Cette question interpelle tous les acteurs du système. Autorités, transporteurs, sociétés pétrolières de la place, chacun est concerné dans la gestion de cette problématique. L’importance du transport d’hydrocarbures pour le développement national n’est point à démontrer. Il en est un des maillons essentiels, pour ne pas dire vitaux. Tout le monde a une idée de ce que représente le carburant, autrement appelé ‘’or noir’’, que nous utilisons dans la vie de tous les jours. Personne n’envisage ouvertement ou de gaieté de cœur que nous puissions en être sevrés, même un seul jour, à plus forte raison admettre qu’il va s’épuiser et même disparaître.
Disons-le tout de suite, de l’entendement de bien de citoyens, une telle éventualité préfigurerait tout simplement l’apocalypse, voire la fin du monde.
Mais, rassurons-nous, on n’en est pas là. C’est loin d’arriver et c’est loin d’être du catastrophisme servi à dessein! Il s’est agi simplement d’évoquer une probabilité que des chercheurs sont en train de valider à l’heure qu’il est.
On parle d’énergies renouvelables comme pour nous alerter que les sources d’extraction du pétrole ne sont pas intarissables. On nous ressasse des solutions de rechange : fragmentation de sous-sols, essais divers et pistes de recherche variées. Mais, tous ces substituts annoncés, jamais vulgarisés, pourront-ils suppléer ce liquide-miracle qui fait tourner nos machines, qui nous assure une infinité de commodités et agrémente notre vie de tous les jours ? Nous ne pouvons y répondre.
Voilà pourquoi nous pouvons prédire, sans risque de nous tromper, que chez nous, le transport d’hydrocarbures a encore de beaux jours devant lui. Le contexte s’y prête entièrement.
Pour être plus concret et sans rien affirmer qui ne soit connu, le transport chez nous est essentiellement routier. Ainsi donc, c’est par des camions citernes de toutes marques, capacités et qualités que les produits pétroliers sont dispatchés d’un bout à l’autre du territoire. Les transporteurs agréés par les sociétés pétrolières de la place ainsi que ceux que l’on appelle communément, ‘’indépendants’’, ‘’transporteur pour lui-même’’, et d’autres appellations encore, sont constamment présents sur le réseau routier. Si leur forte présence est un indicateur du niveau de développement économique atteint par le pays, il va sans dire que l’idée de risques qu’elle renferme n’est jamais loin. Une situation qui hante l’esprit de tous les familiers du secteur. Et à juste raison ! Comparé aux autres types de transport, les camions citernes sont d’un usage très sensible. Leur exploitation exige un professionnalisme à toute épreuve. On ne s’y improvise guère, on n’y vient pas en amateur ou en chercheur de profit. A défaut d’en tenir compte, les risques ne sont jamais loin. Ils sont énormes et guettent à la fois le chauffeur lui-même, le transporteur, la corporation et parfois même, plus grave, les populations.
Pour s’en prémunir, un éventail de dispositifs est à la portée des acteurs. Le socle de ces approches repose sur la prévention. Laquelle est garantie par une formation adéquate et continue, un contrôle permanent et rigoureux et une information et sensibilisation de large gamme, en direction des populations.
Les hydrocarbures sont des produits dangereux, puisque inflammables, explosifs, pollueurs et toxiques. Malheureusement, leur statut de liquide précieux attire toujours la foule à la recherche du gain. Les exemples en la matière sont nombreux. Partout où un camion citerne se renverse sur le territoire national, les populations accourent pour piller le produit. Il faut une intervention rapide des gendarmes pour leur barrer la route et éviter la ruée sur le carburant qu’on s’offre gratis, en self service.
