Site icon Guinéenews©

Yahi Boni en Guinée : une médiation au goût d’inachevé (Editorial)

En annonçant son intention de battre le pavé le 28 juillet prochain, en pleine médiation, sous la férule de la Cédéao, c’est comme si le Front national pour la défense de la constitution (Fndc) se mettait en dehors de la boucle du processus de transition. Cette volonté de surenchérir est perçue par maints observateurs comme le grain de sable qui vient gripper la machine du médiateur, Thomas Yayi Boni. Donnant ainsi un goût d’inachevé à cette initiative, pourtant hautement salutaire.

Le chronogramme de manifestations décliné récemment par la coordination du Fndc, fixant pour le 28 juillet prochain, le démarrage de ses actions de désobéissances civiles, est tombé comme un cheveu sur la soupe du médiateur Thomas Yayi Boni. L’ancien président béninois se voit ainsi pris de court par cet appel à manifester, lancé par l’un des maillons forts de la chaîne des forces vives.

Un appel qui, manifestement, semble tomber dans de bonnes oreilles dans le camp des opposants à la junte. On en veut pour preuve cette résonance que le cri d’alarme du Fndc a eu jusqu’au tréfonds de l’ancienne majorité présidentielle.

C’est ainsi que le Rpg Arc-en-ciel a annoncé, ce samedi, sa participation à la marche du 28 juillet. Quitte à pactiser avec « le diable ». Même si, à en croire ses détracteurs, l’ancien parti au pouvoir ne serait plus que l’ombre de lui-même, étant délesté du gros de sa clientèle. Car l’air du temps oblige, on ne peut tirer ses marrons du feu qu’en étant avec la junte. Les nouveaux maîtres du château, dont l’excès de libéralité en termes d’attributions de hochets est devenu légendaire.

Le Rpg Arc-en-ciel qui avait jusque-là fait preuve de réticence, en refusant de contribuer à « l’effort de guerre », aux côtés du Fndc, a fini par rentrer dans les rangs. La détention qualifiée d’abusive de ses ténors pour des faits de corruption par la Crief, en serait pour quelque chose dans ce rétropédalage. Même si cette cour de répression financière, dit disposer de matière à poursuite contre ces « anges déchus ».

L’ancien parti au pouvoir vient ainsi grossir les rangs des frondeurs anti-Cnrd, au nom de son agenda personnel. Tout comme les autres indignés, que sont l’Anad et l’Ufr, dont les leaders sont tenus de raser les murs, en étant hors du pays. De peur de tomber sous les fourches caudines de la junte.

De quoi courroucer davantage ces partis politiques, dont les tentatives de régenter le colonel Mamadi Doumbouya, pour qui ils avaient pourtant pris fait et cause, au lendemain du 5 septembre 2021, se sont soldées par un flop.

Comment le médiateur désigné au chevet de la Guinée, pourra-t-il arrondir les angles dans cette chienlit ? Là est toute la question.

Dr Thomas Yayi Boni sait certainement ce qu’en vaut l’aune, en tant qu’acteur politique. De surcroît ancien président d’un pays comme le Bénin, où la météo politique est en perpétuelle variation.

Quitter la version mobile