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TPI de Dixinn : une sage-femme, une douanière retraitée et une couturière jugées pour enlèvement d’enfant  

Foulématou Kaba, M’mah Sylla et Aminata Cissé ont comparu ce mardi 17 octobre 2023 devant le tribunal correctionnel de Dixinn. Il est reproché à ces trois dames d’avoir participé à l’enlèvement d’un nouveau-né à Conakry.

A la barre, chacune des prévenues a rejeté les accusations portées contre elle. 

Foulematou Kaba, douanière à la retraite, a indiqué que c’était une nuit quand madame Sounkaro Camara est venue lui signaler qu’elle est malade. « J’ai connu son mari (qui est décédé). Donc, j’ai déplacé un taxi, on est parti chez la sage-femme. Elle devait accoucher soit la nuit ou le matin. Elle a finalement accouché la nuit. Maintenant, comme elle était souffrante, j’ai pris le bébé et je l’ai confié à ma nièce Aminata Cissé. Le lendemain, très tôt, je suis partie à Coyah. Au retour de Coyah, j’ai vu ma cour envahie par des gens et on me dit que j’ai volé un bébé. Ils ne m’ont même pas laissé le temps de m’expliquer, ils m’ont embarquée pour la police », a-t-elle expliqué. 

Après cette brève explication, le juge chargé de l’affaire a posé la question suivante à l’accusé : « est-ce que vous ne lui avez pas exhibé une photo en lui disant qu’elle ne reverrait plus son enfant puisque le bébé est mort-né ? »  A cette question, la douanière à la retraite a répondu en disant qu’elle ne s’en souvenait pas. 

Prenant la parole, le substitut du procureur a indiqué que M’mah Sylla (la sage-femme) a déclaré avoir reçu une somme de 300 dollars de Foulematou. Une fois interpellée, elle a finalement montré où se trouvait l’enfant. Poursuivant, le ministère public a également déclaré qu’il y a des photos d’un enfant mort-né déversées dans le dossier.

En réplique à ces propos du procureur, l’accusée a indiqué que la photo en question est celle d’un enfant mal formé qu’elle gardait dans son téléphone bien avant l’accouchement de Sounkaro. « La sage-femme m’a dit qu’il y a un enfant qui est né déformé et elle avait transféré sa photo dans mon téléphone. L’argent que je lui ai donné, c’est en guise de récompense. Puisque c’est elle qui s’est occupée de l’accouchement », a-t-elle répliqué.

A son tour à la barre, M’mah Sylla, la sage-femme poursuivie pour complicité d’enlèvement a déclaré : « comme j’ai l’habitude de suivre les membres de sa famille (à la douanière), elle m’a appelé qu’il y a une femme qui est souffrante. Cette femme, je l’avais suivie avant son accouchement. Et j’ai suivi le processus jusqu’à l’accouchement à 20h 3’. Comme elle n’allait pas bien, j’ai remis l’enfant à la dame Foulématou. La femme est restée chez moi afin de se retrouver. Quelques jours après, les OPJ m’ont appelée pour cette histoire… Je ne sais rien de l’enlèvement.»

Aminata Cissé, une couturière poursuivie pour recel de l’enfant enlevé, reconnaît avoir gardé l’enfant pendant un moment. Mais, elle a indiqué qu’elle ne savait pas qu’il s’agissait d’un enfant volé. « C’est ma tante qui m’a appelé de venir la trouver à la clinique Yimbaya. Une fois-là, elle m’a dit de prendre l’enfant parce que la mère ne se portait pas bien. Elle m’a même donné de l’argent pour acheter du lait pour le bébé. Elle m’a aussi  dit qu’elle devait se rendre à Coyah. C’est pourquoi j’ai pris bébé et je l’ai envoyé chez moi à Lambanyi pour m’occuper de lui », a-t-elle dit.

Au terme des dépositions des accusées, le procureur a demandé un renvoi de deux semaines pour la comparution de la partie civile et la suite des débats. Mais les avocats de la défense s’y sont opposés. Puisque, disent-ils, il n’y a pas de partie civile dans cette affaire. Selon eux, elle aurait désisté. Poursuivant, ces avocats ont plutôt sollicité un renvoi d’une semaine et une liberté provisoire pour leurs clientes. Ils seront écoutés par le juge qui, a ordonné la liberté provisoire pour les accusées et renvoyé l’affaire au 23 octobre pour la suite des débats. « Nous savons dans quelle condition l’enfant a été retrouvé et le trouble que cela a créé. Nous n’avons pas dit notre dernier mot dans cette affaire, nous avons des actes à poser pour la manifestation de la vérité. La partie civile doit comparaître, des témoins doivent comparaître. Nous nous opposons à cette décision », a réagi le représentant du ministère public à cette décision.

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