La tuberculose est une maladie infectieuse chronique. Elle est aussi contagieuse et se transmet d’une personne malade à une personne saine. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 25% des cas positifs ont été enregistrés en Afrique en 2019. La même source rapporte qu’en 2018, la tuberculose a causé la mort à près d’un million et demi d’individus dans le monde. En cette période de pandémie de Covid-19, il y avait assez d’inquiétudes sur le financement des maladies transmissibles par le gouvernement et les partenaires. Mais, heureusement, le financement et le soutien n’ont pas fait défaut pour le grand bonheur des patients.
Pour en savoir davantage sur les causes et les conséquences de cette maladie causée par le Bacille de Koch, Guineenews a rencontré un spécialiste en la personne de Dr Alpha Saliou Barry en service au Centre tuberculeux de la carrière.
Guineenews© : C’est quoi la tuberculose ?
Dr Alpha Saliou Barry : la tuberculose est une maladie infectieuse à transmission inter-humaine qui est due à la toux et à l’éternuement. Il faut qu’il y ait un malade de tuberculose pour transmettre à une personne saine. Cette pathologie est causée par le bacille de Koch (BK). Elle attaque non seulement les poumons mais aussi les autres organes. Il existe deux types de tuberculoses : celles pulmonaire et extra-pulmonaire.
Quelle est la différence entre les deux ?
La tuberculose pulmonaire attaque essentiellement les poumons. Elle est la plus répandue et c’est la plus contagieuse aussi. Et la tuberculose extra-pulmonaire qui est celle qui attaque en dehors des poumons. Elle peut attaquer les os, le cœur mais aussi n’importe quelle partie de l’organisme humain.
Comment se transmet-elle ?
Je viens de le dire tantôt. Il faut qu’il y ait d’abord un malade. Lorsqu’il y a un malade qui manifeste les symptômes lorsqu’il touche ou éternue, là, il évacue les BK (bacille de Koch). C’est en ce moment qu’il est contagieux. Les gens disent quand un malade crache et que vous passez là-dessus ou bien tu bois ou mange en présence d’un malade, tu vas être contaminé, ce n’est pas le cas. C’est lorsqu’il touche ou éternue sur vous, que vous êtes contaminé. Ce sont les deux moyens de contamination. Il suffit que la personne éternue ou tousse une seule fois, ça suffit puisque les BK peuvent être dans l’air ambiant. Et c’est ce qui transmet la maladie. Et si par hasard, les BK émigrent vers les poumons, ce sont leur zone de prédilection. Ils peuvent infecter. Maintenant, s’ils viennent au niveau de l’estomac, là, on peut les évacuer facilement.
Quelles sont les personnes à risques ?
Les personnes à risques, il y a des catégories. Il y a d’abord les personnes qui sont les immuno–déprimées, c’est à dire les personnes vivant avec le VIH, les enfants, les femmes enceintes, les prisonniers. Ensuite, nous avons également les diabétiques qui sont aussi des gens immuno-déprimées. Il y a également la pauvreté et la promiscuité qui s’associent à cela.
Les personnes vivant avec le VIH sont des personnes très à risque parce qu’elles ont une immunité qui est très faible et qui contractent immédiatement la tuberculose. C’est la première infection opportuniste autour du VIH.
Si vous regardez les quartiers les plus touchés chez nous ici, on peut citer par exemple la carrière parce qu’il y a trop de promiscuité. Il y a également les prisonniers qui sont très touchés.
En Afrique, dans une cellule, on peut retrouver entre 40 et 50 prisonniers. Dans ce cas, il suffit qu’il y ait un seul malade pour contaminer tous ceux qui sont autour de lui.
Comment prévenir la tuberculose ?
Pour prévenir la tuberculose, il faut chercher à la dépister, et suivre les contacts. Parce que lorsqu’il y a un enfant tuberculeux dans une famille, avant de connaître que cette personne est tuberculeuse, ça trouvera qu’elle a déjà contaminé beaucoup de personnes de sa famille.
Malheureusement, on n’arrive pas à suivre les contacts. Après un an ou deux ans, on trouvera dans la même famille, deux autres malades de tuberculose. Avant de savoir les deux autres malades, ils auront déjà contaminé d’autres personnes.
Dans trois ou quatre ans, il y aura d’autres malades. Dans dix ans, c’est toute sa famille qui sera tuberculeuse. Il faut d’abord, suivre les malades tuberculeux. Ensuite, il faut les traiter. Il faut savoir que la tuberculose seulement n’est pas hospitalisable. Il faut savoir que la tuberculose, lorsqu’on prend les médicaments, l’intéréssé n’est pas contagieux.
Avant de diagnostiquer la maladie, il y a des problèmes. A cet effet, il faut chercher à encadrer les gens. Deuxièmement, je viens de parler des enfants comme des personnes vulnérables. (…)
Il faut s’atteler pour éviter la tuberculose. Pour les gens qui sont malades, ils doivent se protéger. Par exemple, les bavettes sont des meilleurs moyens de protection. Elles suffisent largement pour se protéger contre la tuberculose puisque même si le malade tousse ou éternue, il n’a pas la possibilité de contaminer d’autres personnes parce que les BK ne sortiront pas.
Peut-on reconnaître un tuberculeux à vue d’œil ?
