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Transition : la cinglante réplique du gouvernement guinéen à la CEDEAO (entretien)

Si la CEDEAO n’a pas manqué fermeté à l’égard de la junte guinéenne dans son communiqué au sortir du dernier sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement, le gouvernement de la transition n’est pas tendre non plus avec l’organisation sous-régionale.

C’est ce que nous retenons de l’entretien téléphonique accordé à Guinéenews par le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, pour la circonstance. Lisez !

Quelle est votre première impression à la lecture du communiqué de la CEDEAO ?

-Nous sommes déçus parce que la Guinée continue d’avancer au rythme de son peuple. Le CNRD et le gouvernement ont posé des actes qui sont de nature à aller dans le sens de la sortie de la transition. Ces actes sont pour l’instant très positifs et encourageants. Et la CEDEAO doit aussi comprendre qu’on n’évolue pas vers la démocratie sous le diktat. Il faut absolument que la CEDEAO comprenne la situation de la Guinée et ne pas considérer la Guinée comme un pays en guerre ou un pays en crise. Ce sont les crises qui ont abouti à la situation actuelle. Donc, il ne faut pas que la CEDEAO aussi, dans ses prises de position, renforce la méfiance entre les acteurs en Guinée. Ce qui est important, c’est que la CEDEAO doit être à l’écoute des institutions, à l’écoute des peuples. Ce qui n’a jamais été le cas. Ces dernières années, elle ne s’est pas distinguée par la (promotion de la) démocratie, elle ne s’est pas distinguée par les exigences en termes d’Etat de droits. Et il faut le dire, l’Etat guinéen travaille dans ce sens-là, sans aucune pression, sans aucune forme d’injonction. Et nous continuons à poser les actes avec un objectif ultime de finir la transition dans de très bonnes conditions et de permettre à la Guinée de tourner cette page et d’installer à sa tête, les gens que la majorité a choisis.

A vous entendre, on a l’impression que vous n’envisagez pas d’accéder aux différentes demandes formuler par la CEDEAO dont la finalisation du chronogramme au plus tard le 25 avril ?

-Non, cela n’engage que ceux qui ont parlé. La Guinée n’était pas représentée à cette réunion. Ceux qui ont donné ce calendrier-là, en sont responsables. La Guinée continue d’évoluer au rythme de son peuple et en tenant compte des impératifs de sa situation.

Que pensez-vous des sanctions économiques et financières brandies par l’organisation ?

-Tant mieux. Il y a déjà d’autres pays qui sont sous sanction. Le seul effet que cela représente, c’est d’asphyxier la population. Est-ce la mission de la CEDEAO de créer des conditions de précarité et de pauvreté pour les peuples de la sous-région ? Donc nous, nous continuons à travailler dans le sens et dans rythme dictés par le contexte de notre pays.

La CEDEAO vous demande aussi de renforcer l’inclusivité et le dialogue avec les acteurs politiques et de la société civile en vue de réduire les tensions dans le pays et assurer une transition apaisée…?

-La CEDEAO n’a pas besoin de dire cela. Parce que c’est ce qui se passe. Des échanges ont eu lieu dans l’objectif de préparer ce dialogue. Mais, on ne peut pas dialoguer dans n’importe quel contexte. Il faut absolument que la situation de ce pays puisse permettre à ce que les acteurs de toutes natures (politiques, de la société civile et institutionnels) puissent se retrouver avec un objectif que les résultats de ce dialogue puissent servir à quelque chose dans le sens du progrès de notre pays. L’essentiel n’est pas seulement de se mettre autour de la table et de bavarder. C’est qu’en se mettant autour de la table, qu’on soit disposé à accepter des compromis pour que la Guinée ressorte renforcée. C’est ce qui est important et c’est sur ce chemin que le gouvernement travaille.

Est-ce qu’on peut dire que le cadre de dialogue sollicité par la classe politique guinéenne et aussi par la CEDEAO est imminent ? Est-ce qu’on peut s’y attendre dans les semaines à venir ?

-Je n’en sais rien. La question, ce n’est pas le cadre de dialogue. Il a déjà été défini dans la charte de la transition. Donc, on n’a pas attendu la CEDEAO pour l’envisager. Maintenant, il faut que les conditions soient réunies pour la mise en œuvre. C’est sur ça que nous travaillons.

Mais, n’y a-t-il pas délai à propos ?

-Il n’y a que le contexte qui est impératif en réalité.

Entretien téléphonique réalisé par Thierno Souleymane Diallo

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