Bien entendu que cela est dangereux, même très dangereux. Mais, que voulez-vous ? Sans leur trouver la moindre excuse pour leur geste de pilleur invétéré, posons-nous quand même les bonnes questions. Ces populations riveraines des zones d’incidents ou d’accidents de camions citernes, ont-elles seulement une once d’informations, d’éducation ou de sensibilisation sur le danger des produits pétroliers ? Savent-elles un tant soit peu, que la citerne sur laquelle elles se jettent à corps perdu, peut exploser la seconde d’après, entrainant du coup, leur mort subite et celle de tous ceux qui se trouvent à des centaines de mètres à la ronde ? La réponse est non !
Pour s’en convaincre, il suffit de tenir compte de tout ce qui se passe sur le terrain, après un accident de citerne. On voit arriver des dizaines, voire des centaines d’individus munis de récipients divers pour recueillir le précieux liquide. Bassines, bidons, fûts, cuvettes, bouilloires, tout est brandi, en fonction des moyens de collecte dont dispose le ‘’chasseur de carburant’’, de son agilité et de sa capacité physique à s’offrir la meilleure place pour se servir dans le désordre ambiant. Il arrive même que des altercations se produisent sur les lieux gardés par les gendarmes. Certains citoyens, mécontents de ne pouvoir siphonner le carburant s’en prennent carrément aux agents. Ils leur jettent des pierres et les abreuvent de mots pas faciles à répéter, que nous préférons ‘’emballer’’ du ‘’vernis‘’ que permet un euphémisme atténuant.
Un autre cas de figure peut survenir dans la gestion de cette liste de situations susceptibles de se produire. Pendant son roulage, un camion citerne peut avoir un ennui d’ordre technique qui provoque la fuite du produit transporté. Cela est observé le plus souvent au niveau de la citerne ou de la tuyauterie, notamment les vannes. Tout chauffeur qui constate ces faits est tenu de s’arrêter pour évaluer la situation.
Si la fuite se produit sur la citerne (au dessus ou sur les flancs), un kit d’environnement est disponible pour gérer la situation d’urgence jusqu’à l’arrivée des secours ou le retour du camion au parc pour la réparation définitive, obligatoire.
On cite parmi ces outillages, un marteau en bois appelé maillet, des clous également en bois et de la colle spéciale. Pour tout dire, le conducteur en panne dispose d’une panoplie d’outillages pour obturer un trou, colmater une brèche sur la citerne.
Par contre, si la fuite a lieu sur la tuyauterie en dessous (niveau des vannes ou des clapets de fond), le conducteur s’assure d’abord que toutes les procédures de fermeture sont respectées et qu’un manque d’étanchéité ou une fêlure quelconque n’est pas en cause.
Si son constat le convainc de son incapacité à intervenir, il lui est enjoint alors de mettre de l’eau si possible dans le compartiment qui coule à partir du trou d’homme correspondant, au dessus de la citerne. Le principe physique bien connu sur la densité des éléments, intervient ici pour expliquer la démarche. L’eau étant plus lourde que les principaux carburants transportés par les camions citernes chez nous, il suffit d’en verser une bonne quantité dans le compartiment qui coule pour la voir se déposer au fond. Ainsi, c’est elle qui va couler la première, avant le carburant qui surnage au dessus. Cela réduit de beaucoup la perte du produit qui, non seulement pollue mais prend feu également.
Des exercices de simulation pour une réponse efficace des transporteurs d’hydrocarbures en cas d’urgence
Se préparer à faire face efficacement à tout risque d’incendie ou de pollution est l’un des objectifs majeurs que se fixe tout transporteur d’hydrocarbures digne de ce nom. Surtout, ceux regroupés au sein de l’association professionnelle nationale qui évolue chez nous et qui sont en plus, régis par les mêmes règles strictes, en vigueur dans les sociétés pétrolières exerçant dans notre pays.
La mise en œuvre de ce processus de prévention des risques est progressive. Elle commence d’abord par le parc du transporteur avant de rayonner sur le monde extérieur. Ainsi prépare-t-il d’abord les personnels à l’interne de façon à ce que chacun, à quelque poste où il se trouve, soit apte à réagir correctement, en cas de danger.
