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Un régisseur ivre, mis en garde à vue, des greffiers et procureur inquiétés, Wright dégaine à N’Zérékoré

Le ministre de la Justice en tournée de travail à l’intérieur du pays, a piqué une colère noire contre des responsables de l’appareil judiciaire de N’Zérékoré le mercredi 25 janvier. Tout est parti d’une visite à la prison civile et au tribunal de première instance (TPI). Le constat n’était guère reluisant. De la situation des détenus, les détournements, la mauvaise gestion et le laxisme du procureur près le TPI de N’Zérékoré, aucun dysfonctionnement ne lui a échappé.

Les détenus victimes de violences institutionnalisées, d’escroquerie d’une chaine alimentaire précaire. A cela s’ajoute le décès accru des détenus par suite de maladie. Quatre-vingt pourcent des décès seraient dus à la malnutrition. La prison centrale de N’Zérékoré totalise 4% de la population carcérale en Guinée. Elle a enregistré à elle seule 49% de décès au niveau national. Une situation qui a provoqué l’ire du ministre de la justice Charles Wright qui a, sur le champ, démis le régisseur adjoint avant d’être mis en garde à vue. Le ministre Wright a ensuite annoncé de faire quitter Abdoulaye Koma, l’actuel procureur de la République près le tribunal de première instance de N’Zérékoré au prochain décret.

A en croire Dr Thierno Sadou Diallo, médecin à l’administration pénitentiaire, ‘’le droit systématique dans cette prison est fixé à 550.000 GNF. Une caution fixée pour tout entrant. Des personnes ayant les moyens, quant à elles, paient jusqu’à plus de quatre millions pour être dans une cellule moins commode…’’

Dans la foulée, le ministre a adressé une mise en garde au procureur général près la Cour d’appel de Kankan au cas où cette situation persisterait.

« D’abord il (le régisseur adjoint, ndlr) sent de l’alcool. Comment il peut gérer, il est alcoolique. C’est ce qui me tue dans ce pays. Mettez-le à la disposition de la gendarmerie, M. le Procureur général pour qu’il soit entendu, placé en garde à vue, jugé avant que je ne quitte N’Zérékoré. Voici un régisseur saoulé jusqu’au lit, de manière éhontée qui s’arrête devant le Garde des sceaux, ministre de la Justice… et complètement déconnecté des questions des droits de l’Homme. Il devient un bourreau. Ils ont institutionnalisé la violence ici. Mais, c’est la faute au procureur qui est là. Est-ce que ç’a commencé aujourd’hui ? C’est ce qui met mes nerfs en boule. Monsieur le procureur, le prochain décret vous quitterez N’Zérékoré. Je ne vous laisserai pas ici. Et Monsieur le procureur général, si ça continue comme ça, je vous assure que je vais aussi vous relevez au prochain décret. Je n’ai pas d’état d’âme pour cela. Il faut avoir peur de ton serment. Regardez ce que je suis venu trouver ici. Ils n’arrangent que lorsque j’arrive.  Quand tu viens en prison, on te demande 500 mille. Sur la base de quel texte juridique. Rien ne peut justifier aujourd’hui devant moi que vous faites bien votre travail. Je n’ai de pacte d’amitié avec qui que ce soit en matière de loi », a martelé Charles Wright.

Après un état partiel de la situation financière du tribunal de première instance de N’Zérékoré, dressé par l’inspecteur du département de la Justice, le ministre Wright a fait une injonction de poursuite contre deux anciens responsables du greffe en la personne de Henriette Kolié, en retraite et Balla Kolia Guilavigui, qui serait l’actuel chef du greffe à Lola pour un présumé ‘’détournement de deniers publics et mauvaise gestion’’ au TPI de N’Zérékoré.

« Monsieur le procureur général, sur la base du rapport de l’inspecteur des services judiciaires, il vous est enjoint d’engager des poursuites judiciaires sans délais contre madame Henriette Kolié et Balla Kolia Guilavigui qui ont géré le greffe pour ‘’détournement de deniers publics. Leur procédure doit être déférer maintenant là. Mettez en branle tous les services compétents pour qu’ils puissent aller s’expliquer où sont passés les montants perçus au niveau de cette juridiction », a-t-il instruit au Procureur général près la Cour d’appel de Kankan avant préciser qu’ils ne seront pas les seuls à être poursuivis dans cette affaire.

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