enregistrée.
« Nous avons fait preuve de bonne foi en privilégiant le dialogue, surtout en cette période électorale, en suspendant la grève. Mais le gouvernement est resté sourd à toutes nos préoccupations et n’a apporté aucun début d’exécution aux points soulevés », a-t-il regretté.
Face à cette situation, l’intersyndicale a décidé de se retirer de la table des discussions pour se référer à sa base. « Plutôt que de perdre du temps, nous avons choisi de retourner vers la base pour faire un compte rendu détaillé. Il reviendra ensuite aux enseignants de décider de la conduite à suivre », a expliqué le syndicaliste.
Michel Pépé Balamou a également dénoncé le congé anticipé décrété par les autorités, qu’il assimile à une manœuvre visant à affaiblir les moyens de pression des syndicats. « Cette décision démontre clairement la mauvaise foi du gouvernement, qui pense qu’avec un congé anticipé, le syndicat n’aura plus de moyens d’action », estime-t-il.
Autre point de discorde : l’argument gouvernemental selon lequel les indemnités de logement et de transport seraient des primes à caractère transversal. Une position jugée incohérente par l’intersyndicale. « Certaines primes ont déjà été accordées à des catégories spécifiques d’enseignants. Pourquoi refuser aujourd’hui d’évoluer sur ces indemnités ? Il y a un manque évident de volonté politique », a martelé le secrétaire général du SNE.
Malgré la déception, l’intersyndicale se veut ferme : la grève reste suspendue, mais le mot d’ordre n’est pas levé. « Nous allons consulter nos mandats. Ce que décidera l’Assemblée générale sera appliqué à la lettre », prévient Michel Pépé Balamou.
Les syndicats disent prendre à témoin l’opinion nationale et internationale, tout en réaffirmant leur disponibilité au dialogue. « Le jour où nous reprendrons la lutte, personne ne pourra dire que nous sommes de mauvaise foi ou instrumentalisés politiquement. Toute la Guinée est témoin de notre bonne foi », a-t-il conclu.


