« Si on ne prend pas consciente de cette situation qui guette depuis quelques temps les producteurs de la banane pour en faire face, on risque de prendre cette variété de bananes qu’on a l’habitude de cultiver ici au Fouta. (…). C’est ce qui serait vraiment très dommage ».
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A Lélouma, depuis quelques années, les acteurs de la filière banane sont confrontés à d’énormes difficultés. Ils font face à une baisse voire une rupture de la productivité de leurs champs de banane. A la place des énormes superficies de banane dense, a surgi des grandes clairières laissant entrevoir des bougeons asséchés. On a l’impression d’être dans un champs arrosé d’eau chaude. Sur les étals du marché, ce fruit devient cher et de plus en plus rare, a constaté sur place Guineenews.
Pour en savoir davantage sur cette triste réalité qui laisse les producteurs perplexes quant à leur avenir Guinéenews s’est intéressé de très près à la question.
Interpellé par rapport à la question, cet octogénaire du centre-urbain de Lélouma évoluant dans le secteur depuis plus de soixante ans est très conscient de l’ampleur de la situation. Il explique que « C‘est avec mon père que nous avons entamé les travaux de cette plantation de bananes que vous voyez là. Cela, depuis un peu plus de soixante ans. Mais ce à quoi j’ai assisté ces derniers temps m’inquiète énormément. (…). Avant, on pouvait remplir un camion avec notre récolte et il nous restait encore pour la consommation en famille » , se rappelle t-il avant d’enfoncer le clou : « mais depuis quelques années la production a dégringolé. On arrive presque plus à récolter. (…). C’est vraiment très dommage« , regrette le sage.
Dans le même sillage, Mamadou Benté Camara également producteur de bananes au niveau de la commune urbaine de Lélouma depuis près de vingt cinq ans renchérit que « Les espaces coutumières de bananes que nous avons connues chez nous ici sont en train de s’étioler peu à peu. Chez moi ici, ça ne reste plus grand-chose. Tous ces bananiers sont atteints de je ne sais quoi. Les feuilles commencent par jaunir d’abord. Ensuite, on remarque des points noirs et finalement elles se rabougrissent avant de mourir complètement. »
A la question de savoir qu’est-ce qui serait à l’origine de cette délicate situation. Benté Camara pense qu’il s’agit d’une maladie. « Je crois que c’est une maladie qui est la cause de cette situation. J’ai tenté de savoir un peu plus en approfondissant les remarques. Il s’avère qu’ à l’intérieur du bananier, quant il tombe, on y trouve parfois des fourmis qui ont complètement bouffé l’arbre de l’intérieur. Laissant un trou plein d’une eau complètement pourrie. Parfois aussi, c’est une sorte de chenilles de couleur blanche qu’on y trouve toujours avec une très sale eau« , explique M. Camara.
Poursuivant, il alerte : « Si on ne prend pas conscience de cette situation qui guette depuis quelques temps les producteurs de la banane pour en faire face, on risque de prendre cette variété de bananes qu’on a l’habitude de cultiver ici au Fouta. (…). C’est ce qui serait vraiment très dommage ».
Dans des nombreuses plantations sillonnées, le constat qui se dresse aujourd’hui reste presque le même et seule la variété appelée ici « Manéyah » résiste encore.
A en croire aux nombreux producteurs et autres observateurs, si rien n’est fait pour contenir cette situation, on risque de prendre cet agréable et nourrissant fruit à Lélouma.