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2021 en Guinée : face à une économie exsangue, le CNRD opéra le grand ménage…

L’actualité économique guinéenne a été riche en 2021. Des faits de détournements à la hausse des budgets de certaines institutions, la hausse des taxes et prix de denrées alimentaires pour certainement faire face à la facture du troisième mandat. Mais, il a fallu l’irruption le 5 septembre 2021 au palais Sékhoutoureya du Groupement des Forces Spéciales sous la conduite de son commandant, le colonel Mamadi Doumbouya pour renverser le régime d’Alpha Condé et mettre un holà à cette saignée financière s’arrête.

L’année 2021 commence d’abord par un sulfureux dossier découvert en fin d’année 2021. C’est le procès contre trois journalistes guinéens dont le coordinateur général, à l’époque, de Guineenews.org, dans l’affaire Zénab Nabaya, du nom de la ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnel d’alors. Cette révélation de la presse provoqua un véritable séisme dont les effets ébranleront le gouvernement Kassory Fofana. Au cœur de ce présumé détournement, un montant de plus de 200 milliards GNF, soit environ 20 millions de dollars.

La principale concernée avait même porté plainte contre trois journalistes alors que le juge d’instruction du TPI de Kaloum avait ouvert une information judiciaire dans cette affaire. Finalement, le 18 janvier 2021, les charges ont été abandonnées contre les hommes de médias, mais cela n’a pas empêché Kassory Fofana de réitérer son soutien, en mai 2021, à la ministre Zénab.

A la suite du coup d’Etat du 5 septembre 2021, le nouvel homme fort du pays, le colonel Mamadi Doumbouya a rencontré les magistrats le 21 septembre dans le cadre des concertations nationales. A cette occasion, le procureur de la République près le tribunal de première instance, Alpha Sény Camara a annoncé la réouverture de ce dossier.

« Tout ceci n’était pas mort, mais plus ou moins mis en berne. Ces dossiers sont au niveau des cabinets d’instruction. Ils ne sont pas renvoyés au greffe. Il y avait juste un petit piétinement. Mais avec un peu de relations avec les nouvelles autorités, je crois que tout va bien se passer », avait déclaré le Procureur Camara.

La Loi de finances rectificative 2021 qui entraina la chuter d’Alpha Condé…

Le 30 décembre 2020, l’Assemblée nationale a adopté la Loi de finances initiale 2021 qui s’équilibre en dépenses et recettes à 27 mille 739 milliards 67 millions 411 mille 932 GNF avec un taux de croissance du PIB de 5.5% ; un taux d’inflation à 8% pour un taux de pression fiscale de 12.6%. Mais à la suite d’une session extraordinaire, le budget rectifié adopté le 2 septembre est revu en baisse. Il se chiffre à 25 mille 783 milliards 96 millions GNF. S’il y a eu baisse de façon globale, de nombreuses institutions républicaines ont vu leur budget exploser, notamment celui de la Présidence de la République qui passe de 492 milliards 511 millions  921 mille GNF à 667 milliards 355 millions 982 mille GNF, soit une augmentation de 35,5% ; celui de l’Assemblée nationale qui est passé de 273 milliards 345 millions 730 mille GNF à 357 milliards 819 millions 955 mille GNF, soit une augmentation de 84 milliards 474 millions 225 mille GNF soit 31% de hausse. Ce qui est surtout mal compris dans cette augmentation, c’est au niveau des dépenses du personnel du parlement qui était à 105 milliards 825 millions 545 mille GNF à la Loi de finances initiale 2021 à 186 milliards 299 millions 70 mille GNF, soit une hausse de 80 milliards 474 millions 225 mille à quatre mois de la fin de l’année budgétaire.

D’autres institutions et départements ministériels ont aussi connu des hausses plus conséquentes. Il s’agit du ministère de l’Economie et des Finances (64%), du ministère de la Sécurité et celui de la Justice (194%). Les crédits de la Cour suprême sont passés de 7 milliards à 122 milliards, soit une augmentation de 115 milliards (1642% ).

Pendant ce temps, les secteurs qualifiés de développement sont dépouillés. Il s’agit des ministères de l’Education nationale (-9%), de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle (-18%), de la Santé (-40%) et de l’Elevage (-74%).

