L’affaire impliquant l’ancien ministre de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation (MEPUA) Dr Ibrahima Kourouma, et Mohamed V Sankhon, ancien DAAF du même département, a été examinée ce lundi 10 février 2025 par la chambre de jugement de la CRIEF.
Lors de cette audience, c’est Mohamed V Sankhon qui a été entendu par la cour. Comme son prédécesseur, il a rejeté les faits qui lui sont reprochés. L’audience a été l’occasion pour lui de revenir sur son parcours professionnel dans l’administration publique.
Le prévenu a précisé qu’il n’avait exercé ses fonctions au ministère de l’Enseignement pré-universitaire que de juin 2020 à avril 2022, période durant laquelle il a collaboré avec les ministres Alpha Amadou Bano Barry et Guillaume Hawing, mais jamais avec Dr Ibrahima Kourouma. Selon lui, leur première rencontre a eu lieu uniquement devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF).
Au cours de son audition, Mohamed V Sankhon a vivement contesté le rapport établi par les experts de l’Inspection Générale d’État (IGE) et a dénoncé l’atteinte à son image. Il a critiqué la méthodologie de l’enquête, affirmant que la gestion des finances publiques dans son département ne correspondait pas aux incohérences relevées dans le rapport. « Ce n’est pas normal. Parfois, ça fait mal, vous nous jetez au pilori », a-t-il déclaré, exprimant son indignation face à ce qu’il considère comme une injustice.
Il a également insisté sur le fait qu’il n’avait jamais occupé un poste au sein du ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire sous la direction de Dr Ibrahima Kourouma, ce dernier ayant quitté le département en 2017, bien avant son arrivée en 2020. Il a rejeté toute implication dans le détournement présumé de 12 millions de dollars et 600 milliards de francs guinéens, précisant qu’à l’époque il était en poste au Budget où il gérait des montants qui ne dépassait pas 100 milliards de francs guinéens.
Concernant ses biens, Mohamed V Sankhon a tenu à se justifier : « j’ai une maison qui m’a été offerte par mon père. C’est lui qui a acheté le terrain et construit la maison en 2006 à Enta Fassa. C’est une villa de 700 m². Ensuite, il y a les biens familiaux : mon père possède trois maisons à Freetown. J’ai au moins 11 frères qui m’envoient des voitures que je revends », a-t-il expliqué.
Il a ajouté que ses biens étaient proportionnels à son salaire : « j’ai intégré la fonction publique en 2000. Comment pourrais-je acquérir d’autres biens ? Je suis un fonctionnaire d’État et je me contente de mon salaire, sauf peut-être avec l’aide de ma femme que j’ai épousée. »
L’avocat de l’État a, de son côté, demandé à la Cour de convoquer les experts ayant rédigé le rapport d’enquête et d’obtenir des informations supplémentaires sur les biens immobiliers des prévenus et de leurs proches. Une demande soutenue par le ministère public, mais contestée par la défense.
À l’issue de l’audience, la Cour a décidé de faire comparaître les inspecteurs en charge de l’enquête sur l’exécution du budget du ministère de l’Enseignement pré-universitaire pour la période 2011-2021. Elle a également ordonné à la Direction Nationale de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme (DATU) ainsi qu’à la conservation foncière de fournir des titres fonciers relatifs aux biens des prévenus et de leurs familles.
Un délai de deux semaines a été imparti pour la soumission des documents requis. L’affaire a été renvoyée au 26 février 2025 pour la poursuite des débats.