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Transition : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué (Éditorial)

Le point de presse du Premier ministre Bah Oury, tenu vendredi dernier, a été une occasion pour le locataire du palais de la colombe, de faire avaler la pilule amère du glissement du calendrier de la transition, à l’opinion publique. L’homme n’y est pas allé de main morte, dans sa sortie crève-cœur, qui vient confirmer les soupçons sur les velléités de l’équipe dirigeante actuelle, de vouloir conduire à pas comptés, le processus devant mener à un retour à l’ordre constitutionnel. Si l’on en croit en tout cas le Premier ministre, le processus de refondation dont se targue le CNRD, n’aurait rien d’un vain mot. D’autant qu’il consiste à baliser la voie pour un développement harmonieux de la Guinée, sur 60 ans.

Cette sortie du Premier ministre n’a fait que lever le doute sur la capacité pour la junte d’être dans les clous du chronogramme de deux ans, fixé d’un commun accord avec la Cédéao, dans le cadre de la conduite du processus de transition à son terme. Il devient clair comme l’eau de roche, que la fin du processus, initialement prévue pour décembre 2024, a été remise aux calendes grecques.

Les forces vives qui s’attendaient à ce que la junte s’échine à bousculer le calendrier, pour débarrasser le plancher, dans le délai imparti, doivent stopper leur compte à rebours. Car dans le meilleur des cas, le pouvoir ne compte organiser que le référendum constitutionnel pour cette année.

Le Premier ministre n’aura fait que réitérer une annonce déjà faite par le chef de l’État dans son adresse à la nation du 31 décembre 2023.

L’idéal n’étant pas selon lui, de bâcler simplement la transition, comme par le passé, mais plutôt remettre les choses à l’endroit. Contrairement aux transitions précédentes, comme celle du CNDD, qui avait préféré cacher beaucoup de poussières sous le tapis, pour refiler la patate chaude à un gouvernement civil, élu dans des conditions douteuses.

Bah Oury a aussi insisté sur la mise en œuvre du ravec (recensement administratif à vocation d’état-civil), qui devra servir en quelque sorte de colonne vertébrale à la conception du fichier électoral.  

Des propos qui viennent dissiper tout espoir de voir poindre à l’horizon l’épilogue de la transition, tout en provoquant le raffut de tous les diables, notamment dans les rangs de l’opposition.

Dans le landerneau, où on se lâche sans filtre, on perçoit désormais Bah Oury, le politicien madré, passé de l’autre côté du miroir, comme une bonne pioche pour une junte qui veut prendre le contrepied du rasoir d’ockham, selon lequel « les solutions les plus simples sont toujours les meilleures ». En faisant plus compliqué.

Bah Oury serait donc celui qui est capable de dire à la classe politique ce qu’elle ne veut pas entendre. Jouant avec maestria le rôle de soutier, mieux que ces deux prédécesseurs, qui avaient du mal à franchir le Rubicon.

De quoi cimenter davantage le couple exécutif, constitué par le président et son Premier ministre. Et ouvrir des perspectives radieuses pour M. Bah Oury. Car comme l’a dit Charles De Gaulle, je cite : « Un Premier ministre, c’est fait pour durer et pour endurer ».

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