Le gouvernement a aussi décidé de prélever 5% sur le salaire des fonctionnaires, puis d’augmenter le prix du litre de carburant à la pompe de 9 000 GNF à 11 000 GNF. C’était de trop. Malgré les justifications non convaincantes du gouvernement lors d’une conférence de presse le samedi 4 septembre, n’ont pas empêché le Groupement des forces spéciales de renverser le pouvoir d’Alpha Condé le 5 septembre à la surprise totale des autorités.

Dès sa prise du pouvoir, le CNRD a annulé le prélèvement des 5% sur les salaires des fonctionnaires. Le 28 septembre, le Colonel Mamadi Doumbouya a pris un décret pour geler les dépenses de personnel des institutions républicaines et des départements ministériels qui ont enregistré des augmentations dans la Loi de finances rectificative 2021 votée le 2 septembre. « Les dépenses de personnel pour toutes les institutions républicaines et les départements ministériels, telles que prévues dans la Loi de finances rectificative 2021 sont gelées et renvoyées au crédit correspondant figurant dans la Loi de finance initiale, exercice 2021 », souligne-t-on dans ledit décret.

Gel des comptes bancaires des ex-dignitaires et des responsables des régies

Le 9 septembre, le Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD) décide de geler les comptes bancaires des établissements publics à caractère administratif et commercial existants dans tous les départements ministériels et à la Présidence ; les programmes et projets d’initiative présidentielle. Idem pour les comptes bancaires des membres du gouvernement sortant ainsi que pour les hauts fonctionnaires responsables des régies financières de l’État.

En victime expiatoire, le groupe Djoma Média paie cash cette vague de gels des comptes des anciens dignitaires

Le groupe Djoma Média n’a pas échappé à cette vague de gel de comptes, car les comptes du groupe Djoma Holding dont il est affilié, ont été gelés par le CNRD. Djoma Holding et toutes ses filiales appartiennent à l’ancien intendant de la Présidence sous Alpha Condé, Kabinet Sylla alias, ‘’Sylla Bill Gates’’.

Le contrôle effectué par le CNDR a permis de déceler de nombreuses anomalies dans les finances publiques. C’est le cas notamment de l’inexistence de mécanisme fiable de contrôle sur les dépenses effectivement réalisables ; l’absence de support expliquant certaines hausses de dépenses dans les institutions et départements ministériels concernés ; le manque de rigueur dans la répartition des dépenses publiques ; l’insuffisance d’outils de planification des recettes mobilisables ; l’insuffisance de mécanismes de contrôle de la mobilisation et de la sécurisation des recettes ; la mauvaise répartition des dépenses budgétaires sans prise en compte de l’orthodoxie financière.

Selon le CNRD, l’ancien régime avait prévu des dépenses pour des structures quasi inexistantes ou non actives à savoir la CENI, le Haut-Conseil des Collectivités, la Haute Cour de Justice, etc.

En deux mois, du 5 septembre au 2 novembre, selon l’ancien gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), l’Etat s’est désendetté auprès de l’institution bancaire de plus de 1000 milliards GNF. « Le franc guinéen, stabilisé depuis plus d’un an, s’est apprécié aussi bien au marché des bureaux de change qu’au marché interbancaire bilatéral de devises de la Banque centrale », avait-il déclaré chez nos confrères d’Espace FM le 2 novembre 2021.

Des poursuites annoncées par l’Agent judiciaire contre certains hauts cadres  

Le 13 décembre dernier, l’Agent judiciaire de l’Etat, Me Mohamed Sampil, a annoncé des poursuites judiciaires contre de hauts cadres de l’Etat. Il dit avoir reçu 75 dossiers portant sur des détournements de biens publics, des cas de faux et usage de faux en écriture. Il s’agit du Directeur général de l’Institut de Recherche agronomique de Guinée (IRAG) et son comptable ; le président de la Haute Autorité de la Communication (HAC) et son comptable ; la Directrice générale du Port Autonome de Conakry (PAC) et son comptable ; l’ancien Directeur général de l’Agence nationale de Sécurité sanitaire (ANSS) et son comptable.

Et vint la CRIEF

La Cour de Répression des Infractions économiques et financières (CRIEF) dont la création a été annoncée le 2 décembre 2021 aura de nombreux dossiers économiques à gérer dès le début de l’année prochaine. Il y a déjà de nombreuses structures visées par les audits qui concernent au total 39 milliards de dollars américains, 659 milliards GNF et des lingots d’or.

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