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Violences politiques en Guinée: La réaction du ministre Taran sur l’enquête de Human Rigths Watch (interview)

Le ministre de la Citoyenneté et de l’Unité nationale a réagi à la publication de l’ONG Human Rights Watch d’une enquête sur les violences enregistrées en marge des dernières élections législatives et référendaires en Guinée.

Dans une interview accordée à Guineenews, Mamadou Taran Diallo concède aux ONGs leurs droits d’observateurs de la vie sociopolitique du pays et exprime la position du gouvernement sur ces incidents,  avant de décliner sa vision des droits de l’Homme en Guinée.

Guineenews.org: Monsieur le ministre de la Citoyenneté et de l’Unité nationale, récemment, l’Organisation internationale Human Rights Watch (HRW) a publié une enquête sur les dernières élections en Guinée. Un document dans lequel il y a des allégations d’exactions, d’arrestations arbitraires, de kidnapping… Tous des aspects liés aux droits de l’homme qui sont une des prérogatives de votre ministère. Quelle lecture faites- de ces allégations?

Mamadou Taran Diallo: Disons que ces ONG internationales sont dans leur posture et dans leur tradition de faire des études et des publications. Je peux vous dire que le gouvernement guinéen n’a pas attendu la publication de ce rapport pour savoir où est-ce qu’on en était. C’est une préoccupation partagée parce que de toutes les façons, le ministère de la Citoyenneté et de l’Unité nationale a en charge les droits de l’homme. Et qui dit droits de l’homme, dit promotion, protection et lutte contre l’impunité. Alors, sur le rapport lui-même, ce que nous attendons toujours des ONGs nationale et internationale en même temps, c’est de faire des enquêtes, les publier et de faire des plaidoyers. Dans ce sens, le ministère et le gouvernement sont totalement ouverts à une collaboration pour la manifestation de la vérité. Sur ces enquêtes… toutes ces allégations qui ont été faites à l’intérieur de ce rapport, c’est que ces informations sont à mettre à la disposition de la justice. Pour que celle-ci conduise une enquête au bout de laquelle, on puisse finalement avoir un procès. Parce que c’est à l’issue des procès précédés par des enquêtes sérieuses que l’on pourrait savoir où est la vérité. C’est clair que comme vous l’avez dit, pendant ces périodes de tension politique, électorale, il y a eu malheureusement, et de façon condamnable, et des dégâts matériels, et des blessés, et des morts. Ça ce sont des faits qui se sont passés. Maintenant, qu’est-ce qui s’est passé réellement? Quelles sont les différentes responsabilités? Quels sont les auteurs? Je ne vais pas parler de coupable car c’est la justice qui doit les trouver… Nous avons tous intérêt, comme je le disais tout à l’heure, à ce qu’une enquête soit diligentée et que cette enquête soit suivie de procédures judiciaires. J’insiste pour dire que le ministère de la Justice s’est déjà prononcé pour dire que des enquêtes vont être menées. Donnons-nous la main. Agissons tous pour diligenter et faire en sorte que ces enquêtes soient de qualité.

Guineenenews.org: Monsieur le ministre, ce sont là des belles déclarations. Mais est-ce que ça ne risque pas d’être que des déclarations de bonnes intentions? Je pose la question parce que  traditionnellement dans ce pays, il y a malheureusement souvent eu ce genre de cas regrettables. Ensuite des enquêtes ont été annoncées, mais rarement pour ne pas dire jamais, il y a eu de dossiers qui aient abouti à quelque chose.

Mamadou Taran Diallo: Comme je l’ai dit, il faut qu’on sorte du pessimisme et des raisonnements du genre ça n’aboutit jamais. Il faudrait que l’Etat lui-même, les ONGs nationale et internationale, tous les acteurs impliqués travaillent en synergie pour que les enquêtes aboutissent. Parce que si les enquêtes aboutissent, c’est la seule façon de faire pour lutter contre l’impunité. Je vous ai dit que le ministre de la Justice s’est déjà prononcé. Mais à l’intérieur du gouvernement, les ministères en charge de la Justice, de la Sécurité, de la Défense et nous-mêmes, en charge des droits de l’homme, c’est une de nos préoccupations permanentes. Sortons seulement des constats et faisons en sorte, agissons tous, bousculons-nous, bougeons-nous pour que les enquêtes soient conduites, pour qu’on aboutisse à un procès.

