Site icon Guinéenews©

Transition : La Charte traduite en pular, les autres langues invitées à emboîter le pas

La Charte de la Transition a été promulguée le 27 septembre 2021 par le Colonel Mamadi Doumbouya. Cette loi fondamentale a été traduite en langue nationale pular pour permettre aux populations de bien comprendre son contenu. Les ONG qui font la promotion des langues nationales sont également invitées à traduire cette Charte dans au moins les autres langues codifiées que sont le soso, le maninka, le toma, le kissi et le kpèlèwo. 

« Nous avons traduit la Charte de la Transition entièrement en langue nationale pular. De 13 pages en français, nous sommes arrivés à 13 pages en pular du premier au dernier article. Nous l’avons fait pour des milliers d’alphabétisés, de milliers de pularophones qui sont à l’intérieur du pays», a souligné Mamadou Aguibou Sow, plus connu sous son nom littéraire « Mo Kuletee », membre de l’Association guinéenne pour la promotion de l’écriture e de la lecture des langues nationales (AGUIPELLN).

Avant la promulgation de la Charte de la Transition, le colonel Mamadi Doumbouya avait affirmé que désormais la Constitution et les textes de lois seront traduits dans les langues nationales. Mais malheureusement, constate Aguibou Sow, les langues nationales ne sont mentionnées nulle part dans la Charte : « Lors des concertations au palais du peuple, le président de la transition a dit que désormais la Constitution et les textes de lois seront traduits en langues nationales parce qu’il n’y a pas que le français dans notre pays.  Malheureusement, on a constaté dans la Charte, qu’aucun article ne parle des langues nationales et on a constaté que même la langue officielle du pays dans la Charte reste et demeure encore le français. On n’a pas de problème pour cela, mais on aurait souhaité voir dans la même Charte que les langues nationales officielles et telles autres en citant ne se serait-ce que les langues qui ont dépassé les tailles critiques ou qui sont codifiées dans le système éducatif lorsque nous étions sous la première République. Donc cela nous a amenés à vouloir faire le premier pas pour montrer que c’est possible. »

Mo Kuletee souhaite que le Conseil national de la Transition (CNT) mette dans la future Constitution, qu’il va rédiger, la question des langues nationales: « Il serait nécessaire de mettre dans la prochaine Constitution la question des langues nationales. Il faudrait, comme certaines Constitutions, qu’on nous offre un statut juridique, c’est-à-dire que les langues guinéennes se retrouvent dans la Constitution. En Afrique du Sud on vous dira qu’il y a onze langues officielles, au Nigéria on va vous dire que la langue officielle c’est l’anglais et la langue de la région. Et en Guinée, la langue officielle c’est le français. »

Revenant sur le fait que de nombreux intellectuels refusent de parler en langues nationales par peur d’être taxés d’ethno, il soutient que cela n’est qu’un complexe : « Si je fais l’autopsie des langues guinéennes, je vais dire que c’est catastrophique, parce que le plus malade dans ces langues là c’est le groupe des intellectuels. Ce sont eux-mêmes qui refusent, parfois par complexe d’infériorité ou par refus de soi-même de parler les langues nationales. On a tendance à dire que je ne peux pas parler en pular, je ne peux pas parler en maninka ou en soso. C’est en quelque sorte une guerre entre soi-même, on se dit que si je parle en pular ou en maninka on va me traiter d’ethno. Mais on n’a jamais dit à Victor Hugo qu’il est ethno parce qu’il parle en français. On n’a jamais dit à Marwane qu’il est ethno parce qu’il parle en arabe. Donc c’est à nous de faire cette promotionCela entre dans le cadre de la sensibilisation. »

La traduction de la Charte en langue nationale peut profiter même à celui qui n’a pas été alphabétisé, car il lui suffit que quelqu’un lui lise le texte pour le comprendre : « Lorsque nous traduisons cette Charte-là, on se dit qu’il faut penser aux milliers de Guinéens qui ont été alphabétisés ou peut-être même s’ils ne sont pas alphabétisés, si quelqu’un peut leur lire la Charte dans leur langue, ils comprennent mieux le texte que si on le leur avait lu en français. »

Mamadou Aguibou Sow invite les autres associations qui font la promotion des langues nationales à traduire cette Charte dans les langues nationales ou notamment dans celles qui avaient été codifiées pour l’éducation au temps de la Ière République. Il s’agit, en plus du pular, le maninka, le soso, le toma, le kpèlèwo et le kissi.

Lire la Charte de la transition 

Quitter la version mobile