
Un atelier de renforcement des capacités de trente (30) formateurs de travailleurs domestiques s’est ouvert ce jeudi 23 octobre 2025 à Conakry. L’initiative émane du ministère de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi, à travers la Direction nationale de l’Apprentissage et des Formations professionnelles post-primaire et post-secondaire, avec l’appui technique et financier de l’Organisation internationale du travail (OIT).
Pendant deux jours, les participants — dont la moitié sont des femmes — vont être outillés sur les référentiels de compétences et de métiers liés au travail domestique, ainsi que sur les modules de formation destinés à structurer et professionnaliser ce secteur longtemps resté informel.
Un projet inclusif pour valoriser un métier souvent ignoré
Selon Mamadou Hassimiou Souaré, directeur national de l’Apprentissage et des Formations professionnelles post-primaire et post-secondaire, cette démarche s’inscrit dans la continuité d’une première étape d’enquête ayant permis d’identifier les métiers prioritaires du travail domestique.
« Nous n’avons pas travaillé en vase clos. Plusieurs acteurs ont été associés : les professionnels du secteur, la direction nationale du travail, le service de développement des programmes, ainsi que les syndicats et associations de travailleurs domestiques. Tout cela, sous la coordination de notre ministère et avec l’appui du projet AGRIDOM de l’OIT », a expliqué M. Souaré.

Il a ajouté que cet atelier permettra de valider les modules et référentiels nécessaires à la formation des futurs formateurs, dans le but de certifier et multiplier les compétences dans le pays.
Présent à la cérémonie, Lanciné Condé, coordinateur national du projet AGRIDOM en Guinée, a souligné l’importance de cette initiative dans le cadre de la promotion du travail décent.
« Le travail domestique reste un secteur largement informel, avec des conséquences directes sur les conditions de vie et d’emploi. À travers les projets AGRIDOM et FMM, l’OIT accompagne le gouvernement pour élaborer des référentiels de métiers, former les formateurs et faire du travail domestique un emploi professionnel reconnu », a-t-il indiqué.
La Guinée, rappelons-le, a ratifié la Convention 189 de l’OIT en 2011. Ce texte international garantit aux travailleurs domestiques des droits fondamentaux et des conditions de travail décentes.
Pour le secrétaire général du ministère du Travail et de la Fonction publique, Aboubacar Kourouma, cette initiative permet de mieux encadrer un pan essentiel mais souvent invisible de la société guinéenne.
« Dans nos familles, les travailleurs domestiques sont nos nièces, nos cousins, nos chauffeurs ou encore nos petits frères. Ils nous permettent de travailler, de vivre en sécurité, mais évoluent dans une grande précarité. Il est temps de leur accorder la reconnaissance et la protection qu’ils méritent », a-t-il déclaré.

Au nom de la ministre Aminata Kaba, le secrétaire général du ministère de l’Enseignement technique, Julien Bongono, a insisté sur la nécessité de bâtir une base solide pour la professionnalisation du secteur.
« Le travail domestique contribue à la cohésion sociale et au bien-être des familles. Mais il reste peu reconnu, peu valorisé, peu structuré. Notre ambition est d’inverser cette tendance grâce à des référentiels solides conformes à l’approche par compétences », a-t-il martelé.
Cinq modules pour changer le regard sur le métier
Le formateur béninois Adanhounzo Roger, intervenant principal de l’atelier, a détaillé le contenu des formations dispensées.
« Nous avons développé cinq modules : la théorie du changement selon l’OIT, les rôles et responsabilités des travailleurs domestiques, l’éthique et la déontologie, l’ingénierie pédagogique, et enfin la formation par alternance. Chaque module est accompagné de cas pratiques pour renforcer les compétences », a-t-il expliqué.
À l’issue de l’atelier, les référentiels seront prévalidés sur le plan technique avant leur validation institutionnelle par les ministères concernés. Une fois cette étape franchie, la phase de démultiplication pourra débuter.

« C’est une première en Guinée. Une fois finalisé, ce programme servira de modèle pour d’autres pays. La Guinée deviendra ainsi un cas d’école dans la reconnaissance et la formalisation du travail domestique », a conclu M. Souaré.