Ce n’est pas comme vous l’avez dit, des paroles, mais ce sont nos actions qui peuvent mener à cela. Je peux vous dire qu’il y a une volonté. Le problème… c’est comment la matérialiser ? Il faut qu’on sorte de l’expression de la volonté et qu’on aille vers la matérialisation. Ce sont des questions difficiles, épineuses, douloureuses qui ne peuvent pas rester aux calendes grecques. Donc agissons tous en ayant un seul objectif. Nous cherchons dans quelles conditions cela s’est passé? Qui a fait quoi? Et dans quelle mesure on peut arriver à trouver les coupables et à les sanctionner?

Guineenews.org: Dans cette optique, qu’est-ce que le ministère en charge des droits de l’homme est en train de faire concrètement?

Mamadou Taran Diallo: Concrètement, on a agi sur deux choses. La première, vous avez dû suivre qu’il y avait des gens qui étaient arrêtés et détenus dans certains endroits. Je vous disais qu’avec certains ministères, nous avons travaillé. Vous avez dû voir des libérations de certains. D’autres qui ont été retenus ont été mis à la disposition de la justice. C’est dans ce cas que je vous citais tout à l’heure la coopération entre le ministère en charge des droits de l’homme, le ministère de la Défense, le ministère de la Sécurité, le ministère de la Justice. N’eût été même Coronavirus, on avait entrepris des travaux de visite de terrain. Mais vous avez suivi, je vous cite le cas de Soronkoni, je vous cite le monsieur du Pades (parti des démocrates pour l’espoir ndlr) qui avait été arrêté… En dehors de cela, au niveau du ministère de la justice, nous sommes en relation de façon permanente pour dire qu’il faut ouvrir les enquêtes et il faut les conduire. J’insiste pour dire que le ministre de la justice l’a déjà déclaré et il est déjà conditionné et disponible pour conduire ces enquêtes. Et comme je l’ai dit, faisons en sorte que ces enquêtes soient conduites et qu’elles soient suivies de procédures judiciaires.

Guineenews.org: Un volet politique dans  cet entretien. Au fait dans l’opinion, il y en a qui redoutent que ce problème, même judiciarisé, puisse être politisé. Donc que certains cas soient traités selon l’appartenance politique des personnes concernées. Quelle garantie pour cette partie de l’opinion nationale, qu’il ne s’agira pas des jugements ou des décisions à la tête du client?

Mamadou Taran Diallo: Vous savez que le ministère de la Citoyenneté est un ministère de plaidoyers et d’actions. Deuxième chose, et c’est le plus important, quand il s’agit de la vie, de la sécurité des citoyens et de leurs biens matériels, ces questions ne sont pas des questions politiques. Ce sont des questions humaines. La vie humaine est sacrée. Vous savez, et dans la religion et dans la constitution et dans les lois de la République, pour ôter la vie à quelqu’un, il y a des conditions. Personne n’en est permis. Donc la République parle de citoyen. Ce n’est pas une question de militants. Ce n’est pas une question partisane. Donc que ce soit pouvoir, opposition, organisation de la société civile ou les médias, lorsqu’on aborde ces questions qui sont extrêmement douloureuses, faisons en sorte qu’on les aborde dans le cadre humanitaire et dans le cadre de la lutte contre l’impunité. Je pense que c’est cette approche qu’il faut avoir. Et nous devons tous, gouvernants, gouvernés, partis politiques, organisations de la société civile et vous de la presse, dépolitiser les problèmes de la vie des citoyens, de la sécurité des citoyens, de leurs biens matériels. Nous devons tous conjuguer les efforts pour que personne ne perde un petit bien matériel, personne ne soit blessé, à plus forte raison que quelqu’un soit tué. Dans toutes nos actions, chacun de nous, dans sa posture, et dans ses programmes doit se comporter comme ça. Ce n’est pas des questions de polémique, ce n’est pas des questions de positionnement idéologique ou partisan il est question de vie et de sécurité des citoyens.

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