Bien que la Guinée ait échappé à la dernière vague de suspensions de visas imposées par les États-Unis, elle ne semble pas pour autant épargnée par le durcissement de la politique migratoire américaine. L’administration Trump poursuit en effet sa stratégie de resserrement des conditions d’entrée et de séjour des ressortissants étrangers sur le sol américain.
Dans une note de service publiée sur son site officiel, le ministère américain des Affaires étrangères, plus connu sous le nom de State Department (Département d’État), a annoncé l’inscription de la Guinée sur une liste de pays dont les ressortissants devront désormais fournir une caution financière pour l’obtention d’un visa de visiteur vers les États-Unis.
La Guinée figure ainsi parmi plusieurs pays africains concernés par cette mesure, dont la mise en œuvre est échelonnée selon le calendrier suivant :
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Botswana (1er janvier 2026)
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République centrafricaine (1er janvier 2026)
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Guinée (1er janvier 2026)
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Guinée-Bissau (1er janvier 2026)
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Namibie (1er janvier 2026)
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Mauritanie (23 octobre 2025)
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Sao Tomé-et-Principe (23 octobre 2025)
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Tanzanie (23 octobre 2025)
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Gambie (11 octobre 2025)
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Malawi (20 août 2025)
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Zambie (20 août 2025)
Sur le plan juridique, le Département d’État justifie cette décision par l’article 221(g)(3) de la loi américaine sur l’immigration (Immigration and Nationality Act), qui autorise les agents consulaires à refuser ou à conditionner l’octroi d’un visa. Les autorités précisent qu’il s’agira, dans un premier temps, d’un programme pilote.
Selon l’administration américaine, cette mesure s’explique notamment par le taux de dépassement de séjour autorisé des ressortissants guinéens, estimé à 6,6 %. Autrement dit, ce pourcentage correspond aux détenteurs de visas qui ne quittent pas les États-Unis à l’expiration de leur durée de séjour, généralement fixée à six mois. Un chiffre qui demeure pourtant inférieur à celui observé dans plusieurs autres pays figurant sur la liste.
D’après le communiqué officiel, « tout citoyen ou ressortissant voyageant avec un passeport délivré par l’un de ces pays et remplissant les conditions requises pour un visa B1/B2 (visa de visiteur) devra fournir une caution de 5 000 dollars américains (environ 43,5 millions de francs guinéens), 10 000 dollars (87,4 millions GNF) ou 15 000 dollars (131 millions GNF) ». Le montant exact sera déterminé lors de l’entretien consulaire à l’ambassade et enregistré sur le formulaire I-352 du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis. Les demandeurs devront ensuite accepter les conditions de la caution et procéder au paiement exclusivement via la plateforme officielle Pay.gov, après y avoir été formellement invités.
Une fois la caution versée, les voyageurs concernés seront tenus d’entrer et de sortir du territoire américain uniquement par trois aéroports désignés, sous peine de refus d’entrée ou de non-enregistrement de leur départ, ce qui pourrait entraîner de sérieuses complications lors de demandes futures. Il s’agit de :
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l’aéroport international Logan de Boston (BOS)
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l’aéroport international John F. Kennedy de New York (JFK)
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l’aéroport international Washington Dulles (IAD)
Le Département de la Sécurité intérieure (Homeland Security Department – DHS) transmettra aux Services de citoyenneté et d’immigration des États-Unis (USCIS) tout dossier dans lequel un titulaire de visa est soupçonné d’avoir enfreint les conditions de son engagement. L’objectif est de déterminer l’existence éventuelle d’une violation, notamment dans les cas suivants :
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le départ du territoire américain après la date limite de séjour autorisé ;
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le maintien sur le territoire au-delà de cette date sans sortie effective ;
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la demande de régularisation du statut de non-immigrant, y compris une demande d’asile.
Cette mesure ne s’appliquera ni aux diplomates guinéens, ni aux dizaines de milliers de Guinéens binationaux – dont la majorité des dirigeants et hauts cadres et leur familles – détenteurs de passeports de pays exemptés de visa, tels que ceux de l’Union européenne ou du Canada. Elle s’inscrit toutefois pleinement dans la politique d’isolement migratoire prônée par Donald Trump, qui considère l’immigration irrégulière comme une menace pour les États-Unis.

