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Budget alloué à la santé : la Guinée chute à 3,6 % dans la notation du CPIA

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Le budget public consacré au secteur de la santé en Guinée est passé de 12 % du budget national en 2021 à seulement 3,6 % en 2025, selon les données du Country Policy and Institutional Assessment (CPIA) de la Banque mondiale. Une baisse drastique qui interpelle, malgré les efforts annoncés par les autorités et plusieurs avancées enregistrées ces dernières années.

Le CPIA, rappelons-le, évalue chaque année la qualité des politiques et institutions nationales dans les pays à faible revenu, sur une échelle de 1 à 6. L’un des critères mesurés concerne le financement public de la santé, déterminant pour l’allocation des ressources IDA dans chaque pays.

Selon un chef de projet impliqué dans l’élaboration du rapport pour la Banque mondiale, cette baisse s’inscrit dans une évolution descendante depuis la pandémie. « En 2021, à cause certainement du Covid-19, la contribution au ministère de la Santé était autour de 12 %. En 2023, elle est redescendue à 6,3 ou 7 %, et en 2025, elle atteint 3,6 %. Il y a un biais lié à la période Covid, mais malgré cela, la diminution est réelle », explique-t-il. La Guinée s’éloigne ainsi de l’objectif de 15 % du budget national, fixé lors de la Déclaration d’Abuja pour les pays africains.

Pour Pr Mandjou Diakité, secrétaire général du ministère de la Santé, le gouvernement reste engagé, mais fait face à un contexte budgétaire difficile : « La santé demeure un secteur prioritaire, mais de nombreux facteurs influencent la répartition des ressources. Ce qui est important aujourd’hui, c’est la mobilisation des ressources internes. Et il y a actuellement, une crise mondiale qui a succédé à la pandémie de Covid-19 et ça affaiblit la majorité des systèmes de santé dans le monde. Et on peut comprendre pourquoi, bien sûr, il y a aussi une diminution des ressources

Il mise notamment sur le projet Simandou, présenté comme un futur levier majeur de financement public : « Ce programme phare du chef de l’État représente un espoir. Il va nous permettre d’améliorer significativement le budget alloué à la santé. Le ministre du Budget a d’ailleurs annoncé qu’une part importante du budget national sera dédiée à la santé ».

Face à ces défis, un nouveau dossier d’investissement 2026-2029 est en préparation. Il vise à mobiliser des ressources intérieures et extérieures pour réduire notamment, la mortalité maternelle, néonatale et infantile ; renforcer la santé des adolescents ; améliorer la nutrition ; coordonner l’action de plusieurs secteurs  (promotion féminine, agriculture, élevage…).

Malgré la baisse du budget, les autorités sanitaires mettent en avant plusieurs réalisations majeures.
Le secrétaire général rappelle un progrès spectaculaire dans la couverture vaccinale. « La Guinée est passée de 47 % à plus de 63 % d’enfants vaccinés. Un bond unique en Afrique actuellement », affirme-t-il.

Parmi les autres avancées dans le domaine de la santé, ont note, la lutte contre les médicaments de rue, saluée à Genève; l’installation de centrales d’oxygène médical dans les régions, une première en Guinée; la construction en cours d’hôpitaux régionaux à Kindia, Labé, Kankan et N’zérékoré; la gratuité de la césarienne et disponibilité de kits d’accouchement, etc.

Si la Guinée enregistre des avancées significatives dans plusieurs domaines de la santé, la diminution du financement public soulève des interrogations sur la capacité du pays à maintenir ces progrès. La Banque mondiale, pour sa part, invite à stabiliser les ressources publiques et à maximiser la complémentarité entre financements domestiques et partenaires techniques.

Le prochain dossier d’investissement 2026-2029 pourrait définir une nouvelle feuille de route, mais la question demeure : la Guinée pourra-t-elle inverser la tendance budgétaire actuelle pour atteindre ses ambitions sanitaires ?

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