C’est ainsi que BTO transport et logistique, dans la perspective de voir cette démarche utile rayonner sur l’ensemble des parcs de transport d’hydrocarbures de notre pays, a entrepris de la rendre effective chez lui depuis longtemps déjà. En sa qualité de vice-président du bureau national de l’association professionnelle des transporteurs d’hydrocarbures et assimilés, il s’est investi dans ce volet spécifique de formation au profit de son personnel dans un premier temps. Pour le réussir, il a souscrit un partenariat avec la direction de la protection civile.
Ainsi, cette année, c’est ce potentiel acquis qu’il veut partager avec ses homologues transporteurs. Le voilà qui, par effet d’entraînement, souhaite associer à la démonstration planifiée, les trois autres transporteurs évoluant dans la même sphère d’activités que lui. Le lieu retenu a été le rond-point de Bentourayah situé juste après le pont sur virage qu’on franchit avant les écoles militaires de Manéah.
Quatre transporteurs s’y sont donné rendez-vous, le samedi 15 février à 10 heures. L’exercice consistait à évaluer la réponse d’urgence donnée, suite à un écoulement de produit survenu sur une citerne de BTO, se rendant à l’intérieur du pays.
La réactivité des intervenants revêtus de leurs EPI au complet, la rapidité et la coordination de leurs gestes pendant l’opération ont démontré un niveau de professionnalisme appréciable chez ces éléments des divers parcs réunis pour l’occasion. æ
Non seulement la fuite a été définitivement arrêtée, mais le produit écoulé sur la chaussée a été nettoyé et entièrement récupéré en aval, à l’orée des habitations, dans des bacs d’environnement prévus à cet effet. Il sera traité plus tard par des moyens techniques adéquats à la disposition de la société pétrolière partenaire du transporteur.
Auparavant, le camion ne transportant qu’un seul produit, ce qui excluait tout risque de mélange, une motopompe a été utilisée pour transvaser le reste de carburant du compartiment qui fuit vers celui contigu. Tous ces gestes ont été exécutés sous les regards intéressés d’une foule séduite par la gestuelle coordonnée, rapide et efficace de l’intervention. Cette foule était malgré sa discipline remarquable, tenue à bonne distance des lieux, par un cordon sécuritaire, des triangles de pré signalisation, des cônes, une bande réflectorisée et des panneaux d’interdiction de fumer. Le risque étant double (pollution ou incendie), ces dispositifs étaient loin d’être excessifs. Sur le site, des extincteurs étaient également disposés, prêts à l’emploi.
Cette démonstration a eu un double effet. Les riverains ont davantage compris les dangers liés à la perte de carburant d’une citerne en panne ou accidentée. La sensibilisation entreprise par les équipes à leur endroit les a motivés au point d’en faire, sinon des ‘’amis’’, à tout le moins, des partenaires plus éclairés que la moyenne, sur lesquels on peut compter dans l’avenir, pour une meilleure compréhension et un soutien plus effectif, en cas d’évènement sur la route. En tout cas, ils ont promis de ne plus s’approcher d’un camion citerne en panne ou renversé et surtout de ne jamais participer à aucun pillage et d’en empêcher la commission par tous moyens légaux, en cas de perte de produit pour quelque raison que ce soit sur la route.
Enfin, une synergie d’action s’est établie presque spontanément entre les représentants de tous les parcs associés à l’évènement et qui évoluent au sein de la même société pétrolière. Tous ont pris l’engagement de fédérer dorénavant les efforts dans le sens d’une entraide mutuelle en cas de nécessité et de partager leurs expériences pour maintenir l’objectif de zéro incident, zéro accident dans leurs parcs respectifs.
Que voilà un bon début ! S’il est encouragé et soutenu, notre conviction est qu’il pourra augurer d’une réduction sensible des graves risques engendrés par les incidents ou accidents dont sont objets les camions citernes, de temps à autre, sur nos routes.
Et c’est tant mieux pour nous et pour notre pays !