Le Conseil National de la Transition (CNT) a tenu, ce lundi 9 décembre 2024, une plénière au cours de laquelle le gouvernement a présenté son Projet de Loi de Finances Initiale (LFI) pour l’exercice 2025. L’honneur est revenu au ministre du Budget, Facinet Sylla, de décliner les grandes lignes dudit projet de LFI.
Dans son exposé, il a rappelé que l’approbation du Document de Programmation Budgétaire Pluriannuelle (DPBP) 2025-2027, lors du Débat d’Orientation Budgétaire (DOB) en août dernier, a permis de définir les contours du Projet de Loi de Finances pour 2025.
Poursuivant sa communication, le ministre du Budget, a indiqué que l’année 2025 marque la formalisation du Programme Simandou 2040, qui, selon lui, constituera une stratégie de développement pour les années à venir et qui prend le relais du Programme de Référence Intérimaire (PRI) dont il intègre les acquis et les défis.
« Ce programme de développement socio-économique durable s’articule autour de cinq piliers stratégiques : l’Agriculture, l’Industrie Alimentaire et le Commerce ; l’Éducation et la Culture ; Les Infrastructures, les Transports et les Technologies ; L’Économie, la Finance et l’Assurance ; La Santé et le Bien-être. Cohérant dans ses articulations, Simandou 2040 reflète notre ambition collective de bâtir une Guinée prospère offrant de véritables opportunités à nos populations« , a-t-il souligné.
Dans la même logique, le ministre Facinet Sylla n’a pas manqué de rappeler le contexte d’une stabilité relative de la croissance économique mondiale et une baisse progressive de l’inflation dans lequel ce Projet de Loi de Finances Initiale a été élaboré.
« Toutefois, cet environnement international reste soumis à des incertitudes importantes, en raison notamment des tensions géopolitiques, de l’intensification des conflits, de la volatilité accrue des marchés financiers et de l’expansion des politiques protectionnistes« , a-t-il prévenu.
Sur le plan national, le ministre du Budget met l’accent sur la nécessité de poursuivre les efforts d’atténuation des effets de l’incendie du dépôt des hydrocarbures de Kaloum, tout en renforçant la structuration de l’économie pour tirer pleinement profit des retombées positives attendues du gigantesque projet minier de Simandou.
« En matière de politique budgétaire, l’accent sera mis sur la mobilisation et la sécurisation des ressources intérieures, à travers notamment la poursuite de la digitalisation des procédures fiscales et douanières, l’intensification des contrôles pour le recouvrement des arrières fiscaux et la promotion du civisme fiscal. L’élargissement de l’assiette fiscale, l’équipement des services de douanes en dispositif de pesage et de contrôle des quantités des produits miniers à l’exportation et la mise en œuvre progressive de nouveaux modules du Système d’Administration Fiscale de Guinée (SAFIG 2) sont également inscrits parmi les priorités pour l’année budgétaire 2025 » a-t-il précisé.
Concernant les recettes issues de la vente de la bauxite, le ministre Sylla indique qu’une attention particulière sera accordée à l’application rigoureuse du prix de référence et du prix de transfert afin d’amener les sociétés évoluant dans le sous-secteur de la bauxite de pratiquer des prix de pleine concurrence dans leurs transactions avec les autres entités liées.
S’agissant des dépenses publiques, le ministre du Budget soutient que l’objectif est d’assurer une gestion plus efficace et responsable des ressources de l’État, en conciliant le financement des services publics et la maitrise de l’endettement. « Cela requiert une meilleure qualification des dépenses, en orientant les investissements vers des projets à forte valeur ajoutée économique et sociale ainsi que la relance des activités à l’intérieur du pays par une dotation consistante en ressources budgétaires », affirme-t-il tout en précisant que les prévisions budgétaires pour 2025 reposent sur les principales hypothèses du cadrage macroéconomique de novembre 2024, ci-après :
- un taux de croissance du PIB de 7,0% ;
- un taux d’inflation moyen annuel de 6,0% ;
- un taux de change de 8 489 GNF pour 1 USD.
Sur cette base, les agrégats budgétaires pour 2025 qui en découlent, se
présentent comme suit :
- Recettes totales : 34 473,4 Mds GNF ;
- Recettes propres : 33 037,6 Mds GNF, soit 96% des recettes totales ;
- Dépenses totales : 41 897,8 Mds GNF ;
- Déficit budgétaire : 7 424,4 Mds GNF, soit 2,8% du PIB.
Les recettes budgétaires prévues en 2025 augmentent de 12,1% par rapport à la Loi de Finances Rectificative 2024, et proviennent principalement des recettes fiscales, qui représentent près de 90% des projections annuelles. Les recettes minières constituent environ 20% des recettes fiscales et la pression fiscale est estimée à 12% pour l’exercice 2025.
Les dépenses budgétaires augmentent de 8,4% par rapport à 2024, et se décomposent en dépenses courantes pour 62,3% et en dépenses d’investissement pour 37,7%. Les dépenses budgétaires sont financées à 83,1% par les ressources propres.
En outre, les dépenses obligatoires de ce projet de budget s’élèvent à 24 093,2 Mds GNF, soit 71% des recettes liquides prévues en 2025.
Elles comprennent notamment :
- Les salaires civils et militaires : 10 035,4 Mds ;
- La subvention au prix de l’électricité : 3 000 Mds ;
- Les pensions civiles et militaires : 2 218,2 Mds ;
- Les intérêts de la dette : 2 156,0 Mds ;
- Le fonctionnement des forces de défense et de sécurité : 1 265,1 Mds;
- Les ressources des budgets d’affectation spéciale (BAS) : 1 194,65 Mds ;
- Les achats de médicaments, de vaccins et d’engrais : 472,8 Mds ;
- Le fonctionnement des hôpitaux : 358,5 Mds ;
- Les bourses des étudiants en Guinée et à l’Etranger : 266,4 Mds ;
- Le fonctionnement des ambassades : 211,1 Mds ;
- Le fonctionnement des Institutions Républicaines : 200,6 Mds.
Ces dépenses obligatoires représentent des engagements inéluctables de l’Etat pour assurer la continuité des services publics et soutenir les ménages.
La part importante de ces dépenses obligatoires limite les marges de manœuvre budgétaires, réduisant ainsi la capacité de l’Etat à financer d’autres secteurs prioritaires.
En gouvernement responsable et soucieux des risques d’endettement non maitrisé, nous avons estimé que le déficit budgétaire résultant de ces prévisions devrait être contenu en deçà de 3% du PIB. Ceci nous n’a conduit à un déficit prévisionnel total de 2,8%, entièrement couvert par des ressources de financement clairement identifiées « , a-t-il conclu.