

Dans le cadre de la mise en place d’un système national d’alerte précoce et de réponses rapides destiné à prévenir les tensions communautaires, un atelier de formation s’est ouvert ce mardi à Conakry. L’initiative, portée par la Direction générale de la Promotion de la Citoyenneté et de la Paix (DGCIP) et soutenue par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), s’inscrit dans le projet Facilité Africaine pour le Soutien des Transitions Inclusives (AFISIT), déployé conjointement avec la Commission de l’Union africaine.
Cet atelier réunit des représentants des autorités coutumières, religieuses et morales, signataires du Pacte d’Entente Nationale pour la Paix, l’Unité et la Cohésion sociale, conclu le 10 juillet 2025 sous l’impulsion du CIRD et du PNUD. Ce pacte, premier dans l’histoire du pays, marque une étape symbolique dans la reconstruction d’un consensus national autour de la paix et du vivre-ensemble.
Un dispositif moderne pour anticiper les crises locales
Face à la recrudescence des tensions sociopolitiques et des conflits de voisinage, le gouvernement et ses partenaires entendent doter les communautés d’un outil opérationnel capable d’identifier précocement les risques, de collecter et analyser des informations sensibles, et de déclencher des réponses rapides et adaptées.
Pour Amirou Diawara, Directeur général de la Promotion de la Citoyenneté et de la Paix, la démarche est stratégique : « La vigilance et la prévention des conflits sont aujourd’hui un impératif pour la stabilité et le développement de notre pays. Nous mettons en place un système national d’alerte précoce qui permettra de détecter les signaux de vulnérabilité, d’identifier les zones à risque et d’intervenir à temps lorsque l’harmonie sociale est menacée. »
Il a salué la mobilisation des leaders communautaires, rappelant qu’ils constituent « les premiers témoins, les premiers relais et souvent les premiers médiateurs » dans les localités en crise.
M. Diawara a également exprimé sa reconnaissance au président de la République, Mamadi Doumbouya, pour « son engagement constant en faveur du rassemblement, du dialogue et de la réconciliation nationale », ainsi qu’au PNUD pour son appui technique et financier.

Le gouvernement réaffirme que la prévention des conflits est une priorité nationale. Représentant le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, le Secrétaire général Mohamed Sikhé Camara a rappelé que la stabilité sociale dépend de la capacité des acteurs à anticiper les tensions plutôt qu’à les subir : « La prévention des conflits constitue une priorité stratégique pour le gouvernement. Ce système d’alerte précoce est un instrument moderne et indispensable pour renforcer notre aptitude collective à anticiper les tensions et à y répondre efficacement. »
Il a insisté sur le rôle central des leaders religieux et traditionnels, considérés comme des « relais privilégiés du dialogue et de la médiation ».
Selon lui, les connaissances acquises durant les trois jours de formation permettront aux participants d’améliorer leur aptitude à détecter les signaux précurseurs de crise et à proposer des actions rapides et adaptées.
Au nom du Ministre secrétaire général des Affaires religieuses, le conseiller Mohamed Lamine Diallo a salué la pertinence de cette initiative, rappelant que les traditions religieuses guinéennes valorisent fortement la prévention et le devoir d’apaisement : « Mieux vaut prévenir que guérir. La paix est une denrée commune dont chacun bénéficie et que chacun doit préserver. Quand la paix disparaît, c’est toute la nation qui souffre. »
Il a ensuite insisté sur la responsabilité morale des leaders religieux : « Nous ne travaillons pas pour être gentils, mais parce que c’est un devoir. Celui qui ne se préoccupe pas des difficultés de sa communauté ne peut être considéré comme un leader religieux. »
Appelant à la cohésion nationale à l’approche d’échéances importantes, il a exhorté les participants à « ne jamais manquer une occasion de lancer un message de paix, d’entente et de cohésion sociale ».
L’atelier vise à outiller les signataires du Pacte d’Entente Nationale afin qu’ils deviennent des sentinelles de la paix capables d’identifier et de désamorcer les crises locales. Il prévoit également l’édition du Pacte pour une diffusion plus large dans les communautés.


