La Chambre de jugement de la CRIEF a rendu une décision importante concernant l’affaire Oyé Guilavogui, ce vendredi 10 février 2025. Bien que les plaidoiries et les réquisitions fussent attendues aujourd’hui à la suite de l’audience précédente, le juge Yacouba Conté a surpris l’assemblée en ordonnant la réouverture des débats.
Cette nouvelle phase judiciaire fait suite à plusieurs préoccupations soulevées par le juge, notamment en ce qui concerne les montants évoqués dans différents projets, dont certains demeurent entourés d’incertitudes.
La réouverture des débats a été décidée après que le juge a exprimé des interrogations sur les projets associés à un certain nombre de montants figurant dans le dossier.
« Nous avons le montant de 50 millions de dollars relatif à la relance de la société Sotelgui. Il y a le projet Backbone, pour lequel on évoque un montant de 300 millions de dollars. Il y a aussi l’exercice budgétaire 2020, pour lequel il est question d’un montant de 94 015 287 606 francs guinéens. Et l’exercice budgétaire 2021, concernant lequel on parle d’un montant de 17 934 688 265 francs guinéens, ainsi que le projet de reboisement, pour lequel on mentionne un montant de 10 milliards de francs guinéens », a rappelé le juge.
Parmi les points soulevés, la question centrale portait sur la réalisation de rapports d’inspection concernant ces projets, en particulier pour celui de reboisement et la relance de Sotelgui.
Le président de la Cour a indiqué que l’exécution de ces projets, y compris les deux exercices budgétaires, devait être examinée de plus près pour vérifier la transparence de leur gestion financière. La Cour s’interroge notamment sur l’absence de rapports d’inspection relatifs à ces projets et sur l’utilisation des montants en question, malgré les déclarations de l’ex-ministre de l’Environnement, Oyé Guilavogui, qui affirme que ces fonds ont été investis par la société Eximbank et que Huawei a joué un rôle clé dans la relance des projets.
Le ministère public a précisé que les projets mentionnés dans l’affaire avaient été, selon le prévenu, entièrement exécutés, mais que ces montants n’avaient pas transité par ses comptes. Les financements étaient censés provenir de la banque chinoise Eximbank, et Huawei, selon Oyé Guilavogui, aurait assuré les travaux de relance. Cependant, aucune documentation formelle, telle que des rapports d’exécution ou des justificatifs comptables, n’a été fournie pour confirmer ces affirmations.
Le procureur a aussi souligné qu’aucune preuve tangible n’attestait de la bonne exécution des projets, en particulier pour celui de Sotelgui, dont la gestion par une société privée aurait été au cœur des difficultés rencontrées.
Il a également mis en avant l’absence de documents relatifs à un enrichissement illicite, tout en notant que le prévenu aurait évoqué un incendie dans ses bureaux, qui aurait détruit les documents nécessaires.
Face à ces éléments manquants et aux contradictions relevées, la Cour a décidé de confier à l’Inspection Générale d’État (IGE) la tâche de faire un état des lieux des exercices budgétaires de 2020 et 2021 du ministère de l’Environnement. L’IGE dispose d’un délai de trois semaines pour mener cette investigation et produire un rapport détaillé.
En outre, la Cour a ordonné la comparution du représentant de la société Huawei, impliquée dans les projets évoqués, afin de clarifier son rôle et la nature de son intervention. L’affaire a été renvoyée au 5 mars 2025.