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Yomou : quand les artisans locaux tirent le diable par la queue

L’invasion des produits artisanaux importés de l’étranger menacent des secteurs d’activités dont l’artisanat dans la région forestière. Une situation qui impacte négativement sur les activités générations de revenu, notamment dans les domaines de fabrication des filets traditionnels de pêche, des vans servant à vanner les grains de céréales, la tisanerie etc.

La réduction du champ d’activités pour les artisans locaux, du côté de la Guinée forestière, affecte surtout des personnes âgées, qui tiraient l’essentiel de leur pitance de la fabrication de ces articles artisanaux.  Des articles qui ont aujourd’hui leur équivalant dans des produits importés d’Asie, notamment.

 A  Loma,  secteur du district  de Ouétoua,  situé à 15 km dans  la sous-préfecture de Bowé,  à  près de 50 km de la préfecture de Yomou,  notre reporter est allé à la rencontre de quelques artisans dont  le vieux Moriba Kolié. Ce vieil homme  fabrique des  vans depuis des années, et que cette activité serait pour lui sa principale source de revenu.

Sur ses activités quotidiennes qui lui permettent de survivre, Moriba Kolié témoigne : « je suis vieux  maintenant et c’est dans la vente des vans que je gagne à manger, et grâce à mon père qui m’a appris cette technique, pendant mon jeune âge, je peux fabriquer trois à quatre vans par jour.  Ce qui peut me rapporter 15.000 à 25.000 francs guinéens. De quoi assurer gîte et couvert. »

Malgré le profit que tire le vieux Moriba de son art, il se préoccupe de l’avenir de cette activité qui selon lui risque de disparaître, faute « d’héritier », à qui léguer sa technicité dans son village, avant de rejoindre le royaume des cieux.

Dans la même lancée, la veille Seny Gbamou qui fabrique des filets de pêche traditionnels, note que c’est pendant la saison sèche, moment de prédilection pour la pêche, qu’elle reçoit de nombreuses clientes constituées de femmes pratiquant la pêche, en quête des filets dont elle vend l’unité à 15 000 francs guinéens.

Vu l’âge avancée de cette vielle dame, elle exhorte les jeunes à s’intéresser à ce type d’activités.

Mais la plupart des jeunes gens que nous avons pu rencontrer dans l’entourage de ces aînés pratiquant ce genre de métiers, que sont la vannerie, la poterie, le tissage, cela ne semble guère les intéresser.

Eux, rêvent plutôt de gagner leur vie autrement, notamment par l’agriculture ou le commerce.

 Il s’agit là d’une jeunesse qui est en porte-à-faux du proverbe du célèbre écrivain Amadou Hampaté Ba qui dit : « les orteils des jeunes doivent se poser exactement sur les traces laissées par les ancêtres ». 

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