(…) Cela dépend des symptômes. Et surtout de la notion de comptage, c’est-à-dire l’antécédent. A-t-il été en contact avec quelqu’un qui a déjà été atteint de tuberculose ? Mais il y a des symptômes qui alertent chez les tuberculeux. Par exemple quelqu’un qui tousse depuis plus de deux semaines, qui crachent de mucopurulentes, qui a une hyper sidation, il y a un amaigrissement ou il y a une fièvre inexpliquée, là il faut suspecter chez lui la tuberculose. Ou bien quelqu’un qui tousse et crache du sang. Il y a beaucoup de pathologies qui accompagnent mais dans notre cas, dans les pays sous-développés, il faut toujours penser en premier lieu à une tuberculose et faire une radiographie pour être sûre. Il y a aussi des difficultés respiratoires.
Comment peut-on traiter la tuberculose ?
Dans nos structures de santé, il n’y a pas beaucoup de gens qui sont formés pour ça. C’est seulement dans les services spécialisés que les gens savent réellement ce que c’est la tuberculose. C’est pourquoi le diagnostic devient tardif dans les autres cliniques ou dans les autres hôpitaux. C’est lorsqu’ils font la radio, ils disent que oui je pense que c’est la tuberculose.
On l’envoie ainsi dans les services spécialisés. Le diagnostic de la tuberculose dépend. Si elle est pulmonaire, il suffit de faire une radiographie pulmonaire de face qui va nous montrer des lésions qui correspondent à une tuberculose. Et vous faites les examens de crachat, ce sont eux qui vont ressortir les BK.
S’ils sont positifs, on soumet le malade aux traitements. Il y a des cas où on fait l’examen du crachat, le résultat sort négatif et la radio est suspecte de tuberculose. On le met au traitement pour une tuberculose cliniquement diagnostiquée.
Lorsque nous diagnostiquons une tuberculose pulmonaire, là, le traitement est gratuit. On donne les médicaments notamment le 2RHZE c’est-à-dire deux mois de RHZE et 4 mois de RH soit un traitement de six mois.
Le traitement se passe en 2 phases qui sont celles intensive et d’entretien.
Comment peut-on bien observer le traitement ?
L’observance du traitement dépend du programme de lutte anti-tuberculose. Dans chaque centre de santé, nous avons un point focal avec lequel, ils font le traitement de la maladie. Par exemple, si ici à la Carrière, nous dépistons un malade qui loge à Wanindara ou bien au Km36, le traitement commence ici mais il y a des sites de transfert. Le malade est ensuite tranféré au centre de santé de la localité de son oorigine. Ceci pour réduire le paiement de transport et limiter ses déplcaments. Là, il est enregistré et dispose d’une carte de traitement.
Est-ce vrai que l’abus de la cigarette et des vices sont à la base de la contraction de la tuberculose ?
Non en aucun cas ces vices sont à la base de la tuberculose. Par contre, ils aggravent l’état de santé d’une personne malade de tuberculose.
Y a-t-il des aliments interdits aux tuberculeux ?
L’intéressé peut manger n’importe quel aliment s’il n’a pas le diabète ou l’hypertension artérielle ou le cancer ou autre chose.
Cependant, si l’intéressé est diagnostiqué tuberculeux, il doit éviter la cigarette, la bière et la drogue. Parce que la cigarette et la drogue sont des facteurs de risque de la tuberculose et de cancer. Elles entrainent aussi l’aggravation de la tuberculose.
La tuberculose est-elle mortelle ?
La tuberculose est mortelle. Je viens de dire que dans nos structures, il y a peu de médecins qui savent c’est quoi la tuberculose. Le plus souvent, avant que le patient ne vienne dans un centre spécialisé, il va passer dans beaucoup de structures de santé. Là, ils vont traiter la fièvre typhoïde, le paludisme ou d’autres pathologies en ignorant la tuberculose. (…) Ce qui va entrainer des sequelles. La maladie aura bouffé les poumons poussant l’intéressé à être oxydo-dépendant ou handicapé respiratoire. C’est ce qui fait que la tuberculose est mortelle.
La Covid-19 a-t-elle eu des impacts dans le traitement des patients tuberculeux ?
Au fait, les impacts, ce n’est pas seulement en Guinée, c’est partout dans le monde. Lorsque la Covid-19 a été déclarée, les partenaires ont oublié tout ce qui est maladies transmissibles. Ils se sont plus facolisés sur la Covid-19. Néanmoins, cela n’a pas empêché le financement pour la tuberculose.
Mais le problème, il y avait la réticence des malades de venir à l’hôpital parce qu’ils avaient peur d’être déclarés positifs de Covid-19.
Est-ce qu’un malade guéri de tuberculose peut encore piquer la maladie ?
Bien sûr ! La tuberculose est transmissible par voie aérienne. Lorsqu’on est tuberculeux et que l’on prend les médicaments, si après la guérison, on reste en contact direct avec un tuberculeux et qu’on arrive à être contaminé par ce malade, on peut faire une rechute. A ce niveau, il y a deux possibilités soit c’est une tuberculose sensible ou résistante. Si c’est la première, c’est un traitement de six mois, si c’est la seconde, le traitement est de 9 mois.
Magnanfing Doré, Stagiaire à Guineenews.org